Le budget de la part collective du pass Culture est gelé à 50 millions d'euros jusqu'en juin 2025. 22 millions d'euros seront disponibles de septembre à décembre 2025. La nouvelle est difficilement acceptée, que ce soit par les acteurs pédagogiques que culturels comme le FICA, festival des cinémas d'Asie.
Le Pass Culture compte une part individuelle et une part collective. Cette dernière est attribuée aux collèges et aux lycées pour les élèves de la 6e à la terminale. Elle est destinée à financer des activités d'éducation artistique et culturelle (EAC) dans le cadre scolaire.
L’annonce est tombée comme un couperet : le budget de la part collective du pass Culture est gelé à 50 millions d’euros pour l’année scolaire 2025. 22 millions seront de nouveau disponibles pour le premier trimestre de l’année prochaine (de septembre à décembre). Soit 72 millions sur la totalité de l’année calendaire. À ce jour, il est estimé que 40 millions d’euros sont déjà engagés, laissant donc une part de 10 millions. Une fois ce budget dépensé, il ne sera plus possible d’effectuer des réservations.
"Un couteau sous la gorge"
Une nouvelle dure à encaisser. À une semaine du début du 31e Fica (Festival international des cinémas d’Asie) de Vesoul en Haute-Saône, Martine et Jean-Marc Thérouanne apprennent avec stupeur cette décision. "On peut comprendre qu’à un moment, on dise qu’il y a moins d’argent, on est apte à l’entendre, précise Martine Thérouanne. Ce qui pose problème, c’est qu’on laisse 24h à tous les acteurs concernés (structures culturelles et établissements scolaires), pour valider et essayer de limiter les dégâts."
Pour la directrice du Fica, ce qui est "dramatique" est de "mettre en péril des actions pédagogiques qui ont été menées depuis plusieurs mois". La surprise est bel et bien dans le fait que le budget de 50 millions soit gelé jusqu’en juin. "On n’a pas eu d’alerte avant. Pour une manifestation comme la nôtre qui commence dans une semaine, il n’est plus temps pour les établissements de trouver d’autres sources de financement. C’est cela que l’on dénonce, ce couteau sous la gorge", ajoute-t-elle.
"On a le sentiment d’être maltraités par l’administration"
Elle prend l’exemple du lycée Jules Haag de Besançon, qui travaille depuis de nombreux mois sur Jia Zhang-ke, réalisateur chinois et membre du jury. "S’ils ne peuvent pas valider sur le logiciel, ils ne pourront pas venir. On a le sentiment d’être maltraités par l’administration." Pour le couple, anciens professeurs des écoles, la question n’est pas celle de la fréquentation. "Notre ADN, c’est de transmettre aux jeunes le goût du cinéma, le cinéma que l’on partage, le cinéma sur grand écran. C’est une forme de mépris pour le travail qui est fait et qui n’est pas mis en avant. C’est vraiment cela qui me chagrine", dénonce Martine Thérouanne avant d’ajouter : "L’accès à la culture est vital. On n’arrête pas de se plaindre que les jeunes sont sur leur téléphone, à scroller TikTok, et là, on leur supprime cette opportunité exceptionnelle. C’est terrible."
L’académie de Besançon précise que depuis 2022 et l’instauration de la part collective du pass Culture, le ministère de l’Éducation nationale a déployé des moyens inédits pour permettre aux enseignants de mener des actions et des projets d’éducation artistique et culturelle. Les crédits dédiés à ce dispositif sont ainsi passés de 14 millions en 2022 à 62 millions en 2024. Pour cette année 2024/2025, 72 millions sont disponibles pour l’année calendaire, jusqu’en décembre 2025. L’académie de Besançon ajoute que depuis le début de l’année scolaire 2024-2025, 63 % des élèves ont déjà bénéficié d’une action financée par la part collective du pass Culture dans 94 % des collèges et des lycées, au niveau national.
La part individuelle du Pass, financée par le ministère de la Culture, elle n'est pas concernée par ces réglages budgétaires. Elle permet aux jeunes entre 15 et 18 ans de profiter d'un crédit pour accéder à des offres culturelles.