Samedi 1ᵉʳ février, le président des USA Donald Trump a mis en place une taxe de 25 % sur les produits importés du Mexique et du Canada. Après cette décision, le géant automobile Stellantis a lourdement chuté en bourse. Avec de probables futures taxes sur les produits européens, les usines Stellantis de Franche-Comté sont-elles en danger ?
Il a finalement joint les actes à la parole, et c'est le secteur automobile qui trinque. Samedi 1ᵉʳ février 2025, le nouveau président des États-Unis, Donald Trump, a mis ses menaces à exécution en signant trois décrets instaurant des nouveaux droits de douane pour les produits venant de Chine, du Canada, et du Mexique.
Conséquence directe de cet acte, les places boursières se sont affolées, notamment dans le secteur automobile, directement impacté par ces décisions. Ainsi, l'action du groupe Stellantis a chuté de plus de 7 % à la Bourse de Paris ce lundi 3 février, plaçant le constructeur automobile à la place de lanterne rouge du CAC 40. Mais pourquoi cela ? Et cela risque-t-il d'avoir des conséquences sur les usines françaises de Stellantis, dont celles établies en Franche-Comté ? On vous répond.
Pourquoi Stellantis est-elle impactée ?
C'est la question que l'on peut se poser de prime abord. Pourquoi le groupe Stellantis a-t-il été si vite et surtout, si fortement touché par ces nouveaux droits de douane ? Tout simplement, car l'entreprise anciennement dirigée par Carlos Tavares, méga structure mondiale composée de 15 marques automobiles comme Fiat, Chrysler, Citroën, Peugeot, est enracinée aussi bien en Europe qu'aux USA.
Bonne nouvelle, me diriez-vous, car le Vieux Continent n'est pas (encore) soumis à de nouvelles taxes, et Donald Trump ne se risquerait pas à plomber la production des marchandises produites sur son sol. Eh bien, détrompez-vous.
En effet, Stellantis sera fortement pénalisé car une grande partie de ses voitures vendues aux USA sont fabriquées sur les sols mexicains ou canadiens, ou utilisent des pièces venues de ces deux pays (40 % selon l'entreprise de gestion d'actifs Alliance Bernstein).
Une note de la Royal Bank of Canada produite ce 3 février estime ainsi que sur les 5,3 millions de véhicules produits au Mexique et au Canada à l'année, 70% est destinée au marché états-unien.
Vous l'aurez compris, ces nouveaux droits de douane de 25 % impacteraient directement les coûts de production de Stellantis, jusqu'à impacter sa rentabilité et ses bénéfices. Pour remédier à cette situation, l'entreprise a déjà prévu des changements dans sa stratégie. Avec une première tendance : l'augmentation de ses investissements et de ses unités de production sur le territoire américain, pour ne plus être soumis aux taxes.
Cette situation aura-t-elle des conséquences sur les usines en Franche-Comté par exemple ?
Dans les prochains jours, probablement pas. Ce sont les usines implantées sur le continent américain qui seront les premières impactées, avec peu de conséquences sur leurs jumelles européennes, comme celles de Vesoul (Haute-Saône) et Sochaux (Doubs) en Franche-Comté.
Malgré tout, la "guerre commerciale" lancée par Donald Trump à grands coups de droits de douane, pourrait, après le Mexique et le Canada, s'étendre à l'Europe. C'est en tout cas ce qu'avait promis le président américain, qui avait assuré que l'Union européenne serait "certainement imposée".
De quoi faire frémir les salariés comtois ? "Pas tellement" assure Jean-Paul Guy, délégué syndical CFTC à Stellantis Vesoul en Haute-Saône. "La politique de l'entreprise, c'est de vendre là où on produit".
Ce qu'on fait en Franche-Comté, on le vend en Europe et pas aux USA, donc les taxes ne mettront pas aux dangers nos emplois directement.
Jean-Paul Guy,délégué syndical CFTC à l'usine Stellantis de Vesoul
"Par contre, des taxes sur les produits exportés par l'UE pourraient affaiblir le pouvoir d'achat des ménages, ce qui ne les inciteraient pas à acheter des nouvelles voitures" conclut le syndicaliste. Alors, taxe contre l'UE ou non ? Si l'alarme ne résonne pas encore dans les ateliers comtois des usines Stellantis, chacun sera tout de même attentif au déroulé des prochains jours du côté de la Maison-Blanche.
À noter que dans le milieu automobile, Stellantis n'a pas été la seule entreprise à souffrir de ces droits de douane. À la Bourse de Paris, Renault, qui n'est pas sur le marché américain, n'a perdu que 0,8% mais à Francfort, le cours de l'action de Volkswagen a baissé de 6,6%, BMW de 4,4% et Mercedes-Benz de 4,8%. À Wall Street, General Motors a chuté de 6,2% et Ford a perdu 4%.