Chauffeurs privés, secrétaires... Plus d'un million d'euros d'argent public pour les anciens Premiers ministres : "il faut stopper cette dérive"

Le 22 novembre 2024, la députée (LR) de la 2ᵉ circonscription du Jura, Marie-Christine Dalloz, a publié un rapport dans lequel elle pointe du doigt les dépenses liées aux avantages des anciens Premiers ministres. Celles-ci augmentent et se chiffrent en effet à 1,4 million d'euros en 2023, alors que les finances du pays inquiètent.

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Depuis quelques jours, c'est un rapport qui fait beaucoup parler. Le 22 novembre dernier, la députée Les Républicains (LR) de la 2ᵉ circonscription du Jura, Marie-Christine Dalloz, déposait son rapport spécial consacré à la "direction de l'action du gouvernement", notamment sur les dépenses liées aux avantages accordées aux anciens premiers ministres.

Au fil des pages, un constat se dégage : alors que le gouvernement alerte sur l'état inquiétant des finances du pays, les anciens premiers ministres de la République française augmentent quant à eux leurs dépenses. En 2023, celles-ci se sont élevées 1,423 million d’euros. Une augmentation de 11 % par rapport à 2022.

Pour bien comprendre ces chiffres, il faut savoir qu'en France, chaque Premier ministre se voit accorder par l'État la possibilité de faire appel à un chauffeur privé et à du personnel utilisé pour des missions de secrétariat. Ce sont ces dépenses qui sont concernées par le rapport de Marie-Christine Dalloz. À cela s'ajoutent des frais de sécurité, mais qui ne rentrent pas dans ce rapport, car couverts par le ministère de l'Intérieur.

"Une affaire de confort personnel"

"Pour moi, nous sommes ici sur une dérive" explique Marie-Christine Dalloz. "Cela fait se poser des questions sur la gestion de l'argent public. Lorsqu'on est actif en politique, passe encore. Mais quand vous avez été Premier ministre quelques mois et que vous êtes à la retraite, ça devient une affaire de confort personnel".

On met à contribution les retraités, les entreprises, les ménages, dans une logique d'économie pour le budget du pays. Pas question qu'on ne regarde pas la situation des anciens Premiers ministres. C'est une question de symbolique, d'honnêteté envers nos concitoyens, et de clarté.

Marie-Christine Dalloz,

députée (LR) de la 2e circonscription du Jura

Dans le détail, le plus dépensier selon ce rapport est le Premier ministre socialise Bernard Cazeneuve, à la tête du gouvernement pendant six mois (décembre 2016 - mai 2017). Il a dépensé 218 937 euros en 2022, et 201 387 euros en 2023. Soit une augmentation de 5% depuis 2019.

259 % d'augmentation pour Manuel Valls entre 2022 et 2023

Derrière lui, Dominique de Villepin (197 540 euros en 2023), Premier ministre LR de 2005 à 2007, et Jean-Pierre Raffarin (167 467 euros en 2023), à Matignon de 2002 à 2005, complètent ce podium. À noter la forte hausse du montant des frais de Manuel Valls. De 2022 à 2023, ces dépenses ont explosé avec 259 % d'augmentation (de 39 682 euros à 142 599). Une hausse de 52 % par rapport à 2019.

Ce rapport et ces chiffres ont fait des émules. La presse française a largement relayé ces informations et le retentissement médiatique a même traversé l'Atlantique, puisque le prestigieux New York Times a lui aussi accordé un article à cette thématique.

Jamais je n'aurais cru figurer un jour dans le Times. Mais ça prouve que cette thématique intéresse nos concitoyens, en dehors de nos frontières. Nous nous devons d'être exemplaires.

Marie-Christine Dalloz,

députée de la 2e circonscription du Jura

Populisme ou juste dénonciation ?

Quelle réponse du côté des anciens chefs de gouvernement ? Manuel Valls, Premier ministre socialiste, en poste de mars 2014 à décembre 2016, s'est ainsi fendu d'un post sur le réseau social Facebook en réaction à ces chiffres.

"Je bénéficie donc d’un véhicule de fonction et de deux chauffeurs qui se relaient chaque semaine" indique-t-il. "Je ne les choisis pas et je n’ai pas mon mot à dire sur leurs salaires".

Je ne gère pas directement une enveloppe et je ne bénéficie que d’équivalents temps plein et d’un véhicule de fonction pris en charge par les services du Premier ministre et du ministère de l’Intérieur.

Manuel Valls,

ancien premier ministre

"Les dépenses sont donc liées aux salaires des fonctionnaires et de ma collaboratrice mis à mon service" ajoute Manuel Valls. "J'entends ces justifications" lui répond Marie-Christine Dalloz. "Les hommes politiques cités dans l'article n'étaient pas contents. Beaucoup m'ont appelé, en colère, pour me dire que ce rapport, c'était de la démagogie, du populisme. Mais ces avantages ne sont optionnels. Ils pourraient très bien s'en passer".

Barnier et Retailleau s'emparent du sujet

La députée du Jura demande donc dans son rapport que "les anciens Premiers ministres concernés par les fortes augmentations relevées soient davantage mesurés dans leurs dépenses". Elle propose comme solution "l'arrêt de ce système à vie de voiture avec chauffeur".

C'est aussi l'avis de Michel Barnier. L'actuel Premier ministre s'est exprimé sur le sujet mardi 26 novembre, lors du JT de TF1. Alors qu'il abordait les problématiques du budget de l'État et les efforts demandés aux citoyens français, le chef du gouvernement a invité ses prédécesseurs "à réduire leurs dépenses". Deux jours plus tard, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a proposé un projet de réforme de la protection policière des anciens ministres ou responsables politique, pour réduire les coûts.

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