Le plongeoir implanté à Clairvaux-les-Lacs (Jura) va être démonté. La décision a été prise par la maire, le 9 juin dernier. Elle invoque la sécurité, mais aussi des préconisations des deux derniers préfets du département. Dans la commune, certains ont lancé une pétition et la protestation prend de l'ampleur.
La fin des ploufs et le début du clash ! À Clairvaux-les-Lacs, la colère monte contre la décision de détruire le plongeoir implanté sur le lac de la commune de 1.500 habitants. Depuis le 9 juin, des plongeurs remontés, fans de cette étendue d'eau turquoise peu profonde et bordée de multiples campings veulent se faire entendre. Le dimanche 26 juin, ils organisent un pique-nique sur la plage voisine et en parallèle, une pétition a été lancée.
Résistance contre la démolition d’un « symbole »
« C’est un symbole du village qui a été construit y a 75 ans. Il réunifie les Clairvaliens quels qu’ils soient. Quand j’étais adolescent, enfant, on passait des journées au lac sans jamais avoir de problème particulier », se souvient Philippe. Aujourd’hui, cet habitant né il y a 55 ans à Clairvaux-les-Lacs (Jura) est amer.
« Le 5 mai, il y a eu une réunion publique à l’initiative de la mairie. Il avait été conclu qu’aucune décision n’était prise, que la réflexion continue et qu’une commission de travail à laquelle tout citoyen peut associer serait créée. On réclame que cette commission soit mise en place : l’engagement n’est pas tenu. Sans compter qu’après le conseil municipal du 9 juin dernier, la maire a décidé du démontage de la structure. La maire l’a décidé au cours d’une réunion privée, après ce conseil. Il n’y a pas de solution de sauvegarde mais plutôt de destruction », tonne le formateur-conseil.
Dès lors, la fronde s’organise dans cette commune du Jura. « J’ai lancé une pétition le 11 juin. Nous avons fait du porte-à-porte et nous avons déposé aussi la pétition chez les commerçants qui le souhaitaient. 90% d’entre eux ont dit oui. C'est plutôt rare : ils auraient surement été plus réticents s’il s’agissait d’une action contre la mairie. Les touristes signent aussi. Nous nous sommes réunis aussi en collectif citoyen quatre jours plus tard, et la réunion a attiré une quinzaine de personnes de tous bords politiques ».
Pour Philippe et le collectif, il ne s'agit pas d'une action hostile à l'équipe municipale. « On n’est pas dans la politique, on veut agir pour le village et la sauvegarde du patrimoine. Cette protestation n’est pas dirigée contre la maire, ni contre la municipalité, mais bien contre la décision de destruction du plongeoir. Ça aurait été la municipalité précédente ou suivante, ça aurait été la même chose », complète Philippe.
Une destruction justifiée par la sécurité selon la mairie
La mairie indique avoir du mal à croire ces dernières affirmations. « Il y a des opposants qui se fichent du règlement, qui sont dans le sentimental et l’affectif. Ils ont déposé leur pétition dans les boites aux lettres, sous couvert d’une association. Or, une association n’a pas le droit d’aller à l’encontre d’une décision municipale et qui plus est pour des raisons de sécurité. Ce sont des gens hors-la-loi et cette affaire prend des proportions ridicules. J’ai reçu des menaces de mort, certains opposants ont agressé verbalement des conseillers municipaux et des adjoints. J’ai dû déposer plainte, mardi 22 juin, contre l’auteur d’un de ces actes », indique Hélène Morel-Bailly.
La maire (sans étiquette) de Clairvaux-les-Lacs n'en démord pas. Elle se fonde sur des raisons de sécurité pour justifier le démontage du vieux plongeoir. « Des accidents graves sont déjà arrivés les années précédentes. Il y a eu une cage thoracique enfoncée et une vertèbre cervicale brisée en 2020. Ce n’est pas de la “bobologie”, ni des piqûres de guêpes comme le clament les opposants. Ce sont quelques-unes des raisons qui font que j’ai décidé le démontage du plongeoir », ajoute l'élue.
D’après la responsable de la commune, le niveau de risque est au plus haut. « Le plongeoir était déjà fermé depuis 2 ans, mais il y a énormément de personnes qui bravent l’interdit et escaladent la structure. Elle n’est pas entretenue depuis 75 ans et elle est frappée par la corrosion, sans compter le fait que la jetée bétonnée est cassée. L’ancien préfet du Jura et celui actuellement en poste m’ont indiqué que le plongeoir n’est pas aux normes et qu’il n’a plus lieu d’être à cet endroit. Les pompiers m’ont aussi appelée pour signaler qu’il est dangereux », complète-t-elle.
La question de la responsabilité pénale en cas d’accident inquiète aussi Hélène Morel-Bailly : « Si jamais il y a un mort demain, c’est moi que l’on viendra chercher avec les menottes ». Celle qui dirige le conseil municipal plaide donc pour un remplacement de ce plongeoir. « C’est un élément d’attractivité de la plage, mais on ne doit pas avoir de structures dangereuses pour les usagers. J’aimerais qu’il soit remplacé par d’autres projets qui soient dans les normes ».
Quelle que soit la décision de la maire, les habitants mobilisés projettent de demander rendez-vous à la maire. Ils comptent lui remettre la pétition qui a déjà recueilli près d'un millier de signatures, en personne, quelques jours après le pique-nique.