Jura : plus de 60 personnes licenciées chez le lunetier L’Amy, dont une trentaine à Morez

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Écrit par Sophie Hienard

Sur sa demande, L’Amy avait été placé en redressement judiciaire depuis le 2 juin. Les difficultés financières de l’entreprise morézienne se sont aggravées après le confinement.

Rentrée difficile pour le lunetier L’Amy. En ce mercredi 9 septembre, les courriers de licenciement sont arrivées dans la boîte aux lettres d’une soixantaine d’employés : la moitié à Paris, et l’autre à Morez dans le Jura. Sur les 122 employés, c’est donc la moitié des effectifs de la société morézienne qui a dû prendre la porte.



La plupart d'entre eux était déjà en chômage partiel, et ont eu vent de la nouvelle avant les vacances. Une dizaine de licenciements sont des départs volontaires : des personnes proches de la retraite qui ne seront pas remplacés ou d'autres changent de voie. Les décisions ont été prises dans le cadre du plan de redressement.

 

Tristesse, colère et espoir

Corinne Bugnet travaillait depuis 2003 pour L’Amy. A 53 ans, cette employée s’est portée volontaire pour le plan de départ, pour peut-être se reconvertir dans un autre secteur. Entre tristesse, colère et espoir pour ses camarades, ses sentiments sont mêlés. D’après elle, L’Amy avait tout, « tout pour réussir. Ça fait deux cents ans qu’elle existe, il y a des compétences, des gens motivés », reprend la quinquagénaire.



« Je suis un peu triste pour tous ces gens licenciés qui ont beaucoup donné pendant de nombreuses années », raconte Corinne Bugnet. Si, d’après elle, le groupe L’Amy cherche un repreneur, et affiche une bonne volonté, l’ancienne salariée souhaite voir des nouvelles embauches, au moins pour reprendre ses collègues licenciés.

Une perte de savoir-faire

« C’est le fruit de stratégies industrielles désastreuses sur le département sur la question de la lunetterie », explique Richard Dhivers, secrétaire général de la CGT Jura. A l’opposé des lunetiers italiens qui se sont rassemblés pour sauver la filière, ceux en Franche-Comté auraient décidé de se la jouer chacun pour soi, d’après le représentant syndical : « chacun a voulu tirer la couverture à soi, et on en voit les résultats en termes de développement économique et de débouchés sur la filière. »



Ces licenciements laissent une impression de déjà-vu dans ce bassin industriel. Certains salariés de L’Amy venaient de Logo, un lunetier de Morez qui a disparu en 2016. Les plans sociaux font alors craindre une perte de savoir-faire local. « Ce n’est pas possible qu’on continue de fabriquer en Chine, des produits qui sont achetés en France », s’insurge Richard Dhivers, qui plaide pour une relocalisation des emplois.

2020, une année rude pour L'Amy

Le 2 juin, le lunetier jurassien a été mis en redressement judiciaire, par le tribunal de commerce de Lons-le-Saunier. Car l’entreprise connaît des difficultés financières depuis plusieurs années. En 2019, la société de Morez a enregistré une perte de 35% de son chiffre d’affaire, par rapport à l’année précédente. Des ventes en moins que Dominique Alba, le PDG de L’Amy, expliquait par un contexte social tendu, dans un article de France 3 Franche-Comté, daté du 2 juin 2020 :

 

« Le mouvement des gilets jaunes a contraint de nombreux opticiens à fermer leurs boutiques les samedis : des clients et des ventes en moins. »

Dominique Alba, PDG de L'Amy

                                                                                                                                        

Les perspectives pouvaient s’annoncer plus réjouissantes en 2020, mais l'année a été rude. En janvier, aucune commande n’a été passée. En cause : un problème informatique sur le remboursement à 100% des lunettes. Puis, la crise sanitaire n’a pas épargné l’entreprise. Même à l’international, les clients au Moyen-Orient et aux Etats-Unis ont préféré limiter leurs échanges, conduisant ainsi l’entreprise à se placer en redressement judiciaire.

 

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