Deux études publiques présentées le 2 décembre 2024, ont rappelé la survie fragile du lynx boréal sur le territoire français. Mixage génétique, anti-braconnage... La préfecture de Bourgogne-Franche-Comté s'engage à investir certaines pistes pour préserver l'espèce.
Le constat n'est pas nouveau, mais la réponse encourageante. Lundi 2 décembre, l'Office français de la biodiversité (OFB) et le Muséum national d'histoire naturelle ont rendu leurs conclusions sur le lynx boréal.
Commanditées par le ministère de la Transition écologique, ces deux études rappellent que le félin reste menacé sur son lieu de vie. En réaction, la préfecture de Bourgogne-Franche-Comté, région mère de l'espèce en France, s'est engagée à suivre un plan de préservation spécifique.
1 chance sur 5 d'extinction dans 100 ans
Directeur du Centre Athénas, unique structure française de soin et de réhabilitation du lynx, Gilles Moyne se félicite. Car si l'espèce n'a jamais été hors de danger depuis sa réintroduction en France dans les années 1970, les autorités publiques ont tardé à s'emparer du sujet.
Cette fois, les deux études en question avancent une projection, lointaine certes, mais tout de même inquiétante. "Les auteurs estiment ainsi qu’à l’horizon 2130, dans la continuité des dynamiques actuellement observées, la population française de lynx boréal se trouvera exposée à un risque d’extinction d’une chance sur cinq", reprend la préfecture dans un communiqué.
Dans la mesure où 80% de ces mammifères vivent dans le Jura, la Bourgogne-Franche-Comté a logiquement été désignée coordinatrice du premier Plan national d'action (PNA) en faveur du lynx, lancé en 2022. Dans son communiqué, la préfecture de région privilégie trois pistes de préservation.
Circulation, anti-braconnage et mixage génétique
L’amélioration des connectivités de l’habitat du lynx boréal, d'abord. Ou ce que Gilles Moyne appelle "les corridors écologiques". Ils consistent en des aménagements (passage à faune, signalisation, réfection de clôture) favorisant la circulation des félins pour éviter l'isolement des noyaux de population.
La lutte contre "les destructions illégales" de lynx, ensuite. Car le braconnage est une cause de mortalité importante de l'espèce. Les destructions légales (les collisions automobiles) en sont une autre, rappelle Gilles Moyne, dont la structure plaide pour une baisse de la vitesse de circulation automobile (soit un retour de la vitesse maximale à 80 km/h sur les tronçons repassés à 90).
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Pour finir, le mixage génétique. La dépression de consanguinité menace en effet le lynx boréal. Dans cette optique, la rencontre avec d'autres espèces, comme le lynx ibérique d'Espagne pourrait "redynamiser la population", vulgarise Gilles Moyne. Suggestion complémentaire du spécialiste : des échanges d'orphelins entre espèces, avec l'avantage de ne pas augmenter numériquement les populations tout en favorisant leur diversité génétique.