Un couple de retraités du Jura a perdu l'entièreté de son troupeau de daims. Ils ont été mortellement mordus par des chiens, les 10 et 24 janvier 2025. Filmés à l'occasion de la deuxième attaque, les canidés sont recherchés par la gendarmerie.
Ils ont d'abord perdu neuf daims, le 10 janvier. Au petit matin, un couple de retraités, résidents de Chapelle-Voland dans le Jura, découvre avec stupeur que la moitié de leur troupeau a été tuée. Ils pensent instinctivement à l'attaque d'un loup, mais les agents de l'Office français de la biodiversité (OFB), venus faire les constatations sur place, donnent un avis différent.
Les daims n'ont pas été mangés, mordus seulement. "Ils ont fait des dissections. Certains avaient la trachée-artère percée, d’autres étaient complètement éventrés. Ils en ont conclu que ce n’étaient pas des loups, mais des chiens", raconte Jacques Robeley, propriétaire de l'élevage et ancien maire du village de 626 habitants.
Une seconde attaque
Pour en avoir le cœur net, l'OFB installe une caméra dans ce parc animalier privé et prend soin d'accrocher une bête morte à la clôture pour attirer les prédateurs. L'astuce ne fonctionne pas tout de suite ; la carcasse est décrochée. Les chiens reviennent finalement dans l'après-midi du 24 janvier.
Cette fois, un voisin prévient les retraités. Jacques Robeley tente de coincer les chiens, plus exactement de les faire remonter chez le voisin en question, qui possède un fusil. Un s'échappe, l'autre se rapproche et se montre menaçant. "J'ai retiré ma parka pour la brandir devant lui et ça l'a fait fuir", raconte l'enseignant retraité.
Son épouse parvient à photographier le canidé avant sa fuite. Le couple constate ensuite l'ampleur des dégâts dans le parc. Marie-Claude Robeley s'approche de quelques femelles, certaines sont en train d'agoniser. Les mâles, eux, sont morts noyés dans l'étang en tentant de se sauver. Pas de survivant : les seize daims ont été tués en l'espace de deux attaques.
Des chiens "en divagation"
Les Robeley avaient commencé par élever un couple de daims, il y a 35 ans. Le troupeau a progressivement grossi, pour le plus grand bonheur des écoliers qui rendaient parfois visite aux animaux en sortie scolaire. Les poules et les chèvres ont en revanche été épargnées. Une preuve que les chiens n'avaient pas faim, agissant selon Jacques Robeley "pour le plaisir de tuer".
Cette seconde attaque débouche sur une enquête, ouverte par la gendarmerie de Bletterans. Les empreintes laissées par les chiens sont étudiées. Des croquettes, retrouvées dans les excréments sur place laissent penser que les prédateurs ont un propriétaire. Des chiens "en divagation" et non des chiens errants, donc, qui auraient pu sévir alors que relâchés par leur maître.
Le propriétaire des chiens appelé à se manifester
La mairie a alerté les habitants via une application de communication. Les élus invitent à la vigilance en promenade et demandent à quiconque croise le ou les chien(s) de le signaler en mairie ou à la gendarmerie.
Jacques Robeley n'a pas grand espoir. "Si les chiens sont rentrés à la maison avec du sang, les propriétaires les cacheront et c'est terminé". "Si cette personne est honnête, j'aimerais bien qu'elle vienne nous voir et fasse une déclaration aux assurances", enchaîne son épouse. Sans responsable désigné, le couple assumera seul le coût de ce préjudice.
Avec Emmanuel Deshayes et Hugues Perret