Le Lédonien de 22 ans a été reconduit à la frontière mardi 10 décembre. Il vivait depuis cinq ans dans le Jura.
Deux jours avant son mariage, la police toque à sa porte, à six heures du matin. Jeudi 14 novembre, Mamady Condé doit se rendre au centre de rétention de Plaisir dans les Yvelines. Près d’un mois plus tard, mardi 10 décembre, c’est par avion qu’il retourne en Guinée, son pays d’origine, en raison d’une obligation à quitter le territoire français (OQTF).« Je garde l’émotion pour moi, mais le soir, c’est compliqué pour s’endormir », explique sa compagne Ophélie Gaudillier. Après cinq ans de relation, la séparation est difficile à accepter. A Plaisir, Mamady a pu se procurer un téléphone pour appeler Ophélie. La jeune femme s’inquiète : « Il essaye de ne pas le montrer par la voix, mais j’arrive à sentir qu’il n’est pas bien. Il ne me dit pas tout. »
« C'est dégueulasse »
Mamady Condé a 17 ans lorsqu’il arrive à Lons-le-Saunier en 2014. Pris en charge par l’aide sociale à l’enfance, il intègre le dispositif des mineurs isolés étrangers (MIE). Le jeune Lédonien reprend les études et obtient son CAP peinture. La majorité passée, Mamady cherche à obtenir des papiers ; sans succès, et ce, malgré de nombreux recours.
A Lons-le-Saunier, un comité de soutien a été mis en place. Alexandre Cardot, membre du collectif, déplore la situation : « C’est une honte, parfois, on a honte d’être Français, [Mamady] n’a rien demandé ». Le collègue et ami explique qu’une promesse d’embauche avait été adressée au jeune guinéen. Pas suffisant pour la Préfecture de police, qui refuse de lui accorder un titre de séjour. Alexandre le regrette : « Il fait tout pour que ça aille. Derrière, on lui flingue sa vie, c’est dégueulasse ».
Depuis le centre de rétention, Mamady Condé a envoyé une lettre au préfet du Jura, pour un recours gracieux. Marin Sprinsfield, membre du réseau éducation sans frontières (RESF39) : « Ce que nous demandons, c’est que le préfet du Jura étudie avec la plus grande humanité possible, le recours gracieux que Mamady Condé a déposé ». Un appel qui n’a pas été entendu par la préfecture.