Les Européens vont devoir limiter leur consommation de viande bovine et de produits laitiers s'ils veulent atteindre leurs objectifs de réduction des gaz à effets de serre, affirme une étude scientifique publiée lundi 22 février 2016.
L'agriculture et l'industrie agroalimentaire représentent un quart des gaz à effets émis par l'Union européenne
Ces deux secteurs économiques devront diviser par quatre l’émission de ces gaz néfastes pour le climat d'ici à 2050 si on veut limiter la hausse des températures à 2°C, estiment les auteurs de l'étude publiée par la revue Food Policy."Une forte réduction, de 50% voire plus, de la consommation de viande de ruminants (bovins et ovins) est très probablement inévitable si l'on veut atteindre les objectifs de l'UE", estiment les chercheurs.
"Nous ne devons pas abandonner la viande complètement", précise Stefan Wirsenius, cité dans un communiqué de l'université de l'École polytechnique Chalmers à Göteborg, en Suède.
Les bovins et les ovins dans la ligne de mire
"La volaille et le porc occasionnent des émissions assez basses". La production de viande de boeuf contenant un kilo de protéines entraîne l'émission de 200 kg de CO2, contre seulement 10 à 30 kg de CO2 pour l'équivalent en viande de porc ou de poulet.Mais, limiter les émissions des bovins (qui représentent 70% de celles du bétail européen) nécessite aussi de réduire la demande en produits laitiers.
Un kilo de protéines en produits laitiers provoque quatre fois plus d'émissions que l'équivalent en volaille.
Pourquoi faut-il améliorer les techniques agricoles ?
Les quatre chercheurs en économie de l'environnement et en biologie ont exploré d'autres moyens de réduire les émissions de l'agriculture et l'agroalimentaire.Réduire le gâchis alimentaire aurait relativement peu d'incidence, n'abaissant les émissions que de 5 à 10%.
La piste plus prometteuse est l'amélioration des techniques agricoles. "Les émissions du stockage de lisier peuvent être pratiquement éliminées si les installations sont couvertes et les gaz brûlés. Et les émissions de la production d'engrais sont largement évitables en recourant aux dernières technologies", selon l'auteur principal, David Bryngelsson.
Un programme européen a été lancé pour réduire l’émission des gaz à effet de serre dans les élevages bovins. En Bourgogne, l’éleveuse de charolaises Marie-Jo Beauchamp, installée à Chambilly en Saône-et-Loire, s'est lancée dans cette démarche.