Ces derniers mois, les attaques pouvant être attribuées au loup se sont enchaînées sur les troupeaux nivernais. En cinq mois, la FDSEA58 a recensé 314 animaux victimes d'attaques dans la Nièvre. Exemple à Lormes et Anthien, où deux éleveurs se sentent impuissants face à la présence de cette bête.
Lorsqu'on lui demande de revenir sur les attaques que son troupeau a subies, Xavier Charpentier est au bord des larmes. Cet éleveur de brebis vit à Anthien, une commune située dans le nord-est de la Nièvre. Fin novembre, son troupeau a été victime de deux prédations pouvant être attribuées au loup. Une première pour lui.
"On était loin, on pensait que cela ne pouvait pas arriver chez nous, et surtout à une telle vitesse", confie-t-il au micro de nos journalistes Rémy Chidaine et Sophie Hémar. "On ne se demande pas si cela va recommencer, mais quand."
À quelques kilomètres de là, un prédateur a également frappé plusieurs fois le troupeau de Christophe Chappé. Sur ses 46 bêtes, 26 ont été attaquées. L'une est encore portée disparue, une a été tuée et trois autres ont dû être euthanasiées. "Les blessures sont à 95 % au niveau de la trachée, entre les épaules", explique cet éleveur qui habite à Lormes.
Quelques semaines plus tard, il doit encore soigner les blessures de ses brebis. "Tous les deux jours, on leur donne des antibiotiques, on les désinfecte. On contrôle l'évolution des blessures parce que certaines commencent à s'infecter", ajoute-t-il. Malgré ces mesures, l'éleveur estime que son lot de brebis sera improductif cette année, "au minimum."
Pour les éleveurs, peu de solutions viables
Il a accueilli la décision de la Commission européenne de réviser le statut du loup d'espèce "strictement protégée" à "protégée" avec prudence. "Cela va dans le bon sens. Mais si l'administration et l'État ne font rien pour nous aider, alors rien ne va changer." Ces agriculteurs estiment que les mesures de protection ne suffisent pas face à ce prédateur.
À la suite des prédations, Xavier Charpentier a reçu un filet électrifié pour tenter de protéger son troupeau. Cette mesure lui paraît dérisoire compte tenu des zones dans lesquelles son troupeau évolue. "Cela peut être efficace sur une courte période. Il faudrait que je le déplace tous les trois/quatre jours. On est dans un territoire vallonné, et de toute façon, on ne peut pas le laisser sur place", explique-t-il.
Impossible, également, de prendre un berger avec plusieurs chiens. "On n’est pas en montagne, avec 1 000 brebis sur un territoire. En pleine pâture, j'ai cinq à six troupeaux écartés sur plusieurs communes, donc on ne peut pas faire cela partout. C'est trop de contraintes." Il a donc dû prendre une décision qui lui crève le cœur : diviser par 3 son troupeau dans les mois à venir.
Il attend également une décision des autorités compétentes. "On est dans l'impasse. S'il n'y a pas de mesures fermes de la part de nos administrations, la filière ovine est condamnée dans la Nièvre." Fin novembre, lors d'une action au ministère de l'Ecologie, la FDSEA 58 avait recensé 314 animaux victimes d'attaques en cinq mois.