Ce mercredi 22 janvier, le corps d'un homme de 56 ans a été retrouvé à Nevers (Nièvre). Il serait décédé depuis deux ans. En France, en 2024, 33 personnes ont été retrouvées longtemps après leur décès. La conséquence de l'isolement social qui touche de plus en plus de personnes âgées selon les Petits frères des pauvres.
La sombre découverte a été faite ce mercredi 22 janvier à Nevers (Nièvre). Le corps momifié d’un homme de 56 ans a été retrouvé dans son appartement. Ce sont des policiers et un huissier de justice venu réclamer le règlement de plusieurs loyers impayés qui sont tombés sur la dépouille.
Selon les premiers éléments de l’enquête, la victime est décédée depuis deux ans. Du courrier en date de février 2023 a été retrouvé au sein de son logement. "C'est encore approximatif. Une autopsie va être réalisée pour déterminer avec précision la date du décès", nous indique ce samedi le parquet de Nevers.
Le début des recherches a également permis d'établir le profil de la victime : un solitaire qui n’avait pas de famille. Ce qui pourrait expliquer que personne n’ait signalé sa disparition.
Conséquence de l'isolement
Le cas n’est malheureusement pas isolé et concerne le plus souvent les plus de 60 ans. En 2024, 33 personnes ont été retrouvées chez elles plusieurs semaines, voire plusieurs années après leur décès selon les chiffres des Petits frères des pauvres. Elles étaient 21 en 2023, et 13 en 2022.
"Ces morts solitaires, qui ne touchent pas seulement les aînés, sont la conséquence la plus extrême de l’isolement social", indique l’association. Dans notre région, un homme de 70 ans a été retrouvé en janvier 2024 à Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire) plusieurs semaines après son décès. En octobre dernier, c’est le corps d’une personne de 63 ans qui a été découvert à Dijon (Côte-d’Or). Elle était morte depuis cinq ans.
"Terribles révélateurs de l’appauvrissement des liens sociaux et de l’invisibilité de certaines personnes, ces morts solitaires interrogent sur notre capacité à prendre soin des plus seuls et des plus fragilisés et à leur éviter l’ultime affront d’une mort seul, ignoré de tous, sans que personne ne s’inquiète ou ne s’alarme", alerte les Petits frères des pauvres.
L'appel à une politique de prévention
L’organisation invite les pouvoirs publics à agir. "Il faut mener une politique préventive beaucoup plus ambitieuse de lutte contre l’isolement grandissant des personnes âgées". Les Petits frères des pauvres ont alors fait plusieurs propositions :
- Créer un Observatoire de la Mort Solitaire.
- Mener des expérimentations avec les banques, la Poste, les distributeurs d’énergie et les services du Trésor Public pour tester la mise en place d’un système d’alerte en cas d’anomalie (aucun mouvement sur les comptes bancaires, boîte aux lettres qui débordent…).
- Mieux identifier les personnes âgées isolées grâce à un renforcement de la coordination des acteurs du territoire : services sociaux, professionnels de santé mais aussi commerçants et artisans.
- Faire appel à la mobilisation citoyenne pour renforcer la solidarité entre voisins.
Que faire en cas de doute ?
"Pour éviter ces situations inhumaines et inacceptables, certains signes doivent nous faire réagir", indiquent les Petits frères des pauvres. En cas de doute, il est conseillé de :
- Sonner ou frapper à la porte pour vérifier si la personne est présente ou réagit.
- Se renseigner auprès des voisins pour savoir s'ils ont vu ou entendu la personne récemment.
- Signalez vos préoccupations au gardien ou au syndic'. Ils ont accès à des informations utiles ou peuvent intervenir.
- Contacter en dernier recours la mairie pour signaler la situation.
Aujourd’hui en France, deux millions de personnes âgées sont en situation d’isolement social. Elles sont rarement, voire jamais en contact, avec d’autres personnes. Le chiffre a plus que doublé (+ 122 %) entre 2017 et 2021.