Les "flying doctors" de la Nièvre continuent en 2025 : "On nous avait dit qu'on ne tiendrait pas, on est toujours là !"

Il y a deux ans, le 26 janvier 2023, le premier vol affrétant des médecins vers Nevers décollait depuis l'aéroport de Dijon. Une liaison aérienne permettant à 8 médecins, en 30 minutes de vol, de venir consulter et opérer à l'hôpital de Nevers. Qu'en est-il aujourd'hui ?

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Il y a deux ans, le premier avion des "docteurs volants" emportait 8 médecins à son bord depuis Dijon, à destination de l'hôpital de Nevers, en une demi-heure de trajet au lieu de 3 heures de route. Une façon de désenclaver la région, victime de désertification médicale.

Les "flying doctors" sont des médecins détachés du CHU de Dijon qui viennent consulter pour la journée à Nevers, seul le transport par avion autorise ces déplacements de personnel © France Télévisions

Un bilan "positif"

Pour Denis Thuriot, maire (Renaissance) de Nevers et président de Nevers agglomération, le bilan au bout de deux ans est "positif". "D'abord pour le parcours de soin des patients. Ce dispositif a permis la venue de beaucoup de médecins qui nous manquent, ou qu'on n'a plus. Des spécialistes, par exemple en chirurgie pédiatrique. Ça nous permet de faire tourner les plateaux techniques de l'hôpital : on en a 9 mais uniquement 4 qui tournent, faute d'avoir suffisemment de médecins et d'infirmières de bloc-opératoire."

Du point de vue financier, les vols ont permis à l'hôpital de générer des bénéfices : "Ce sont également des recettes supplémentaires pour l'hôpital", ajoute Denis Thuriot. "Les interventions chirurgicales font les recettes d'un hôpital, comme on peut davantage opérer."

On peut accélerer les parcours de soin, car on a des médecins qui viennent sur des cas particuliers pour aider au diagnostic et aux traitements.

Denis Thuriot

maire de Nevers

"On a des dépenses avec l'avion, qui sont compensées par des recettes. J'ajoute qu'en en termes de non-dépenses, ce sont les remboursements de la sécurité sociale pour tous les trajets qu'auraient dû faire les patients de Nevers à Dijon en voiture ou en train."

Sur le bilan humain, Denis Thuriot est également satisfait : "Cela évite aux patients de davantage attendre ou de générer des déplacements au CHU de Dijon. C'est un confort en oncologie pour les malades qui sont fatigués ou en soins."

Tourner plus vite pour l'hôpital, c'est soigner plus vite les gens.

Denis Thuriot

maire de Nevers

"On a reçu des courriers de patients qui nous remercient car grâce à cela, ça leur a permis de se soigner plutôt que courir la France à la recherche de solutions à leur problème de santé."

Des vols aussi pour les internes

Fort de l'expérience de deux années de vols Dijon-Nevers, Denis Thuriot veut maintenant passer la vitesse supérieure et permettre aux internes de bénéficier des "flying doctors". Un dispositif pour lequel le maire assure bénéficier du "soutien affirmé du CHU de Dijon, du directeur du Centre Georges-François Leclerc et du professeur Maynadié pour les internes."

Nous avons lancé un nouvel internat, nous n'avons que 8 internes au lieu d'avoir plusieurs dizaines. Pourquoi les internes ne veulent pas venir ? C'est à cause du temps de trajet !

Denis Thuriot

maire de Nevers

"Personne n'a voulu régler cela, que ce soit par des trains plus rapides ou par une route en 4 voies, donc je le pallie grâce à l'avion", assure le maire de Nevers.

Des évolutions pour la "saison 3" dès mai

Et les choses vont s'accélérer sur la liaison : "Dès la prochaine promotion d'internes au mois de mai, on travaille pour qu'on puisse les emmener le lundi matin en avion, et les ramener le vendredi soir pour ceux qui veulent rentrer. On pourra ensuite ramener les médecins qui continueront toujours à venir le jeudi, certains restent deux jours. Peut-être des vols le soir si on trouve des internes urgentistes pour nous aider les nuits, ça nous manque beaucoup. On est passés à deux fois 4 places pour plus de souplesse, sachant qu'on peut faire voler les deux avions en même temps, dans les deux sens."

Deux vols de 4 personnes, une souplesse supplémentaire à la liaison Dijon-Nevers, qui pourrait bien ouvrir de nouvelles portes. Par exemple à des médecins libéraux. "Pour l'instant, je ne peux pas car ça n'est pris en charge que par l'hôpital."

Je sollicite l'ARS pour qu'ils nous financent, aujourd'hui ils ne mettent même pas un euro, c'est scandaleux ! Les ARS savent trouver l'argent quand il faut. L'ARS devrait faire son devoir pour l'hôpital le plus éloigné d'un CHU en France.

Denis Thuriot

maire de Nevers

L'autre ouverture attendue à l'aéroport serait pour des liaisons plus commerciales : "L'intérêt de ces vols, c'est de les proposer aux particuliers, aux entreprises. On a d'autres types de liaisons avec Lourdes car on est jumelés, avec la Corse l'été. L'idée est vraiment de se servir de cela dans le bon sens du terme et surtout de l'étendre, diminuer les coûts pour l'hôpital et ouvrir des perspectives aux autres."

D'une façon générale, Denis Thuriot se félicite de l'opération des "flying doctors" mais il fustige l'Agence régionale de santé qui, selon lui "devrait mettre davantage de billes" à Nevers :

On est un des départements avec le moins de médecins par habitants, on était celui où les gens avaient la plus faible espérance de vie en Bourgogne-Franche-Comté.

Denis Thuriot

maire de Nevers

"Il faut que l'ARS prenne ses responsabilités et finance des choses, on lui a demandé de mettre des primes aux nouveaux installants. Pour l'instant il y a un refus, alors que le département voisin du Cher le fait."

L'aéroport de Nevers, vu depuis l'avion venant de Dijon (archives mai 2024) © France Télévisions

D'autres effets positifs

Retour des SOS médecins à Nevers, recrutements... L'effet "flying doctors" a eu d'autres conséquences positives : "Les 'flying', cela a fait revenir SOS Médecins,alors qu'on n'en avait plus. Ce sont les vols qui les ont décidés à s'installer à Nevers. À Château-Chinon aussi, dans les hôpitaux périphériques, cela nous a permis de recruter davantage, l'emballement médiatique que cela a généré a permis de s'intéresser plus à Nevers."

Pour conclure, Denis Thuriot relève l'aspect humain des échanges entre médecins, un enrichissement professionnel : "Pour les médecins eux-mêmes, changer d'environnement, se déplacer est un enrichissement, certains le font très régulièrement et le font avec plaisir, cela leur permet d'échanger avec leurs confrères de Nevers. Il y a un épanouissement professionnel accru, c'est un des enseignements que l'on tire après deux ans. On nous avait qu'on ne tiendrait pas, on est toujours là !"

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