La quinquagénaire n'avait plus été vue depuis un an. Elle était en fait décédée et celui qui partageait son toit n'avait signalé sa mort à personne.
Dimanche 4 août, pompiers et gendarmes interviennent dans un appartement d'Imphy près de Nevers, dans la Nièvre. Ils ont été contactés par la fille de la locataire. Elle n'a plus échangé avec sa mère depuis un an.
Un homme est à l'intérieur de l'appartement. Son compagnon, ou peut-être plutôt son colocataire. À la vue des uniformes, il se coupe les veines avec un couteau de cuisine. Les pompiers le mettent hors de danger.
Dans la chambre, les gendarmes découvrent la dépouille de celle qui loue les lieux, sur le lit sous plusieurs couettes. Son décès remonte à plusieurs mois au moins, le corps est "pratiquement momifié", selon le vice-procureur de la République de Nevers, Axel Schneider.
Celui qui partageait le toit de la victime a été hospitalisé en psychiatrie. "Il n'a pas encore fait l'objet d'une audition complète de la part des enquêteurs", précise le vice-procureur. "Selon ses déclarations aux gendarmes, sa compagne ou en tout cas la personne chez qui il vivait, était décédée depuis l'été dernier sans plus de précisions."
Pourquoi n'a-t-il pas déclaré son décès ? Il aurait paniqué et n'aurait pas su comment réagir. "Il a eu surtout très peur de se retrouver à la rue et sans ressource puisque cette dame l'hébergeait, indique Axel Schneider. Il a vécu pendant un an en dormant sur le canapé et en n'allant plus dans la chambre". Mais c'est déjà dans le salon qu'il passait ses nuits avant le décès, selon son témoignage. Les deux vivaient semble-t-il dans des conditions très dégradées, dans un contexte d'addiction à l'alcool.
La mort n'a pas été causée par un tiers
La défunte habitait la commune depuis plusieurs années. "Elle a eu un emploi à la maison de retraite d'Imphy à une époque", détaille la maire Joëlle Julien. L'élue est très surprise, choquée même, par la terrible découverte. "Je n'y croyais pas. Je ne comprends pas qu'on ait pu laisser quelqu'un comme ça", dit-elle.L'homme âgé d'une quarantaine d'années n'aurait rien à voir avec le décès de la victime. L'autopsie pratiquée mardi à l'Institut médico-légal de Clermont-Ferrand "n'a pas révélé d’élément qui permet de dire qu'il y a eu l'intervention d'un tiers dans le décès de cette femme", détaille le vice-procureur. La dégradation avancée du corps n'a toutefois pas permis d'aller très loin dans les expertises médicales. Impossible notamment de réaliser des analyses toxicologiques. La date du décès remonterait bien à un an environ.
L'enquête se poursuit mais elle ne devrait pas aboutir à des poursuites pénales. "Il n'y a pas de recel de cadavre, puisque ce serait suite à un homicide ou à des coups", précise le magistrat. On pourrait par contre lui reprocher une fraude aux prestations sociales.