Invitée de "Capital" sur M6 dimanche, Brune Poirson a annoncé qu'une loi bientôt va interdire aux entreprises comme Amazon de "jeter des produits qui sont encore consommables". Près de 300 000 produits presque tous neufs auraient été détruits en 9 mois dans l'entrepôt de Chalon, selon "Capital".
La secrétaire d'Etat française à la Transition écologique Brune Poirson a annoncé dimanche 13 janvier soir, sur le plateau de l'émission "Capital" de M6, que, "choquée" par le fait qu'Amazon jette des millions de produits neufs invendus, elle comptait rendre "responsables" les entreprises usant de ce type de pratiques.
Ainsi, à Sevrey/Chalon-sur-Saône, l'un de ses plus petits sites en France d'Amazon, 293 000 produits ont été envoyés à la casse, presque tous neufs, en seulement neuf mois, selon des sources syndicales citées dans un reportage diffusé dans "Capital". Si l'on additionne tous les entrepôts du géant américain, ce sont potentiellement quelque 3 millions de produits neufs qui seraient jetés par an.
"Je suis choquée. Outrée (…). Dans les mois à venir, une loi (sur l'Economie circulaire, ndlr) va passer au Parlement qui va interdire ce type de pratique. Des entreprises comme par exemple Amazon ne pourront plus jeter des produits qui sont encore consommables", a déclaré Brune Poirson après la diffusion d'un reportage dans l'émission.
?Suite à nos révélations, @brunepoirson, secrétaire d'Etat auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire annonce de nouvelles mesures ⤵ #Capital @M6 pic.twitter.com/ix3JOs6BKI
— Capital (@CapitalM6) 13 janvier 2019
Un journaliste de la chaîne a montré comment il avait réussi à se faire embaucher en tant que manutentionnaire dans l'un des entrepôts d'Amazon, à Saran (Loiret), afin d'y filmer notamment de gros conteneurs destinés à la destruction d'objets de toutes sortes : couches, machines à café, téléviseurs, jouets etc.
Le journaliste a également dévoilé les clauses contenues dans les contrats entre la plateforme d'Amazon ("market place") et les vendeurs tiers qu'elle héberge et dont elle stocke les produits dans ses entrepôts.
Ces accords prévoient qu'en cas d'invendus, soit les marchandises sont renvoyées, soit elles sont détruites même neuves, une pratique légale quoique "révoltante", a dénoncé l'émission.
Les entreprises usant de ces pratiques "ne pourront pas non plus rendre impropres à la consommation des produits qui pourraient être encore utilisables : pour cela, elles devront se débrouiller et trouver des solutions", a ajouté Brune Poirson. Dans le cas contraire, "nous les sanctionnerons".
Brune Poirson a annoncé également souhaiter "aller encore plus loin : nous voulons considérer les 'market place' telles Amazon comme étant responsables par défaut de la fin de vie des produits qu'elles commercialisent", sans préciser comment.
Ce n’est pas une annonce sur le coup de l’émotion. Ça fait 1,5 an que l’on travaille au @Min_Ecologie avec les associations et les entreprises à un projet de loi sur l’#économiecirculaire pour lutter contre le gaspillage et changer les modes de production. https://t.co/X62s4zGAeF
— Brune Poirson (@brunepoirson) 14 janvier 2019
Présente également sur le plateau, Alma Dufour, porte-parole de l'association "les Amis de la Terre", s'est réjouie de ces annonces "bienvenues à l'heure où le nombre de produits détruits pourrait passer à 6 millions en 2019 avec le doublement des surfaces de stockage de la multinationale dans l'Hexagone, si rien n'était fait".
"L'urgence climatique exige que nous réduisions rapidement les niveaux de production", a poursuivi la militante associative, estimant que la France devait "montrer la voie" en s'opposant "au détournement de la loi par les acteurs du web et au laxisme de l'Union européenne à leur égard".
Alma Dufour a annoncé pour sa part le lancement d'une pétition condamnant la destruction des invendus par Amazon : "on ne peut pas jeter, détruire des produits que l'on pourrait donner à des familles dans le besoin".