Comment sauver nos pharmacies à la campagne ? Des solutions alternatives se mettent en place, voici lesquelles

Depuis plusieurs années, des pharmacies ferment leurs portes partout en Bourgogne-Franche-Comté. Problèmes de recrutement, départ en retraite non remplacés ou manque à gagner, beaucoup d'officines en campagne ne trouvent pas de solution pour survivre. Mais des alternatives se mettent en place.

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La région Bourgogne-Franche-Comté voit de nombreuses pharmacies disparaître des radars chaque année. Recey-sur-Ource, Fours, Tournus... Ce sont des communes qui ont vu des officines mettre la clé sous la porte durant les deux dernières années. Parfois, il s'agissait de l'unique pharmacie du village.

Baisse des recettes, départ à la retraite non remplacé, difficultés à recruter... De nombreuses raisons sont souvent pointées du doigt par les propriétaires. Mais comment faire pour que les pharmacies dans les zones rurales tiennent le coup et ne laissent pas derrière elle des déserts médicaux ?

La troisième pire région de France en nombre de pharmacies

Selon la carte régionale de l'ordre national des pharmaciens, on trouve 895 officines en Bourgogne-Franche-Comté. Seuls le Centre-Val-de-Loire et la Corse font pire, avec 740 et 127 établissements. Un chiffre largement moins important que nos voisins de la région Grand Est et d'Auvergne-Rhône-Alpes avec 1 561 et 2 353 pharmacies.

En 2024, 18 officines ont fermé leurs portes en Bourgogne-Franche-Comté, soit près de 2 % des pharmacies du territoire. Et ce n'est pas près de se terminer : selon les syndicats de pharmaciens, plus d'une soixantaine d'entre elles sont menacées de fermeture.

Les "pharmacies satellites", la solution en réflexion

"Ce serait la façon de faire la plus simple à mettre en place", explique Pierre-Olivier Variot, président de l'Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). La mise en place de "pharmacies satellites", des annexes d'autres établissements qui géreront deux points de vente dans deux villes différentes. Ce serait une première pour la profession en France, où un propriétaire n'a pas le droit de posséder plusieurs points de vente.

Une expérimentation est en cours dans différentes régions : en Bretagne, en Occitanie, dans le Centre-Val-de-Loire, en région Paca, Auvergne-Rhônes-Alpes et en Corse, mais pas en Bourgogne-Franche-Comté. La pharmacie de Recey-sur-Ource avait fait la demande pour intégrer de cet essai, mais la région ne faisant pas partie du dispositif, le projet n'était pas viable.

La décision de mise en place de cet essai a été prise au hasard

Lucie Bourdy-Dubois

Membre du syndicat FSPF

"La décision de mise en place de cet essai a été prise au hasard, il n'a donc pas été décidé de l'effectuer dans une région et pas dans une autre", explique Lucie Bourdy-Dubois, présidente de la commission Métier pharmacien de la FSPF (Fédération des syndicats pharmaceutiques de France).

Tout en précisant que, "si on met en place des pharmacies annexes, ce ne sera pas durant toute la semaine, mais seulement sur certains jours et à des heures précises". Une solution que Lucie Bourdy-Dubois définit comme "non viable pour les usagers".

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Car oui, un établissement dit "satellite" ne peut pas rester ouvert tout le temps. Géré par un membre d'une autre pharmacie, celui-ci ne peut pas être présent à tout instant sur les lieux. Son travail principal se déroulant dans une autre commune, les horaires d'ouverture seront "fixes, ce qui ne sera pas utile à tous moments dans une zone rurale où les populations vieillissent", explique la représentante syndicale.

Aider à préserver les pharmacies, le second choix

La deuxième solution tend vers le maintien des officines présentes à l'origine. Mais ce n'est encore une fois pas si simple. Entre le manque de candidats dans les zones rurales et la baisse des recettes dans les établissements, il est difficile d'aider les petites pharmacies locales sur certains territoires.

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Cela a été le cas à Recey-sur-Ource (Côte-d'Or), mais aussi à Fours (Nièvre), à Tournus (Saône-et-Loire) et même dans des villes moyennes, comme à Auxerre (Yonne). "L'accès aux soins et aux médicaments, c'est un devoir". Lucie Bourdy-Dubois en fait son cheval de bataille depuis quelque temps et nous partage "que des pharmacies sont en danger et qu'il ne faut rien lâcher pour les maintenir en place".

Nous ne voulons pas retrouver de territoires éloignés de plus de quinze minutes de route de leur pharmacie.

Lucie Bourdy-Dubois

Présidente de la commission Métier pharmacien de la FSPF

Depuis le 7 juillet, une bonne nouvelle a redonné un peu le sourire aux pharmaciens. Des aides de l'Assurance maladie ont été mises en place, à la suite d'un arrêté du Journal officiel, daté du 7 juillet. Pour les petites pharmacies de moins d'un million d'euros de revenus qui remplissent les conditions d'une présence sur un territoire fragile, un accompagnement économique sera mis en place.

En Bourgogne-Franche-Comté, 71 pharmacies seraient potentiellement éligibles à cette aide financière, mais neuf d’entre elles sont couvertes par le zonage de l'Agence régionale de santé Bourgogne-Franche-Comté."Nous ne voulons pas retrouver de territoires éloignés de plus de quinze minutes de route de leur pharmacie. Ces aides sont un début, pour aider à les faire tenir", explique Lucie Bourdy-Dubois. 

Pour l'ARS, il vaut mieux attendre

De son côté, l'ARS (Agence régionale de Santé) fait savoir que "le dispositif n'étant pas présent dans la région, notre organisme attend la fin de l'évaluation pour savoir si cette expérimentation est susceptible d'être transposée dans le droit commun". Les pharmacies satellites ne sont donc pas près de voir le jour, avant quelques années.

Alors que faire face à cette situation ? Alors que les essais sont lancés dans d'autres régions, au moins trois ans sont nécessaires pour voir si le projet de "pharmacie satellite" est viable ou non. Les officines de Bourgogne-Franche-Comté devront donc rester pour certaines dans l'impasse, mais surtout dans l'attente.

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