La Confédération paysanne, c'est le troisième syndicat agricole de France, derrière la FNSEA et la Coordination rurale. Une force plutôt classée à gauche, qui essaye de se faire une place, alors que les élections dans les chambres d'agriculture ont lieu jusqu'au 31 janvier. En Saône-et-Loire, nous avons suivi l'un de ses candidats.
Ce sont des acronymes que nous avons bien en tête depuis les manifestations agricoles de la fin d’année 2023. FNSEA, pour Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles. JA, pour Jeunes Agriculteurs. Ou encore CR, pour Coordination rurale.
On les a vu sur les routes, les autoroutes, au volant des tracteurs, banderoles à la main, bloquant le pays pour réclamer des mesures d’urgence de la part de l’Etat et des collectivités. En ce début d’année 2025, les voici à nouveau sur le terrain.
Election à venir
Mais avec en tête, une autre échéance. Les élections dans les chambres d’agriculture de chaque département. Celles qui représentent le monde agricole auprès des pouvoirs publics, conseillent les chefs d’entreprise et accompagnent les différentes filières. Damien Gressard est candidat pour la Confédération paysanne en Saône-et-Loire.
"On défend des idées de souveraineté alimentaire du pays. C’est un sujet d’actualité. Notre projet, c’est de protéger les fermes et l’environnement. Il faut un modèle plus résiliant, avec des fermes plus modestes. Les fermes-usines, ce n’est pas facilement transmissible et ce n’est pas ce qui séduit les nouveaux arrivants", présente le candidat, agriculteur à Saint-Gengoux-le-National.
S’il défend cette vision de l’agriculture, c’est parce que Damien Gressard lui-même est à la tête d’une exploitation modeste. Il a lancé son activité en 2000, en commençant par le maraîchage avant de s’orienter vers la viticulture et l’élevage bovin. Dans son exploitation, les bêtes sont engraissées à l’herbe, avec des produits de sa ferme.
Syndicat minoritaire
"Il y a un problème avec un modèle agricole qui ne fonctionne plus, qui est basé sur des agrandissements démesurés, sur de l’agriculture d’exportation. Il faut changer. Il faut un accompagnement et une vraie dynamique. On ne peut pas continuer sur un modèle d’exportation. Ça ne marche pas. Ça dure depuis 40 ans, et ça fait 40 qu’il y a des crises agricoles", lance celui qui est syndiqué depuis une vingtaine d’années.
Produire pour l’exportation, c’est aberrant. On ne concurrencera plus jamais les pays de l’Est, d’Amérique du Sud, qui sont des producteurs de masse, avec des coûts de main d’œuvre qui ne sont pas comme les nôtres
Damien Gressard, Confédération paysanne
Pour ces élections, la Confédération paysanne ne part pas en position de force. Elle est minoritaire à la chambre d’agriculture de Saône-et-Loire à la suite des votes de 2019. Favoris de cette élection dans le département : la FNSEA et la Coordination rurale. Mais Damien Gressard se veut confiant.
"Avec les nouvelles générations d’agriculteur, on risque d’avoir plus de voix. Nos propositions répondent aux attentes des agriculteurs et des consommateurs. Je vois beaucoup de paysans qui veulent évoluer vers un modèle proche de ce qu’on propose. De l’agriculture biologique, de la viticulture durable, de la polyculture, de l’élevage herbagé".
L’agri française doit se diff par des produits de qualité et des fermes à taille humaine
Damien Gressard, Confédération paysanne
En Saône-et-Loire, 29 000 électeurs ont jusqu’au 31 janvier pour désigner leurs 35 représentants pour les 6 prochaines années. Il y aura tout de même fort à faire pour la Confédération paysanne. L’organisation, créée en 1987 et qui se présente comme neutre, mais que l’on classe plutôt à gauche de l’échiquier politique, est également minoritaire au niveau national.
En 2019, lors des précédentes élections professionnelles agricoles, la Confédération paysanne représentait 19,3 % des votes au niveau national. Quand la FNSEA obtenait à elle-seule 54,7 % des suffrages.
Reportage réalisé avec Alexandre Baudrand et Anthony Borlot.