Depuis 1987, Robert Brunet creuse mètre après mètre le gouffre d'Uriane, à Péronne en Saône-et-Loire. Uriane, c'est le nom du cheval de son voisin, qui en tombant dans son pré, a révélé la cavité. Depuis, le spéléologue amateur dédie sa vie aux profondeurs de la terre.
Depuis 38 ans, Robert Brunet creuse inlassablement le gouffre d’Uriane, suite à la chute d'un cheval dans un trou de son pré. Une histoire qui a changé sa vie, puisqu'à 75 ans, cet ancien facteur voue désormais tout son temps à l'exploration du gouffre.
Un travail de longue haleine
À Péronne (Saône-et-Loire), on interpelle souvent ce spéléologue amateur en lui demandant : "mais vous êtes fou, Monsieur Brunet ?". En effet, depuis la découverte du gouffre, Robert creuse, fouille et excave des tonnes de terre, armé de son marteau-piqueur, de sa pioche et sa pelle.
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Au début, le trou avait une forme d’entonnoir avec un puit d'une vingtaine de mètres.
Robert Brunet
C'est la curiosité qui l'a poussé à explorer ce qui n'était au départ qu'un trou. "Une fois que le cheval était ressorti du trou, quelques jours après, une équipe de spéléologues est venue pour explorer. À leur deuxième visite, je suis descendu avec eux, et j’y ai pris goût. Au début, le trou avait une forme d’entonnoir avec un puits d'une vingtaine de mètres. J’ai commencé à aménager l’accès en construisant un escalier. J’en suis à plus de 400 marches maintenant".
Un travail titanesque, la cavité atteint 50 mètres de profondeur. Robert, et son acolyte Alain, travaillent quatre jours par semaine. Une routine bien rodée." Le lundi, on creuse le point le plus bas, à environ 50 mètres de fond. Le mardi, on monte à la salle manganèse, le point le plus haut. Le jeudi, on creuse en direction de la maison et le vendredi, on fait du nettoyage".
Environ un millier de sacs de glaise de 10 kilos sont enlevés chaque mois. Pour les évacuer, Robert peut compter sur l'aide de spéléologues bénévoles.
La beauté souterraine
Robert Brunet a entièrement aménagé la grotte. Au total, ce sont 300 mètres de galeries équipées d’un système d’aération et d’éclairage.
Parfois, sous cette terre glaise, le gouffre offre à Robert de belles surprises comme des stalactites ou des fossiles.
Parmi les découvertes de Robert Brunet, des vestiges osseux d’animaux qui datent du paléolithique, amenés par l’infiltration de l’eau. Mais aussi des œuvres de mère nature comme la "sorcière en colère" dans une concrétion rocheuse.
Une équipe de spéléologues est venue pour explorer. À leur deuxième visite, je suis descendu avec eux, et j’y ai pris goût.
Robert Brunet
Les chauves-souris cohabitent avec Robert Brunet. Elles sont les premières spectatrices de son travail colossal.
Le spéléologue amateur espère pouvoir terminer son jeu de piste, qui pourrait enfin le mener à la sortie des entrailles de la terre, d’ici 10 ans. "Mais avec le déambulateur, ça va être moins facile", sourit-il. À la question de savoir pourquoi il a commencé ce chantier, il répond, le regard rieur : « et pourquoi pas ?».
Cette découverte est exceptionnelle puisque le gouffre d’Uriane est l’un des plus importants et intéressants de Saône-et-Loire.