Bâtiments publics dégradés, véhicules incendies... un déchaînement de violence s'est produit à Mâcon (Saône-et-Loire) dans la nuit du 18 au 19 janvier. Quelques heures après les faits, le préfet du département et le maire de la ville font le point sur la situation.
"Ça pétait sans arrêt, sans arrêt, sans arrêt", décrit, ce 19 janvier, un habitant du quartier des Saugeraies de Mâcon (Saône-et-Loire). Plus tôt dans la nuit, plusieurs bâtiments publics ont été pris pour cible et dégradés, ainsi que des véhicules légers et des poubelles incendiés. Ce dimanche matin, le préfet du département, Yves Séguy, et le maire de la ville, Jean-Patrick Courtois, se sont rendus sur place pour établir un premier bilan de la situation.
Que s'est-il passé exactement dans la nuit ?
Yves Séguy : Nous avons été alertés au milieu de la nuit, du fait que survenaient de graves violences urbaines qui ont porté atteinte à trois bâtiments municipaux. Ce sont des bâtiments qui sont au service de la population de ce quartier. Sept véhicules ont été incendiés, une pelle mécanique a été également détériorée, un certain nombre de feux de poubelles… tout ça sur fond de narcotrafic.
C’est évidemment une situation qui est tout à fait inacceptable et je peux vous assurer notre totale détermination aux côtés de monsieur le maire, pour faire cesser ces violences et faire en sorte que nous puissions, sur la durée, faire reculer tout ce qui relève du narcotrafic.
Vous évoquez le narcotrafic. Qu'est-ce que ça signifie ?
Yves Séguy : Que les responsables sont vraisemblablement des personnes qui finissent par être connues, repérées, et qui manifestement recherchent un certain nombre d’éléments de contexte favorisant leur commerce. C’est inacceptable, donc nous allons persévérer dans notre lutte contre ce phénomène-là.
Des individus considèrent que l'action publique les dérange, et donc ils essaient d'intimider.
Yves Séguy,préfet de Saône-et-Loire
Jean-Patrick Courtois : C’est une épreuve de force, comme vient de le dire le préfet, entre les trafiquants de drogue et les forces de l’ordre. Il faut évidemment qu’on contienne le cas, car il est hors de question pour moi en tant que maire de Mâcon de donner satisfaction aux dealers de ce quartier.
► À LIRE AUSSI - 80 policiers en renfort pour mettre fin aux fusillades à Besançon, "ces mafieux sont en train de prendre en otage la population" déplore la maire
Ils veulent des locaux pour être tranquilles, pour faire leur commerce tranquille, à l’abri… Il n’est pas question de leur donner des locaux pour faire du trafic de drogue et blanchir de l’argent. Les trafiquants disent que tant qu'ils n'auront pas satisfaction, ils mettront le quartier à feu et à sang.
Est-ce que les violences de la nuit ont eu lieu en réaction à une intervention policière ?
Yves Séguy : Ce qu'il semble s'être produit, c'est que des individus considèrent qu'ils n'ont pas eu tout ce qu'ils voulaient. Ils considèrent que l’action publique les dérange, qu’elle ne répond pas à leurs attentes, et donc ils essaient d’intimider. On ne reculera évidemment pas devant cette forme d’intimidation. Il est juste regrettable que ce soit une nouvelle fois les habitants de ce quartier qui soient finalement pris à partie et mis en difficulté.
Des dégradations ont-elles déjà eu lieu dans ce quartier ?
Jean-Patrick Courtois : On avait eu des dégradations en 2023 mais qui s’inscrivaient dans un autre cas, dans un cas national à la suite du décès d’un jeune dans un quartier d’une ville de France. Ce qui est choquant, c’est qu’ils s’attaquent à des bâtiments municipaux faits pour les enfants de ce quartier. On arrive au pire de l’absurdité !
Les bâtiments attaqués sont des bâtiments faits pour la population. Le bâtiment Galilée par exemple est fait pour les enfants de 4 à 14 ans. Ce sont les plus jeunes qui vont être pénalisés. C’est aussi pour la ville de Mâcon un impact financier considérable.
Quelle réponse espérez-vous ?
Jean-Patrick Courtois : Je souhaite que demain on fasse la même législation pour les trafiquants de drogue que celle qui existe pour le terrorisme parce que c’est une véritable guerre qui est déclenchée. C’est un phénomène de guérilla urbaine. Il en va aussi de l'avenir de la République.