PHOTOS. "C'est ce que nos enfants voient à la ferme" : face au loup, des carcasses de moutons déposées en pleine rue

Les éleveurs de Saône-et-Loire ont mené une action choc, ce 12 décembre devant la préfecture de Saône-et-Loire, à l'occasion de la tenue du comité départemental "loup". Le préfet, Yves Séguy, s'est entretenu avec eux.

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Tous unis contre le loup. Une quarantaine d'éleveurs ont manifesté devant la préfecture de Saône-et-Loire à Mâcon, ce vendredi 12 décembre, à l'appel de la FDSEA, des Jeunes Agriculteurs et de la Coordination Rurale. Alors que le comité départemental "loup" se réunissait en préfecture ce matin, les agriculteurs ont déversé une montagne de pneus devant le bâtiment, et ont déposé des cadavres de brebis, victimes d'attaques imputées au loup. 

"C'est ce que nos enfants voient à la ferme"

Une action choc, mais justifiée, estiment les éleveurs. “Les carcasses, c’est presque notre quotidien en fait ! Ce sont les bêtes qu’on trouve dans les prés le matin après les attaques. C’est ce que nos enfants, à la ferme, voient. Et ce n’est pas ce qu’on veut faire passer comme message pour l’élevage”, déclare Emilie Magnien.

Éleveuse de brebis, Emilie Magnien a subi plus de 10 attaques depuis la mi-2023. Elle est située à Villeneuve-en-Montagne, dans un “triangle” entre Chalon-sur-Saône, Le Creusot et Montceau, où le loup est suspecté d’avoir multiplié les attaques depuis deux ans.

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“Les années se suivent et malheureusement se ressemblent”, déplore-t-elle. “On a l’impression que rien ne bouge, rien ne change. C’est pour ça qu’on a voulu appeler les éleveurs du département à la mobilisation, alors que la préfecture est en pleine réunion “comité loup” ce matin.”

Denis Berland, président de l’OS Mouton Charollais et membre de l’ASEB (association pour la sauvegarde de l’élevage et de la biodiversité) répète le sentiment partagé par les éleveurs : “Le loup n’a pas sa place en Saône-et-Loire et dans les zones d’élevage. Il faut arrêter de le laisser venir.” 

“Déjà que les éleveurs et leurs animaux sont en train de disparaître petit à petit… Le loup est une problématique supplémentaire”, juge Denis Berland. 

"Il faut le vivre monsieur, vous ne savez pas ce que c'est"

À l'issue de la réunion du comité "loup", le préfet de Saône-et-Loire Yves Séguy est sorti à la rencontre des éleveurs. Un échange cordial, mais tendu. 

Mes animaux, je les aime et je souffre à chaque fois qu'ils souffrent

"Qu'est-ce qu'on peut faire pour éviter que nous disparaissions ?" interroge une agricultrice, éleveuse de béliers de reproduction. "Parce que moi, je cherche quelqu'un pour reprendre... Je ne trouverai pas..." Elle s'interrompt, les larmes aux yeux. "Excusez-moi." Elle reprend : "J'ai des attaques tous les mois d'avril et de mai, depuis 4 ans... Faut le vivre monsieur, vous ne savez pas ce que c'est, vraiment. Mes animaux, je les aime et je souffre à chaque fois qu'ils souffrent."

Le préfet promet sa "considération la plus sincère pour les éleveurs et le monde de l'élevage". Yves Séguy redonne des chiffres : en 2024, les louvetiers (chasseurs habilités à tirer les loups) ont fait plus de 300 sorties. 

Le "loup à trois pattes", bête noire des éleveurs 

En Saône-et-Loire, le problème est concentré sur le secteur de Morey/Villeneuve-en-Montagne, territoire de chasse du fameux "loup à trois pattes" blessé par balle en décembre 2023, et qui depuis, court toujours.  

► À LIRE AUSSI : Blessé par balle il y a un mois, le loup qui sévit près du Creusot est "probablement" de retour

Yves Séguy affirme avoir demandé, le 11 décembre, "une dérogation à la préfète en charge du loup en France pour obtenir la poursuite des tirs dans ce secteur, avec les meilleurs de nos louvetiers". La réponse à cette demande sera sans aucun doute scrutée de près par les éleveurs.

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