Maison incendiée, ferry pour la Corse, téléphone éteint... Après 11 jours, la disparition de Philippe Monin reste une énigme

Philippe Monin, le plombier d'Allerey-sur-Saône (Saône-et-Loire), n'a pas donné signe de vie depuis plus de 10 jours. Il est inscrit au fichier des personnes recherchées.

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Ce vendredi 24 janvier, lorsque Martine (prénom d'emprunt) aperçoit son voisin Philippe Monin au volant de son utilitaire, vers midi, elle ne se doute pas qu'elle le voit pour la dernière fois. Une heure plus tard, de la fumée se dégage de la maison de Philippe. Un incendie. Les pompiers arrivent sur place, éteignent le brasier. Essaient de contacter le propriétaire, sans succès. S'inquiètent alors que Philippe Monin ait été pris au piège des flammes. Une fois le brasier éteint, ils fouillent les décombres à la recherche d'un corps. Mais ne trouvent rien.

La maison de Philippe Monin a été le théâtre d'un incendie le vendredi 24 janvier 2025 en début d'après-midi © Sébastien Kerroux / France 3 Bourgogne

"Un bon copain", un artisan "sérieux et professionnel", passionné de plongée

Depuis, Philippe Monin s'est comme volatilisé. Rapidement après l'incendie, ses proches essaient de le contacter mais tombent sur la messagerie. Le week-end passe sans aucune nouvelle. Lundi, alors que Philippe doit récupérer ses enfants chez son ex-compagne dont il est séparé, il ne se présente pas. L'angoisse monte chez ses proches.

Sa soeur Sylvie lance un appel sur les réseaux sociaux : "Nous sommes très inquiets. (...) La dernière fois qu'il a été aperçu était vendredi midi au volant à Baignant, Allerey-sur-Saône. Il est parti avec son véhicule, un Toyota Pro-Ace gris foncé, immatriculé FY 553 HX."

Dans l'entourage du plombier d'Allerey-sur-Saône, ce silence radio a tout pour être alarmant. Philippe Monin n'est pas décrit comme triste, renfermé ou solitaire. "C'est un bon copain, un bon voisin, on se rend beaucoup de services", nous explique sa voisine, très affectée. "Je ne comprends pas. Ce n'est pas un gars dépressif, il avait tout pour être heureux... Mais on appelle, on appelle, et il ne répond pas", se désole-t-elle.

Dans les environs du village, Philippe est dépeint comme un artisan connu localement, "sérieux et professionnel", "le" plombier du coin.

C'est aussi un passionné de plongée, qu'il pratique activement avec un club de Chalon-sur-Saône, l'Asprenaut. "La plongée, c'est son dada, c'est tout pour lui. Il est estimé dans ce milieu, connu comme le loup blanc", assure Martine. Philippe a d'ailleurs l'habitude de partir en séjour plongée dans le Sud de la France, mais jamais à l'improviste, note la voisine. "D'habitude, il nous prévient pour que l'on s'occupe de ses poules en son absence."

Disparition de Philippe M. : sa voisine, qui le décrit comme "un bon copain", assure qu'il ne manquait jamais de prévenir lorsqu'il s'absentait les week-ends. © Sébastien Kerroux / France Télévisions

Des indices dans le sud de la France

Côté gendarmes, l'absence de Philippe Monin est prise au sérieux. Elle conduit à l'ouverture d'une enquête pour "disparition inquiétante". Le plongeur est inscrit au fichier des personnes recherchées. Mais où peut-il bien être ?

Au bout de quelques jours, certains éléments sont mis au jour. Il apparaît que la carte bleue de Philippe Monin est utilisée pour acheter un billet de ferry en direction de la Corse. Le téléphone portable est brièvement localisé dans le sud de la France, aux alentours de Toulon dans le Var. Le port de Toulon est un embarcadère pour les liaisons avec la Corse.

La meilleure piste est que sa voiture soit aperçue sur place

Une source proche de l'enquête

Mais l'artisan était-il derrière ces opérations ? A-t-il pris le ferry pour l'île de Beauté, bien connue pour ses "spots" de plongée ? En ce début de semaine, les enquêteurs n'en savaient pas davantage. Mais selon nos informations, les recherches s'orientent désormais bel et bien sur la Corse. La gendarmerie locale a été prévenue. "La meilleure piste, c'est que sa voiture soit aperçue sur place", explique une source. "Mais elle peut très bien être cachée, dans un garage ou un sous-sol."

Côté géolocalisation, impossible de faire borner le téléphone de Philippe M. tant qu'il reste éteint. Quant à sa voiture, selon nos informations, la Toyota n'était pas équipée de traceur.

En parallèle, l'enquête sur l'incendie du pavillon d'Allerey-sur-Saône se poursuit. Lundi 3 février dans la journée, un expert incendie s'est rendu sur place pour identifier les causes du départ de feu. Incendie volontaire, accident, défaillance électrique ? Quel est le lien avec la disparition de Philippe Monin ? Pour l'heure, les questions sont plus nombreuses que les réponses.

Disparition de Philippe M. : le pavillon de l'artisan, qui a brûlé le 24 janvier 2025 © Sébastien Kerroux / France Télévisions

La piste d'une disparition volontaire ?

Dans cette énigmatique affaire, l'hypothèse d'une disparition volontaire est évidemment envisageable. "C'est possible. On ne sait jamais ce qu'il se passe dans l'intimité des gens, les problèmes qu'ils ont. Ils peuvent donner à leur entourage l'impression d'avoir une vie normale, sans soucis, mais on n'est pas dans leur tête", confie un enquêteur.

Selon cette enquête des Jours, entre 4 000 et 5 000 personnes choisiraient ainsi de disparaître des radars chaque année. Pour autant, en l'état actuel, la disparition de Philippe Monin est toujours considérée comme inquiétante.

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