Une station d'épuration appartenant à Euroserum, située à Senozan, au sud de la Saône-et-Loire, rend la vie impossible à certains habitants. François Lechon, un riverain, nous raconte son calvaire.
À Senozan, la station d'épuration n'est pas en odeur de sainteté. Et pour cause, la situation devient invivable pour les habitants à proximité. "Ça fait 45 jours d'affilée qu'on a de très fortes odeurs, comme celles de fosses sceptiques", se désole François Lechon, propriétaire d'une maison voisine à la station. "Quand on sort dans le jardin, on reçoit des espèces d'embruns boueux. Les chiens sentent mauvais, ils reviennent avec des microparticules dans les poils..."
Des conséquences désastreuses sur la qualité de vie
Quand il s'installe dans cette petite commune du Mâconnais, au sud de la Saône-et-Loire, François Lechon le fait en connaissance de cause. "On savait qu'en vivant à côté d'une station d'épuration, il y aurait des odeurs", précise-t-il.
On n'est pas arrivé comme ces Parisiens qui débarquent à la campagne, et qui essaient ensuite d'intenter un procès à un coq parce qu'il chante le matin. On était conscient des nuisances.
François Lechon, habitant victime de la station
Mais bien vite, la situation se dégrade. Les odeurs deviennent de plus en plus fortes, rendant l'aération de la résidence quasi-impossible. "Ça a commencé à fortement s'aggraver environ six-huit mois après qu'on se soit installé. Mais maintenant, même quand les fenêtres sont fermées, ça sent mauvais", indique le propriétaire.
Pire encore, les arbres plantés en bordure de terrain, pour créer une barrière entre la maison et la station semblent avoir avoir péri à cause des émanations. Les grilles métalliques montrent elles aussi des signes d'oxydation.
"Les matins en se levant, on tousse systématiquement, comme si on était pris aux poumons", ajoute François Lechon. "C'est inquiétant, parce qu'on se demande ce qu'on inhale comme particules. Quand je sors dans le jardin, maintenant, je mets un masque pour me protéger."
Pas de solution jusqu'à présent
De l'autre côté de la Saône, une autre victime des effluves d'eaux usées. Le port d'Asnières, un petit restaurant qui surplombe le fleuve, se trouve en face de la station d'épuration. "Quand ils brassent, toutes les odeurs arrivent sur la terrasse", décrit la gérante de l'établissement. "Ça fait des années qu'on contacte Euroserum à ce sujet, mais rien ne change."
Euroserum, cette filiale de Sodiaal qui produit du lactosérum, est la propriétaire de la station. Mais le site situé à Saint-martin-Belle-Roche, la commune mitoyenne de Senozan, doit mettre la clé sous la porte en septembre prochain. Conséquence, l'installation de traitement des eaux serait presque "abandonnée" d'après François Lechon. "On dirait qu'elle est laissée en auto-gestion depuis quelques semaines !", avance-t-il. "D'habitude, on voyait des ouvriers, mais désormais on ne voit plus personne." Contactée à ce sujet, Euroserum n'a pour l'heure pas répondu à nos demandes.
En dernier recours, François Lechon se tourne vers Vincent Faguet, le maire du village... mais lui aussi s'avère impuissant. "On écrit des messages et des mails, ils nous disent qu'ils vont faire quelque chose, mais finalement ils ne font pas grand chose", déplore-t-il.
Je fais ce que je peux et ce que j'ai le droit de faire, c'est-à-dire alerter sur la situation.
Vincent Faguet, maire de Senozan
Il espère toutefois que la reprise de la station d'épuration, une fois Euroserum fermée, permettra d'améliorer la situation. Parmi les candidats potentiels, Mâcon-Beaujolais Agglomération semble le repreneur le plus probable, la communauté de communes détenant la compétence de l'eau et de l'assainissement.