Yann et Enes, deux étudiants bourguignons ont modélisé les mines des Télots à Autun (Saône-et-Loire) grâce à la réalité virtuelle. Un projet qui permet d'en préserver le souvenir et d'entrevoir le patrimoine autrement.
À Autun, rares sont ceux qui ne connaissent pas la mine des Télots. Edifiées en 1813 au nord de la Saône-et-Loire, ces installations d’extraction de schiste ont compté parmi les plus grandes de France. Près de 2000 employés se relayaient à la mine pour extraire puis transformer cette matière en pétrole. Abandonné depuis 1957, le site disparaît peu à peu sous la végétation.
Trois mois pour reconstituer la mine en 3D
À l’Institut universitaire de technologie (IUT) de Chalon-sur-Saône, Yann et Enes tentent de faire revivre ce patrimoine grâce aux nouvelles technologies. A l’aide de photographies, plans et témoignages du Musée d’Histoire Naturelle de la ville, ces deux étudiants en Licence Professionnelle Technique du son et de l’Image ont réussi à reconstituer l’intérieur de la mine grâce à la réalité augmentée. Une prouesse qui n’était pas aisée comme l’explique Yann : « Reconstituer l’environnement tel qu’il était à l’époque, c’était vraiment quelque chose de difficile. Surtout que les images qui nous ont été données étaient de différentes époques donc il fallait les classer pour que cela représente le plus fidèlement possible la réalité. » Les deux camarades ont passé trois mois à programmer et modéliser l’ancien site minier.
Muni d’un casque de réalité virtuelle, Martial revit cette époque révolue depuis 65 ans. Enfant, cet habitant de Saint-Forgeot visitait la mine avec son père, un ancien employé des Télots. Un lieu sombre, dont il garde des images et des sensations impérissables : « Le souvenir que j’en ai, c’est une usine excessivement bruyante avec une odeur forte. Il y avait une odeur de schiste, une odeur qu’on retrouve dans les raffineries, se remémore ce Saône-et-Loirien. Avant de nuancer l'expérience vécue en 3D : « Le concasseur, dont on voit quelques pierres sortir, ce n’était pas la réalité des choses, ça tournait beaucoup plus vite et il y avait un bruit énorme. »
De la réalité virtuelle pour se souvenir
Le projet permet de préserver le patrimoine autrement et de le transmettre aux prochaines générations. D’autant plus que les installations sont rongées par la rouille et les bâtiments en béton s’effritent avec le temps. La simulation de la mine en réalité virtuelle rejoindra dès l’année prochaine le Musée d’Histoire Naturelle et sa collection dédiée au patrimoine industriel de Saône-et-Loire.
Reportage d'Alexandre Baudrand et Anthony Borlot.