Un éleveur comparaît devant la justice pour avoir détruit un barrage de castors qui menaçait ses terres, la polémique enfle

C'est une affaire qui commence à faire grand bruit. Le 7 janvier dernier, un éleveur d'Autun comparaissait devant la justice pour avoir détruit un barrage de castors qui menaçait ses cultures. L'Office Français de la Biodiversité a transmis un dossier au parquet. L'agriculteur a écopé d'un avertissement. Mais la polémique remonte jusqu'à l'Assemblée nationale.

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"Dois-je céder mon exploitation au castor et à ceux qui le défendent ?". Début janvier, Frédéric Brochot, éleveur à Autun et également vice-président du conseil départemental de Saône-et-Loire, était mis en cause par l'OFB, l'Office Français de la Biodiversité, pour avoir ouvert un barrage construit par des rongeurs semi-aquatiques sur son exploitation. Celui-ci menaçait d’inonder ses parcelles.

"Je ne voulais pas me débarrasser du castor. Je voulais juste qu’il aille dans son milieu naturel, dans la rivière. Le castor prolifère. La situation n’est pas gérée. On a un outil de travail qu’on ne peut plus utiliser. J’ai eu ma parcelle de céréale détruite, j’ai dû ressemer du maïs", dénonce ce lundi 27 janvier Frédéric Brochot qui estime ses pertes à 8 000 euros à cause du barrage et de l’inondation d’un de ses champs de blé.

Frédéric Brochot estime ses pertes à 8 000 euros à cause du barrage © Frédéric Brochot

Une comparution en justice, l’élu écope d’un avertissement

Le 7 janvier dernier, l’élu a comparu devant le tribunal judiciaire du Creusot pour avoir détruit le barrage des castors. Des agents de l’OFB ont transmis le dossier à la justice. Frédéric Brochot a finalement écopé d’un avertissement pénal probatoire. Cet avertissement pourra être revu en cas de commission d'un nouveau délit dans un délai de deux ans.

"Le procureur a vu qu’il y avait quand même un danger pour mon exploitation et pour la biodiversité. Le castor est protégé mais ne peut pas mettre en inondation une terre comme ça et mettre en danger un outil économique", confie l’éleveur.

Pour certains agents de l’OFB, il y a une certaine forme d’idéologie quand même. S’ils avaient réellement voulu trouver des solutions, ils auraient pu

Frédéric Brochot, éleveur à Autun

Frédéric Brochot se dit donc soulagé à la suite de cette décision de justice mais dénonce le manque de concertation avec l’OFB. "Ils le savaient. Ils sont venus plusieurs fois sur mes parcelles. Ils n’ont pas souhaité me rencontrer pour parler du problème. Ils m’en ont parlé au moment de l’audition", dénonce celui qui est également le vice-président de Saône-et-Loire.

Le barrage menaçait les parcelles de l'éleveur. © Loïc Hebbache / France Télévisions

L’OFB dit faire respecter la loi

Un élément que conteste l'OFB. "Le chef du service départemental de Saône-et-Loire avait échangé sur la problématique du castor, au cours de l'année 2023 avec Frédéric Brochot. Au vu de l'implantation de cette espèce sur le territoire, il lui avait rappelé que le service départemental était évidemment disponible pour se rendre sur le terrain".

L’Office Français de la Biodiversité explique également avoir simplement veillé au respect de la loi en trasmettant le dossier au parquet. Longtemps considéré comme un animal nuisible, le castor est désormais protégé en France. Toute atteinte au mammifère peut être puni de 150 000 euros d’amende et de trois ans d’emprisonnement.

Il est interdit de détruire, capturer ou perturber les animaux dans le milieu naturel et également de détruire, altérer ou dégrader des sites de reproduction ou de repos de l’espèce, ce qui est le cas des barrages

Office Français de la Biodiversité

"La destruction d’un barrage de castors est une infraction au code de l’environnement. Quand on nous signale une infraction, l’OFB ouvre une procédure judiciaire, instruit à charge et à décharge et transmet la procédure au procureur de la République qui va donner suite ou pas", indique l’OFB.

Des députés réclament la suppression de l’OFB

Ce samedi 25 janvier, le président du groupe des Républicains à l’Assemblée nationale, Laurent Wauquiez a réagi à la polémique. Dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, l’élu s’en prend à l’OFB, évoquant un "harcèlement administratif".

"Notre objectif, c’est de supprimer l’OFB qui est un organisme qui vient contrôler les agriculteurs avec un pistolet à la ceinture alors qu’ils nous nourrissent, que c’est grâce à eux qu’on a nos paysages", lance le cadre des Républicains.

L’OFB doit se remettre en cause et changer radicalement, ou bien disparaître

Josiane Corneloup, députée (LR) de Saône-et-Loire

Plus tôt dans le mois, Josiane Corneloup, députée (LR) de Saône-et-Loire, avait également demandé la suppression de l’OFB. C’était le 22 janvier dernier, lors d’une séance à l’Assemblée nationale.

"Nous pourrions tous ici multiplier les exemples à propos des lamentables méthodes de l’OFB. Aujourd’hui, il faut qu’elles cessent. Il faut prononcer sa dissolution ou opérer une refonte totale de son fonctionnement. L’OFB est discréditée et rejetée par des hommes et des femmes respectueux de la biodiversité qui ne doivent plus être traités comme des délinquants", lançait-elle, s’adressant à Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique et Annie Genevard, ministre de l’Agriculture.

La règlementation ne cherche pas à embêter les gens quels qu’ils soient. Elle vise à préserver notre environnement et notre santé

Office Français de la Biodiversité

Une polémique qui prend un ton beaucoup plus politique depuis quelques jours. Au grand regret des agents de l'Office Français de la Biodiversité : "On agit dans le cadre de la déontologie, avec impartialité et neutralité. Notre souhait, c’est de pouvoir faire notre travail. On applique la réglementation votée par les parlementaires. On espère revenir à une situation où on peut faire notre travail normalement". L'intersyndicale de l'OFB a d'ailleurs demandé à ses 3 000 agents d'annuler leurs missions en France. Un préavis de grève est déposé pour le 31 janvier.

De son côté, la ministre de la Transition écologique a souhaité défendre l'organisme suite à la prise de parole de la députée Josiane Corneloup : "Je voudrais leur exprimer mon soutien le plus ferme. Ce sont des agents publics qui exercent une mission de police. Les relations qu'ils entretiennent avec les chasseurs, les agriculteurs sont dans la plupart des cas apaisées", affirmait Agnès Pannier-Runacher, devant une Assemblée nationale visiblement divisée. 

D'un côté, des élus lançant des "bravos", de l'autre, des députés huant la ministre. Voilà une polémique qui n'a pas terminé de diviser.

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