C’est un fléau qui n’est pas nouveau mais touche en ce moment le Pays Sous Vosgien, en Haute-Saône et dans le Territoire de Belfort : le vol de câbles de cuivre qui équipent les lampadaires. Plusieurs villages ont été victimes de ces vols, depuis quelques semaines. Résultat : des communes privées d’éclairage public et surtout des dizaines de milliers d’euros de dégâts.
"On est scandalisé". À Giromany (Territoire de Belfort), les mots manquent à Jean-Louis Salort, 1er adjoint à la mairie. Depuis le 31 décembre 2024, en l’espace de quelques semaines, 17 rues de la commune ainsi que le terrain de foot, se sont vus dérober les câbles en cuivres des éclairages publics, soit près de 2 km de câbles. Les malfaiteurs ouvrent les coffres des lampes de rue, attachent les câbles à une voiture et les tirent. Ils récupèrent ensuite le cuivre qu’ils renferment. "C’est dramatique pour la commune. Déjà en période hivernale toutes les rues sont dans le noir, donc il y a beaucoup moins de sécurité. Les enfants s’en vont à l’école dans le noir, ils reviennent dans le noir… Les personnes vulnérables aussi, sont dans le noir. C’est compliqué".
45 000, 30 000, 16 000 euros de réparation
Dans le Pays Sous Vosgien, au moins quatre autres villages ont aussi été victimes de vol depuis le début de l’année : Rougegoutte, Vescemont, Eloie, Grosmagny et aussi à Plancher-Bas, en Haute-Saône. Pour ces petites communes, les devis de réparation sont très importants. "Pour certaines communes c’est 45 000 euros, d’autres 20 000, 16 000, 13 000… Ça dépend", détaille Pascal Baumgartner, électricien. Jean-Louis Salort explique que pour Giromany, l’enveloppe s’élève à 40 000 euros, s’ils ne font pas de mauvaise découverte, ne connaissant pas l’état des gaines. À Grosmagny, avec 1,5 km de câbles volés, le devis s’élève à 45 000 euros. "C'est une somme très importante pour notre petite commune de 500 habitants", souligne le maire, Maurice Leguillon.
À Eloie, 500 mètres de câbles ont été dérobés sur une voie toute neuve, fraîchement inaugurée. Un coup dur pour Eric Gilbert, maire de la commune. Outre l’aspect sécurité, il dénonce l’écart entre le gain fait par les voleurs et le coût que cela impute à la commune. "C’est une catastrophe. C’est 20 fois plus cher de réparer, comparé à ce qu’eux vont gagner. Pour nous, le coût s’élève à 20 000 euros et pour les voleurs, c’est 1 000 euros à la revente. C’est extrêmement frustrant", argue-t-il.
"Ce qui coûte, c’est la main-d’œuvre, qui est importante. Il faut une grue, deux/trois personnes au pied, et du câble. L’un dans l’autre, c’est ça qui fait cher", poursuit l’électricien. Pour éviter les nouveaux vols, ils remplacent les câbles en cuivre par des câbles en aluminium "car ça ne vaut rien, ça n’intéresse pas à la revente". À la revente, les voleurs empochent autour de deux euros le kilo pour les câbles bruts. C’est six fois plus s’ils les dénudent et ne revendent que le cuivre.
Appel à la vigilance des habitants
Face à cette recrudescence des vols ces élus des communes concernés craignent aussi la flambée de leurs cotisations d’assurance. "Déjà sans sinistre déclaré on est déjà augmenté…", lâche le maire de Grosmagny, avant que le maire d’Eloie ajoute : "On sait à quel point les assurances sont vigilantes envers les collectivités territoriales pour renouveler leur contrat. Là, assurément, c’est à nouveau une remise en cause de la pérennité de ce contrat à terme, si cela devait se renouveler."
Sur le volet judiciaire, aucune arrestation n’a été faite pour l’instant. Les gendarmes comptent sur la vigilance des habitants, en appelant le 17 pour signaler une voiture qui passe à une heure tardive. Mais appelle aussi les citoyens à relever les plaques d’immatriculation, la marque de la voiture… Les élus comptent également sur les signalements des habitants pour endiguer ce fléau.
Propos recueillis par Hugo Flotat-Talon/FTV