À Delle près de Belfort, 90% des salariés de la fonderie Eurocast ont cessé le travail selon les chiffres de la CGT. Motif profond de la grève, des conditions de travail qui se sont dégradées depuis 4 ans. Explications.
Leur revendication n’est pas salariale. Ils se disent prêts à mener une grève illimitée tant que leur directeur n’est pas évincé du site. Les salariés d’Eurocast tiennent tous le même discours. “Tous les ouvriers, que ce soit des intérimaires, viennent de plus en plus travailler avec la boule au ventre. Ça fait plusieurs années qu’on alerte la direction et ça ne bouge pas” explique Julien Porcher, l'un des 106 salariés de la fonderie. Management autoritaire, ton hautain, mépris des ouvriers. Voici, les reproches résumés en trois mois par les grévistes. “On ne parle pas aux ouvriers, comme il le fait, il y a du mépris, c’est honteux” dit-il.
Au-delà de la manière, les grévistes dénoncent une charge de travail qui s’est alourdie. “En l’espace de quatre ans, on a un quart de la boite qui est partie en démission ou en licenciements. La charge de travail a été répartie sur le peu d’ouvriers qui reste. On a aussi des arrêts-maladies liés à la situation” ajoute le salarié.
Il y a deux ans, les salariés d’Eurocast à Delle avaient déjà bloqué leur site de travail pendant près d’une semaine pour les mêmes raisons.
"Cela fait quatre ans qu’on subit"
Selon Messaoud Drideche, délégué syndical CGT élu au CSE, l’alerte des instances a été donnée depuis bien longtemps. Une enquête pour risques psycho-sociaux a été conduite. “Cela fait quatre ans qu’on subit. Depuis le retour des vacances, on a énormément de démissions, et le comportement du directeur ne change pas” dénonce le salarié. “On a des gens qui prennent des médicaments pour venir travailler. Il y a des conséquences sur les couples, la vie de famille”.
Le directeur pointé du doigt par les grévistes n’a pas souhaité s’exprimer pour réagir à ce mouvement de grève. Il aurait déjà eu plusieurs problèmes, y compris dans une autre fonderie de l’Aire Urbaine. Un ancien salarié se souvient là encore d’un homme aux méthodes particulières. “Il y a eu des démissions de par son attitude, des personnes licenciées à sa demande”.
Contactée ce mercredi 14 septembre par Emilien Diaz notre journaliste, la direction d’Eurocast n’a pas souhaité s’exprimer sur le mouvement de grève qui touche le site de Delle. Silence également du côté de l’actionnaire GMD.