Être ou ne pas être vacciné. Pour encourager la vaccination contre la Covid-19, plusieurs élus bourguignons, également professionnels de santé, n'ont pas hésité à médiatiser leur propre vaccination contre le Covid. Une démarche qui ne fait pas l'unanimité parmi les médecins engagés en politique.
Une piqûre, quatre photos un post sur les réseaux sociaux. Ce 7 janvier, le président (PS) du conseil départemental de la Nièvre a annoncé s'être fait vacciner contre la Covid-19. En tant que médecin de plus de 50 ans, Alain Lassus a pu recevoir l'injection au centre hospitalier de Nevers. Médecin généraliste et ancien maire de Decize (2008-2017), il estime que le vaccin "est [une] chance collective (...), il ne faut pas la rater pour d’obscures raisons administratives et d’hésitations politiciennes. Il faut la saisir, en urgence !"
Sur Facebook, l'élu nivernais lance un appel à ses confrères.
En tant que médecin, de toute mon expérience j’en appelle à toutes les bonnes volontés pour faire comme moi et se relever les manches pour une chose toute simple : se faire vacciner.
En Bourgogne, ils sont plusieurs, à la fois médecin et élu, à faire de leur propre vaccination un argument. L'objectif est notamment de convaincre certains patients réticents ou méfiants sur les effets secondaires de la vaccination. Le 8 janvier, François Deseille, médecin et adjoint au maire de Dijon a par exemple partagé les photos de sa propre injection à l'Hôpital privé Dijon Bourgogne. "En tant que praticien de santé âgé de plus de 50 ans, j’ai pu me faire vacciner. C’est une nécessité absolue de se faire vacciner contre le coronavirus. (...) Nos services de réanimation le réclament. Pensez aussi à nos entreprises, nos acteurs de la culture et du tourisme qui souffrent. Pensez aussi à nos jeunes. Vaccinez vous dès que possible."
De son coté, Sébastien Mirek, médecin anesthésiste-réanimateur au CHU de Dijon et référent "En Marche" en Côte d'or a lui aussi partagé la photo de sa vaccination. Le 7 janvier, en plus du hashtag #jesuisvacciné , il ajoute : "Presque une année passée à combattre ce virus en prenant en charge en reanimation et au bloc opératoire nos patients #COVID avec des formes graves. Une année 2021 placée sous le signe de l'espérance".
A Semur-en-Auxois, la maire, Catherine Sadon, Présidente de la fédération hospitalière de France pour la Bourgogne Franche-Comté, a elle-aussi choisi de recevoir l'injection devant les photographes. "Vaccinée ce soir à l’hôpital de Semur-en-Auxois. Quand on a ce moyen pour lutter contre la pandémie, il ne faut pas hésiter..."
Une démarche qui n'a pas forcément été bien vue par tous, ce qui a conduit l'élue à se justifier 24 heures plus tard sur les réseaux sociaux. "Cette opération était destinée à montrer l’exemple et à inciter ceux, trop nombreux, qui sont réticents à se faire vacciner. (...) Nous avons décidé d’organiser cette séance, pour d’une part montrer l’exemple et pour montrer qu’à Semur aussi on peut se faire vacciner. Je suis sidérée par la polémique que certains veulent installer sur un tel sujet. Un sujet d’intérêt général et de santé publique."
Médecin à l'agence régionale de santé, le maire de Saint-Apollinaire (divers droite), Jean-François Dodet a quant à lui relayé les images de l'installation d'un centre de vaccination dans sa commune sans pour autant se montrer en train de se faire vacciner.
Et des médecins-élus sceptiques
Mais l'engagement pour promouvoir le vaccin dépasse les clivages politiques, le constat est le même du coté des sceptiques.
Sénateur de Côte d'Or et soutien affiché au professeur Raoult, Alain Houpert (LR) ne postera pas ce genre de photos sur son compte Twitter. Et pour cause, il ne compte pas se faire vacciner. "Je suis pour les vaccins de manière générale, mais j'ai beaucoup de doutes sur ce vaccin fait dans la précipitation" explique le sénateur, également médecin radiologue. Pas forcément enthousiaste à l'idée de voir ses collègues publier les images de leur injection. "Chacun est libre de son comportement. Mais je n'ai pas à faire de la publicité pour une grande marque américaine" ajoute-t-il en référence au vaccin Pfizer.
"Les patients me demandent tout le temps si je le ferai, moi aussi. Je leur réponds en toute transparence que non."
Dans l'Yonne, le docteur Paulo Da Silva est maire de Treigny-Perreuse-Sainte-Colombe (Yonne). Ce médecin libéral en Puisaye s'était présenté sous l'investiture LaREM aux législatives en 2017. Il ne compte pas se faire vacciner. "Je n'ai pas cessé de travaillé depuis un an et j'ai été en contact avec des patients qui se sont avérés positifs au Covid-19, confie celui qui n'a jamais été malade du virus. Il est très probable que j'aie été contaminé à un moment ou à un autre. Je suis peut-être asymptômatique ou immunisé. En tout cas, je ne suis pas une personne à risque, et je laisse les doses de vaccin à ceux qui le sont vraiment."
En consultation cependant, Le Dr Da Silva Moreira incite vivement à ses patients de se faire vacciner. Le conseil du médecin paraît paradoxal avec ses convictions personelles, mais l'élu estime que les deux peuvent coexister : "les patients me demandent tout le temps si je le ferai, moi aussi. Je leur réponds en toute transparence que non."
Ne doit-on pas "donner l'exemple" lorsqu'on est élu et soignant ? "Ce n'est pas dans ma façon de voir les choses, les gens feront leur choix," répond le maire, pour qui l'épidémie ne pourra être vaincue que par une large couverture vaccinale au sein de la population française.
Les soignants, les Ehpad... et Alain Suguenot
Pour l'instant, la liste des personnes autorisées à se faire vacciner est réduite aux seuls pensionnaires d'Ehpad et aux soignants de plus de 50 ans. Pour encourager la vaccination, certains élus sont parvenus à se faire vacciner, sans rentrer dans ces critères. C'est le cas d'Alain Suguenot, le maire de Beaune (LR), à l'occasion du lancement de la campagne de vaccination à l'Ehpad Saint-Luc. "En tant que Président du Conseil de Surveillance des Hospices Civils, j’ai considéré qu’il était de mon devoir de montrer ma confiance en cette stratégie vaccinale."
Si l'initiative est saluée par certains, elles est également raillée par d'autres. "Un exemple ? Alors que le personnel soignant ne peut pas être vacciné ! On tombe sur la tête !!". Sans être soignants, l'élu s'est en effet affranchi des consignes de vaccination fixées au niveau national. Il s'est depuis justifié à nos collègues du Bien Public. "Toutes les personnes autour de moi étaient déjà vaccinées. Il restait des doses. J’ai accepté » explique le maire de Beaune.