Accidents et sécurité routière : l'Yonne détient un bien triste record de France

Sur les routes, l'Yonne figure parmi les départements les plus meurtriers de France. L'an dernier, les accidents ont coûté la vie à 22 personnes et en ont blessé 110 autres dans le département. La sécurité routière devient une priorité pour les autorités de l'État, bien décider à inverser la tendance.

Entre 2019 et 2023, en nombre de morts par habitants, l'Yonne détient un bien triste record en France métropolitaine : 99 morts sur la route pour un million d'habitants, c'est plus du double de la moyenne nationale. Une situation que les services de l'État veulent faire changer en 2025.

"C’est trop tard pour le regretter"

"J’ai fait un vol sur à peu près un mètre. J’ai essayé de me relever. Mais une de mes jambes ne tenait pas. Elle ne tenait que par le tendon".

Elliott Derre a vu sa vie bouleversée après un accident de scooter en 2012. Il coupe une route nationale pour gagner du temps, lorsqu'une moto surgit à pleine vitesse. Le choc lui détruit complètement la jambe : il doit être amputé quelques mois plus tard. Le début de 10 longues années de reconstruction.

J’ai voulu gagner cinq minutes, j'ai perdu une jambe. Et certains, pour gagner cinq minutes, ils perdent la vie. Dans mon malheur, j’ai eu de la chance.

Elliott Derre

Accidenté de la route

"On dit souvent que ça n’arrive qu’aux autres, jusqu’au jour où l’autre c’est nous. Et après, c’est trop tard pour le regretter. J’ai voulu gagner cinq minutes, j’ai perdu une jambe. Et certains, pour gagner cinq minutes, ils perdent la vie. Dans mon malheur, j’ai eu de la chance", témoigne Elliott.

Objectif : écarter les conducteurs à risques

Traversée par des axes majeurs comme l'A6, territoire rural où la voiture est indispensable, l'Yonne est historiquement très touchée par les accidents de la route. La préfecture multiplie les contrôles routiers en collaboration avec la gendarmerie. Objectif : écarter les conducteurs à risques. "Le but est de déceler et réprimer les grands excès de vitesse. Mais aussi retirer du réseau les conducteurs alcoolisés ou sous stupéfiants", explique Jérôme Gouhier, adjudant-chef porte-parole de l'escadron départemental de sécurité routière de l'Yonne.

J’ai déjà été contrôlé sur un petit excès de vitesse, ça m’a servi de leçon. Je n’ai plus recommencé

Des contrôles pour la sécurité de tous, que la majorité des automobilistes apprécient. "C’est toujours plus rassurant pour nous, pour notre famille. Il faut des contrôles, car il y en a toujours qui voudront pousser les limites". Pour certains, ces contrôles sont même parfois pédagogiques : "j’ai déjà été contrôlé sur un petit excès de vitesse, ça m’a servi de leçon. Je n’ai plus recommencé".

Répression et prévention

Des dispositifs amenés à se multiplier en 2025. La préfecture de l'Yonne a fait de la sécurité routière une priorité. Immobilisations étendues, destructions de véhicules plus fréquentes : sur l'année 2024, le bilan est plutôt positif, moins 37% de morts sur la route.

"Il y avait un certainement laxisme de la part des autorités publiques. Il y a un changement de cap depuis deux ans et aujourd’hui, ça porte ses fruits. On va maintenir cette pression des forces de l’ordre sur la route, mais en accroissant aussi nos politiques de prévention" affirme Pascal Jan, Préfet de l'Yonne.

"La chute à moto, c’est direction l’hôpital ou la morgue"

Sensibiliser les conducteurs, une action nécessaire pour limiter les accidents, mais pas suffisante selon les propriétaires de deux-roues. Une route mal entretenue peut avoir des conséquences dramatiques. C'est ce que constate Jean-Luc Prévost, coordinateur de la Fédération Française des Motards en Colère de l'Yonne. "Par temps pluvieux ou de brouillard, on n’aperçoit pas les trous. Et c’est la chute. Et la chute à moto, c’est direction l’hôpital ou la morgue".

On va maintenir cette pression des forces de l’ordre sur la route, mais en accroissant aussi nos politiques de prévention

Pascal Jan

Préfet de l'Yonne

Malgré des véhicules toujours plus nombreux, l'insécurité routière est tout de même en nette diminution en France. Dans les années 70, on dénombrait jusqu'à 18 000 morts par an, contre environ 3000 aujourd'hui.

► Avec Louis Mallejac et Audrey Champigny