Les français ont été consultés sur le changement d'heure, et il semblerait que le rituel heure d'été / heure d'hiver soit abandonné par une majorité de la population : 83,71% des répondants souhaitent mettre fin au changement d'heure... Qu'en est-il dans l'Yonne ?
Pourquoi mettre fin au changement d'heure ?La Commission européenne a proposé en septembre 2018 une nouvelle directive qui mettrait fin à ces changements controversés, impliquant d'avancer sa montre d'une heure en mars et de la reculer d'une heure en octobre.
Les ministres des transports européens, réunis en décembre, ont envisagé la date de 2021 pour abandonner ce système. Et à l'issue d'une action de coordination pour éviter un "patchwork" de fuseaux horaires, chaque État membre devrait alors décider de son heure légale.
Consultation nationale plébiscitée
Pour verser "un élément supplémentaire au débat", la Commission des Affaires européennes de l'Assemblée nationale a organisé une consultation sous la forme d'un questionnaire en ligne sur ces mouvements d'horloge qui peuvent avoir des conséquences sur la santé aussi bien que l'agriculture, le transport aérien ou la sécurité routière.
Menée entre le 4 février et le 3 mars, cette consultation sans valeur contraignante, mais dont le résultat sera transmis aux institutions européennes, a montré que "83,71% des répondants sont pour mettre fin au changement d'heure
deux fois par an".
Selon ces résultats, qui seront détaillés en commission le 12 mars, "59,17% des répondants choisissent de toujours rester à l'heure d'été" (UTC + 2). L'heure d'hiver, qui avait un temps tenu la corde, est à 36,97%, les autres répondants étant sans opinion.
Plus localement, la presse locale dans l'Yonne a recueilli les résultats suivants : 73% des habitants de l'Yonne ne veulent plus du changement d'heure. Dans la même étude. Ils sont 65% à préférer l'heure d'été comme référence.
Des résultats proches de la consultation européenne
Les résultats sont en adéquation avec une consultation lancée par la Commission européenne à l'été 2018 : sur environ 4,6 millions de participants au sein des pays européens, 56% des votants, dont la France à 52%, étaient pour conserver l'heure d'été, contre 36% en faveur de l'heure d'hiver.
Une différence entre pays du Nord et du Sud
Les répondants du Portugal, Chypre et de la Pologne avaient une préférence pour l'heure d'été, la Finlande, le Danemark et les Pays-Bas pour l'heure d'hiver.
Instauré initialement pour réaliser des économies d'énergie, le changement d'heure en été et en hiver dans l'UE - en vigueur en France depuis 1976 - suscite de vives oppositions depuis des années.
Ses détracteurs invoquent des effets négatifs sur le sommeil et la santé ou sur les accidents de la route, ainsi que l'absence de réelles économies d'énergie.
Sur la santé notamment, différentes études font état d'une hausse des infarctus du myocarde ou des crises cardiaques après le passage à l'heure d'été. Les périodes d'obscurité prolongées dues au passage à l'heure d'hiver constituent aussi un risque accru pour les cyclistes ou piétons.
Le ministre de la Transition écologique François de Rugy s'était déclaré en 2018 favorable à l'abandon du changement d'heure, et plutôt pour "réduire" l'écart avec l'heure naturelle du soleil - c'est-à-dire plutôt pour une
conversion à l'heure d'hiver.
Mi-février, l'Association contre l'heure d'été double, pour la réduction des avancements de l'heure légale (Ached), avait formulé des "doutes" sur la consultation française, notamment sur "la pertinence et la justesse" des informations apportées et des questions soumises.
En attendant que l'Union européenne tranche d'ici deux ans, mais le 31 mars prochain, la devinette reprendra pour les couche-tôt comme pour les couche-tard : à la nouvelle heure, quelle heure sera-t-il?
Le reportage de Sébastien Kerroux et Claude Heudes
Intervenants :
- Nicolas Perru, chef d'équipe dans une entreprise de travaux publics
- Mélanie Varache, éleveuse de vaches laitières