Durant ses vœux pour 2025, le maire de Sens, Paul-Antoine de Carville (LR), a réitéré sa volonté de réduire la taille du parc de logements sociaux de sa commune. Cette décision est dénoncée par les oppositions, qui estiment qu'elle favorisera les marchands de sommeil et l'installation dans des logements insalubres.
C'est une décision qui suscite de vives réactions. Lors de la cérémonie des vœux, le maire de Sens (Yonne), Paul-Antoine de Carville (LR), a réaffirmé sa volonté de réduire la taille du parc de logements sociaux dans sa commune. "Je le dis et je l’assume : au-delà de 30 % de logements sociaux, pour une ville comme la nôtre, c’est trop," a-t-il déclaré à nos micros.
Le principal facteur motivant cette décision est son souhait de favoriser une plus grande mixité au sein de la ville. Actuellement, 34 % des habitations de Sens sont des logements sociaux. L’édile ambitionne de ramener ce taux en dessous des 30 %. Lors de la cérémonie des vœux du samedi 11 janvier, il a même affirmé qu’il "faudra poursuivre nos efforts dans les années à venir."
Ce n'est pas tout. Paul-Antoine de Carville estime que cette réduction du nombre de logements sociaux est essentielle pour garantir un "accueil et un accompagnement efficaces des populations concernées." Il précise également que la suppression de plus de 300 habitations situées dans ce parc social a été négociée avec l'État en 2020.
C'est à cette date que la commune a signé le nouveau programme national de renouvellement urbain (NPNRU). Selon le site de la préfecture de l'Yonne, ce protocole prévoit la démolition de 617 logements sociaux et la reconstruction de 309 d'entre eux. L'État a également programmé la requalification de 505 logements et la création d’une nouvelle offre de 210 habitations.
Les oppositions vent debout
À la suite de ces déclarations, l'opposition municipale de Sens a publié un communiqué dénonçant des propos jugés "inadmissibles." "Ce séparatisme social pousse les plus précaires et les plus fragiles à se loger hors de la ville, contraignant de nombreux habitants à partir. Cela favorise le recours aux marchands de sommeil et à l'habitat indigne," affirme l'opposition.
Les cinq partis de gauche signataires de ce communiqué estiment que cette décision va à l'encontre des besoins réels des habitants : "la demande est très importante et les délais d'attribution sont interminables." Aucun chiffre n’a été communiqué par la mairie de Sens à ce sujet. Cependant, ces déclarations s'inscrivent dans une tendance nationale concernant la gestion du parc social.
Fin 2022, l'Union sociale pour l'habitat a publié un état des lieux du parc de logements sociaux en France. L'organisme révélait alors que 2,42 millions de ménages étaient en attente d’un logement social, dont 1,63 million pour une première attribution. En 2023, seulement 85 000 nouvelles autorisations ont été délivrées, bien loin de l’objectif gouvernemental de 250 000.
L'opposition municipale de Sens conclut son communiqué en affirmant qu'une "autre politique du logement est possible, loin de la vision de la majorité." Un message qui ressemble à un appel à peine voilé en vue des élections municipales de 2026.