La filière viticole bourguignonne s’est fixé pour objectif de réduire son empreinte carbone de 60 % d’ici 2035. Dans cette optique, certains vignerons ont choisi de miser sur une solution innovante : réduire le poids des bouteilles vides. Exemple à Saint-Bris-le-Vineux, dans l’Yonne.
Bruno Verret se tient devant une collection de vins de son domaine. Il présente une première bouteille et explique : "c’est le type utilisé auparavant. Elles pèsent entre 600 et 650 grammes." Il en prend une seconde. À première vue, tout porte à croire qu’il s’agit du même produit : même taille, même bouchon bleu, même étiquette, même forme.
Pourtant, une différence majeure existe : celle-ci ne pèse que 450 grammes. Le domaine Verret, situé à Saint-Bris-le-Vineux (Yonne), à une dizaine de kilomètres d’Auxerre, souhaite remplacer ses 300 000 bouteilles vides par d'autres plus légères. Les deux tiers de ces produits sont déjà remplacés, et, dans les années à venir, toutes le seront. Ils ont un objectif en tête : réduire leur bilan carbone.
Le verre est la première cause d'émission de carbone d'un vigneron. Bruno estime que la réduction du poids d’une bouteille permet de réduire de 600 tonnes le taux de CO2 de son vignoble. Un gain qu’il juge indispensable : "on ne peut pas prétendre avoir les plus beaux terroirs du monde sans tout faire pour essayer d’en prendre soin. Nous avons un rôle à jouer là-dedans aussi," affirme-t-il.
Cependant, l’aspect environnemental n’est pas la seule raison qui a poussé Bruno et Clémence à faire ce choix. Le bien-être des salariés a également été un facteur déterminant. "Ces bouteilles sont beaucoup plus légères et plus pratiques. Pour les équipes qui les manipulent toute la journée, c’est un gain de confort considérable", ajoute le vigneron.
Une décision prise par de plus en plus de viticulteurs
Ce type de bouteille ne coûte pas plus cher que les modèles classiques auxquels les vignerons sont habitués. "C’est même un peu moins cher," estime Bruno Verret. On pourrait donc penser qu’il n’y a plus de raison de ne pas adopter ce changement. Pourtant, certains viticulteurs restent encore réticents.
La fragilité potentielle des bouteilles allégées et la perception de la qualité liée au contenant figurent parmi les principaux freins identifiés par le Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne (BIVB). L'organisme se veut cependant rassurant. "La résistance des bouteilles est équivalente à celle des modèles plus lourds, et le message essentiel que nous voulons faire passer est que la qualité du vin n’a aucun lien avec son contenant," explique Sylvain Naulin, directeur général du BIVB.
L’allègement des bouteilles s’inscrit dans les mesures portées par le BIVB. Il ambitionne de réduire de 60 % l’empreinte carbone de la viticulture bourguignonne d’ici 2035. L’emballage et le transport des produits représentent un tiers des émissions totales de CO2 du secteur.
Depuis une dizaine d’années, le poids des bouteilles vides a progressivement diminué, atteignant aujourd’hui une moyenne de 560 grammes. Le BIVB souhaite désormais accélérer cette transition pour qu’elles pèsent, à terme, environ 400 grammes. "Nous pouvons et devons agir de la manière la plus évidente," explique Sylvain Naulin.
À ce jour, aucun chiffre précis n’est disponible concernant le nombre de bouteilles allégées en circulation ou le nombre de vignerons ayant adopté cette pratique.