Le vigneron et maire d'Irancy, Stephan Podor, est décédé mercredi 15 janvier des suites d'une longue maladie à l'âge de 60 ans. Ce personnage incontournable de la commune est raconté par l'un de ses amis, le vigneron Thierry Richoux.
"On se connaît depuis qu'on est gamins !" C'est de cette façon que Thierry Richoux, lui-même viticulteur à Irancy, évoque son ami Stephan Podor. Le maire d'Irancy (Yonne) est mort mercredi, à l'âge de 60 ans.
Thierry Richoux nous raconte qui était ce viticulteur issu de l'une des plus anciennes familles d'Irancy.
Une famille de viticulteurs
"Podor, c'est un nom très répandu à Irancy. Quand il était jeune, Stéphan habitait à Vincelles (Yonne) mais il passait tout son temps, les vacances dans la famille à Irancy. Son père était chef de gare, il a suivi la voie de la SNCF, il était à l'école d'apprentissage à Villeneuve-Saint-Georges, puis il a un peu travaillé aux Laumes, mais en restant attaché à Irancy et à la vigne. Il a bien vu, après, que la SNCF, ça ne lui convenait pas autant que ça !
Son grand-père avait des vignes, son cousin aussi. Stéphan a travaillé avec son cousin et il est devenu vigneron en faisant une formation à Beaune. Il faisait partie des familles historiques d'Irancy, surtout dans le monde vigneron. C'est particulier, Irancy à cette époque-là. Actuellement on est une dizaine de vignerons, mais j'ai connu Irancy avec 20, 25 vignerons. Donc des petites exploitations, des moins petites, et ça créait un tissu".
Défendre la viticulture traditionnelle
"Stephan, c'était quelqu'un qui était très attaché à ça, à la ruralité, au bon sens paysan. Il est toujours resté modeste au niveau de son exploitation, il travaillait en prenant son temps, de façon traditionnelle. Malheureusement, c'est un modèle qui tend à disparaître, c'est de plus en plus rare, ce style de vigneron. Maintenant, le business prend plus de place, tout le côté humain est mis de côté. Stephan, l'organisation des réunions, on finissait souvent chez lui, soit à manger chez lui, soit dans sa cave !
J'ai été au conseil municipal pendant 3 mandats, dont un avec lui. Après il est devenu maire, c'était un peu étonnant quand même venant de lui. Mais il a été à la hauteur de son rôle et de sa tâche. Il a enchaîné sur un deuxième mandat, que malheureusement il n'a pas pu terminer.
Ce n'était pas quelqu'un qui se mettait en avant, mais c'est quelqu'un qui était pour les discours officiels, qui aimait bien la langue française. Il était très attaché à Fernand Clas, qui était un poète du coin qui retranscrivait la vie des villages. C'était vraiment l'âme villageoise par excellence, Stephan.
Il avait des idées, un modèle qu'il défendait, il regrettait certaines actions qui étaient moins dans le sens de ses pensées".
Un maire engagé
"Il a su s'installer, se faire un nom, il n'y a personne qui ne l'aime pas. Honnêtement, en ce qui le concerne, tout le monde est attristé.
Il était dans le village déjà incontournable avant d'être vigneron !
Thierry Richoux, viticulteur à Irancy
À Irancy, on a une image toujours un peu révolutionnaire, anti-cléricale, village 'rouge' dans tous les sens du terme. Tout ça, tout le monde l'a un petit peu acquis. Stephan était assez consensuel. Sur l'échiquier politique il était beaucoup plus à gauche qu'à droite, en restant dans une gauche 'intelligente.'
Au niveau de la commune, on a eu des maires sympas, qui étaient à faire des économies pour ne pas trop dépenser. Lui, sans trop dépenser non plus, mais il entretenait grâce à des subventions : toute la toiture de l'église avait été refaite avant la Saint-Vincent 2016, la rénovation totale de la salle des fêtes... Des gros travaux pour le village, sans mettre en péril les finances de la commune !
Quand on est maire d'un village, même de 300 habitants, ça monopolise du temps, de l'énergie. Il a toujours été présent, et bien pris sa tâche à cœur".
Emotion et obsèques
Vendredi 17 janvier, les viticulteurs d'Irancy ont organisé leur repas de Saint-Vincent, un moment important dans la tradition vigneronne. "Forcément, là, on aura une pensée pour lui", ajoute Thierry Richoux.
La cérémonie des vœux du maire avait été maintenue : "on savait que ça n'allait pas très fort, c'est lui qui a insisté pour que cela ait lieu. Le 1er adjoint Patrick Cros lira un petit mot qu'il a rédigé. Ça risque d'être un moment fort."
Les obsèques de Stephan Podor auront lieu vendredi 24 janvier à Irancy, en fin de matinée.