Pommerit-Jaudy (22) : 50 jeunes du centre de vacances toujours en attente

Cinq jours après l'ordre de fermeture du centre de vacances de Pommerit-Jaudy, dans les Côtes d'Armor, 50 adolescents s'y trouvaient toujours ce lundi. Tous devraient être
évacués mardi matin au plus tard. 

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Fermeture exceptionnelle du centre de vacances

Quatre adolescents à l'hôpital, d'autres en "rébellion" et des gendarmes forcés d'intervenir: la préfecture des Côtes-d'Armor a pris la décision exceptionnelle de fermer une colonie "Vacances éducatives" où des jeunes étaient livrés à eux-mêmes faute d'encadrement suffisant, malgré le coût élevé du séjour.
Le centre géré par la société "Vacances éducatives" a fait l'objet d'un arrêté de fermeture mercredi de la part de la préfecture des Côtes-d'Armor pour "mise en danger de la sécurité physique et morale" des 80 mineurs qui y étaient accueillis, a déclaré le directeur départemental de la cohésion sociale (DDCS), Bertrand Rigolot. Le directeur a été remplacé à deux reprises en l'espace de quelques jours.

50 adolescents toujours sur place

Cinq jours après l'ordre de fermeture, 50 adolescents se trouvaient encore lundi à la mi-journée dans le centre de vacances situé à l'extérieur de la commune rurale de Pommerit-Jaudy, ont indiqué les autorités locales, disant espérer que tous soient évacués mardi matin au plus tard.
Certains parents sont depuis venus récupérer leur enfant, mais d'autres sont en attente d'un rapatriement par le train. La quasi-totalité des jeunes sont originaires de la région parisienne.

Des blessés, une rebellion et trois interventions des gendarmes

A l'un des accès du centre entouré par un mur d'enceinte, des jeunes évoquent des problèmes d'hygiène devant les journalistes avant d'être rappelés par des moniteurs. "On a pris des douches froides pendant quatre jours", glisse Cédric au micro de France Bleu. "On n'a pas changé de draps depuis le début". "C'est pas un château, c'est une HLM", lance Anne-Laure, évoquant des locaux en mauvais état et "des chambres trop petites pour deux personnes".

Faute d'encadrement, quatre pensionnaires ont été hospitalisés, dont une jeune fille qui souffre d'un traumatisme crânien à la suite d'une bousculade, a précisé Bertrand Rigolot. Elle a depuis quitté l'hôpital. Le centre a également été le cadre d'une "rébellion" au cours de laquelle un enfant a été blessé à la main et un autre victime d'une crise d'angoisse. Les gendarmes ont dû intervenir à trois reprises. Une autre jeune fille souffre de chocs à la tête qui entraînent des troubles de la vision.

Un encadrement insuffisant et dépassé

S'adressant à des élèves de 4e, 3e et lycée, le séjour, qui devait se prolonger jusqu'au 23 août, prévoyait une alternance de travail scolaire et d'activités de loisirs. Sur le site internet de la société, le prix du séjour estival de trois semaines est annoncé à 1.245 euros, hors transport et hors activités comme voile, tennis ou équitation.
Le problème, c'est que sur les 14 membres de l'équipe d'encadrement, seuls la moitié étaient chargés de la surveillance, les autres s'occupant de l'enseignement, a expliqué le directeur de la Cohésion sociale, qui s'est rendu sur place le 12 août à la suite d'un signalement. "Avec les repos, cela faisait cinq surveillants pour 80 jeunes".
Circonstance aggravante, le centre de vacances, en fait un établissement scolaire de plusieurs bâtiments autour d'un château, n'est pas adapté selon lui à ce type de séjour, avec des douches communes filles/garçons, dont les dortoirs sont mitoyens.

Dépassés, les surveillants ont renoncé à faire appliquer la discipline, laissant les jeunes fumer à l'intérieur du centre, s'auto-médiquer, ou ne pas participer aux activités  obligatoires. Dans ce type de séjour "à la carte", seuls les enfants dont les parents ont payé des activités supplémentaires ont une occupation en dehors du travail scolaire, les autres sont livrés à eux-mêmes. Selon Bertrand Rigolot, l'organisation "s'est engagée sur une publicité mensongère avec une salle de cinéma qui n'existait pas et une salle de sports pas accessible". "Je suis convaincu qu'il y aura des suites judiciaires", prévoit-il.

Le reportage de Jean-Marc Seigner et Fabrice Leroy



Interviews :
- des participants déçus
- Gérard Derouin, Secrétaire général de la Préfecture des Côtes-d'Armor
 

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