Un ancien capitaine de gendarmerie a été interpellé à Cesson-Sévigné (35) hier. Il est en garde à vue dans les locaux de la police à Rennes dans le cadre d'une affaire de stupéfiants à Mayotte.
L’ancien patron du Groupement d'Intervention Régional (GIR) de Mayotte, est en garde à vue depuis hier après-midi au siège de la Direction Départementale de la Sécurité Publique (DDSP) à Rennes. Il a été interpellé chez lui hier matin à Cesson-Sévigné dans la banlieue rennaise. Cette interpellation s’est déroulée sur commission rogatoire d’un juge d’instruction de Mayotte. C'est vers 6h ce lundi matin que des policiers rennais ont accompagné les policiers de la brigade de sécurité urbaine du commissariat de Mamoudzou (chef-lieu de Mayotte) pour l'interpellation.Gérard Gautier, est un ancien capitaine de gendarmerie à la retraite. Il s'était installé à Cesson-Sévigné depuis son retour. Il tiendrait une société dans le domaine de la sécurité. L'un de ses collaborateur aurait également été interpellé dans cette affaire.
Soupçonné d'avoir orchestré un réseau de trafic de stupéfiants
En février 2012, Le Point révélait qu'un juge d'instruction de Mayotte se heurtait au parquet de Mayotte alors qu'il s'apprêtait à mettre en cause des fonctionnaires pour "trafic de drogue". Le juge chargé au départ d'enquêter sur le décès de Roukia, une lycéenne de 18 ans morte par overdose, soupçonnait certains gendarmes d'avoir organisé sur l'île une partie du trafic de stupéfiants dont serait issue l'héroïne fatale à la jeune fille. Des fonctionnaires qui appartiennent tous au groupement d'intervention régional (GIR), la structure créée dans l'île en 2008 pour lutter contre les trafics en tous genres.En juillet 2013, Le Point, une nouvelle fois, révélait le contenu d'écoutes téléphoniques qui mettaient en cause le capitaine Gérard Gautier. Un rapport de synthèse adressé au juge Karki, en charge de l'enquête, indiquait que l'ancien patron du GIR, alors qu'il est retraité en métropole, "continue d'une certaine façon à diriger le GIR de Mayotte" et que son successeur "lui rend des comptes des suites de certains dossiers".
Des accusations auxquelles répondra Gérard Gautier quelques semaines plus tard.
Reportage Mayotte 1ère (19/07/2013) après les révélations du Point :
Reportage Mayotte 1ère -juillet 2013
Une affaire qui secoue Mayotte
A la même période, il y a un mois, face aux difficultés rencontrées par le juge d’instruction Hakim Karki, les avocats mahorais ont adressé un courrier à la ministre de la Justice Christiane Taubira. Ils y dénoncent des entraves de certaines forces de l'ordre."Nous, avocats, intervenons en qualité de conseils tant de la partie civile que des prévenus ou des mis en examen. Or, le juge d’instruction en charge de cette affaire et dont la mission première est de rechercher la vérité en instruisant à charge et à décharge, voit son action sans cesse entravée et retardée en raison de l’implication dans ce dossier de gendarmes, fonctionnaires au service de la République française"
Gérard Gautier déjà interpellé et relaché
En juin dernier, Gérard Gautier et l’un de ses anciens collaborateurs ont été en garde à vue dans les locaux de la police judiciaire de Nanterre, une garde à vue qui n’a pas été prolongée suite à une erreur de la doyenne des juges d’instruction. Convoqués ensuite à Mayotte par le juge d’instruction Harki le 1er juillet, les deux hommes ne se sont pas présentés au commissariat de Mamoudzou, pour cause de troubles psychiatriques.Sans doute transféré à Mayotte
Gérard Gautier a été placé en garde-à-vue à Rennes sans doute pour 48 heures. Le juge d'instruction pourrait prononcer un mandat d'amené en direction de Mayotte afin de l'auditionner en personne. Pour se faire, le juge de la détention et des libertés devra donner son accord et dans ce cas Gérard Gautier pourrait être placé en détention le temps d'organiser le voyage.Suite à la publication de cet article, l'ex-chef du GIR a tenu a apporter ses précisions :
« Le GIR de Mayotte dirigé depuis 2008 par le Capitaine de gendarmerie Gérard GAUTIER n’est pas responsable de la mort de ROUKIA, jeune comorienne dont le corps a été découvert dissimulé dans la brousse le 14 janvier 2011.Les expertises toxicologiques effectuées en juillet 2011 et en avril 2013 sur le corps de la victime indiquent qu’elle serait morte d’une overdose d’héroïne.
Ces analyses par ailleurs ne font apparaître aucune trace de cocaïne. Or les 2 grammes de stupéfiants remis par un informateur immatriculé à un policier du GIR le 2 décembre 2010 étaient constitués de cocaïne et non d’héroïne.
Un gramme a été utilisé pour les tests, le gramme de cocaïne restant a été restitué à l'informateur le 16 décembre 2010, certes imprudemment et cela constitue une erreur qui a été reconnue immédiatement par le policier concerné et confirmée lors de sa garde à vue diligentée par les services inspection de la Gendarmerie et de la Police le 14 mai 2011 à MAYOTTE.
L’enquête diligentée par ces services a mis en évidence des divergences qui peuvent remettre en cause la version donnée par les informateurs lors de leur garde à vue. Ainsi la version des deux informateurs mis en examen, qui mettent en cause des enquêteurs du GIR dans ce décès ne reposent sur aucune base factuelle sérieuse.
L’instruction à ce jour n’a pas permis d’identifier auprès de qui l’ami toxicomane de la victime aurait acheté l’héroïne qui a tué son amie.
Déjà à cette époque, le Procureur de MAYOTTE parlait dans son communiqué de presse du 4 août 2011 de « défense d’intérêts particuliers » dans la mise en cause des hommes du GIR.
Le capitaine GAUTIER et quatre ses hommes ont été placés une première fois en garde à vue le 18 juin 2013 à NANTERRE et à MAYOTTE. Relâché au bout de 48 heures suite à une erreur de procédure commise par les policiers de MAYOTTE et non pas par le doyen des juges – le capitaine GAUTIER a été remis en liberté avec 2 heures 30 de retard, pour se voir immédiatement notifier une convocation pour poursuivre sa garde à vue à MAYOTTE le 1er juillet 2013…
En ce qui concerne les références aux révélations d’écoutes téléphoniques dans le magazine LE POINT du 17 juillet 2013, la capitaine GAUTIER a obtenu un droit de réponse repris le 31 octobre 2013.
Ces révélations ont fait l’objet d’une vive réaction du procureur général de la REUNION dans un communiqué de presse du 19 juillet 2013. Ce haut magistrat rappelle ainsi qu’un juge ne peut instruire que sur les seuls faits dont il est saisi...
Eprouvé, le capitaine GAUTIER a été hospitalisé, les médecins rennais estimant que son état de santé n’était pas compatible avec une nouvelle épreuve de garde à vue. Pour ces raisons, cet officier n’a pas été en mesure de répondre aux nouvelles convocations des policiers mahorais.
Le capitaine GAUTIER rappelle en outre, que sa pathologie n’a pas vocation à être diffusée dans les médias, il s’agit là d’une violation de sa vie privée.
Interpellé à son domicile le 25 novembre 2013 par des policiers de MAYOTTE, le capitaine GAUTIER a été examiné par un médecin venu spécialement de la REUNION pour la circonstance et a accepté d’être transféré à MAYOTTE à l’issue de sa garde à vue.
Présenté le 29 novembre 2013 devant le juge d’instruction mandant à MAYOTTE, le capitaine GAUTIER assisté de son avocat, a demandé un délai pour que son conseil puisse avoir accès au dossier. Il a été mis en examen puis remis en liberté sous contrôle judiciaire 30 minutes plus tard.
Pour être complet, il est important de porter à votre connaissance que le capitaine GAUTIER a déposé avec ses hommes quatre plaintes avec constitution de partie civile depuis novembre 2011 pour violation du secret de l'instruction, atteinte à sa vie privée et atteinte à sa présomption d'innocence ainsi que deux plaintes pour diffamation. Une information judiciaire est actuellement en cours à la REUNON.
Par ailleurs une autre plainte pour détention arbitraire a été déposée au parquet de NANTERRE suite à la première garde à vue du capitaine GAUTIER.
La Garde des Sceaux a estimé ainsi nécessaire de saisir ses services d’inspection judiciaire.
Le capitaine GAUTIER a servi la Gendarmerie et la Justice pendant 35 ans dont 22 ans sur la Cour d‘Appel de RENNES, il demande seulement à bénéficier de la présomption d'innocence et indique que l’Etat assure sa protection juridique ; ses intérêts sont défendus par Me SZPINER et Mme PITCHOUGUINA avocats près de la Cour d’APPEL de PARIS et Me MOREL avocat au barreau de SAINT DENIS de la REUNION.