Les rayons charcuterie de supermarchés ciblés par les éleveurs de porcs. Ils étaient une vingtaine à Brest, une autre vingtaine à Rennes, à mener ce samedi des opérations de "stickage" contre la baisse des cours et pour la valorisation du porc français.
D'un pas décidé, une vingtaine de producteurs de porcs du nord Finistère ont investi le rayon charcuterie d'une grande surface de Brest. Depuis 2002 et la crise de la vache folle, l'Europe impose de préciser l'origine de la viande bovine, mais aucune réglementation n'existe concernant les autres viandes. Le porc est pourtant la première viande consommée en France. Les producteurs estiment que certaines grandes marques trompent le consommateur par les emballages. En apposant des autocollants faits maison, ils comptent leur apporter plus de lisibilité. D'après une étude de l'association CLCV, les consommateurs veulent à 80 % connaître l'origine de la viande. "On a le droit d'exiger que l'origine de la viande soit identifiée, on a le droit d'acheter de la viande française, italienne ou espagnole mais la mention UE n'est pas suffisante", a affirmé Yves-Hervé Mingan, représentant des JA du Finistère.
Actions similaires à Rennes et Quimper
A Rennes, les manifestants, qui avaient déposé de la paille sur le sol, ont tagué les vitrines présentant des produits de salaisonniers industriels sans mention d'origine avec les slogans "Cochon sur paille oui, éleveur sur la paille non", "Où est le porc français?", "Exigez le logo VPF" (viande de porc française).
A l'appel de la FDSEA, ils ont aussi apposé des autocollants avec l'inscription "produit sans origine" "exigez le porc français" sur les emballages. "Le prix du porc nous est payé trop bas, il ne nous permet pas de couvrir nos charges, la nourriture et les bâtiments", a expliqué Damien Legand, éleveur à Parigné (Ille-et-Vilaine), en assurant "travailler à perte". Dans le rayon, "il y a 90% de produits extérieurs à la France : on se bat pour nous, mais aussi pour les salariés français", a-t-il affirmé, en soulignant la "concurrence déloyale" selon lui de pays comme l'Allemagne.
Hausse de 30 centimes du kg de porc pour les producteurs
Le kilo de porc a été coté jeudi à 1,087 euros au marché au cadran de Plérin qui sert de référence au plan national. Les éleveurs réclament une "hausse immédiate de 30 centimes" au producteur "qui se traduira par quelques centimes sur le produit final".
Un site internet réclame l'étiquetage de l'origine des viandes, notamment le porc, pour que le consommateur puisse décider en toute connaissance de cause ce qu'il achète. Ces opérations de stickage devraient s'étaler sur plusieurs semaines, ont annoncé les éleveurs.
Le reportage à Brest (29) de Chloé Tempéreau et Carole Collinet
Interviews :
- David Riou, producteur de porcs à Plouvorn (29)
- Yannick Raguénès, Commercial pour un groupement de producteurs de porcs
- David Louzaouen, Jeunes Agriculteurs du Finistère
- Anne Uguen, Responsable produits frais - Leclerc