A partir du 8 mars prochain, le loi exige que les logements soient équipés de détecteurs de fumée. En Bretagne, deux usines tournent à plein régime pour équiper les foyers français, en misant sur le haut de gamme et le "made in France".
Face aux géants du secteur, l'entreprise Nexelec entend se démarquer en concevant un détecteur innovant: un petit carré compact de 3 cm d'épaisseur qui peut se parer de coques de couleurs. "On s'est aperçu que sur le marché on avait des produits assez peu qualitatifs et pas design", explique Raphaël Bélier, qui a créé Nexelec en 2009 avec un associé et ne cache par son objectif de profiter d'un "marché qui explose en ce moment".
Deux usines en Ille-et-Vilaine
Pour réussir, la PME d'Aix-en-Provence s'est appuyée sur deux usines d'Ille-et-Vilaine pour la fabrication, la Française des Plastiques (LFP, groupe Pigeon) et l'usine Capelec (groupe Simonin/Sintex NP) de Miniac-Morvan qui fabrique la carte électronique du détecteur de marque Insafe et réalise l'assemblage final.
Chez Capelec, la fabrication bat son plein. Dans une zone isolée du reste de l'usine, la fabrication des cartes électroniques est entièrement automatisée et les machines y battent une cadence infernale, sous l'oeil attentif des rares salariés qui travaillent dans cette zone sécurisée. A peine terminées, les cartes électroniques sont testées avant de rejoindre un vaste atelier où les ouvrières s'affairent à la fabrication et l'assemblage, multipliant les tests quasiment à chaque étape. Toutes les finitions sont faites à la main avec minutie, comme la pose de la pile ou l'emballage final.
Un nouvel atelier au mois d'avril
Un nouvel atelier est prêt à ouvrir en avril pour absorber le demande qui va aller en s'accroissant avec la loi qui oblige les foyers français à s'équiper avant le 8 mars, les grands propriétaires bailleurs ayant jusqu'à la fin de l'année pour équiper leurs locataires. La fabrication est déjà passée de 10 000 pièces par mois à 100 000 l'été dernier. En avril, la capacité doublera pour passer à 200 000 unités par mois.
Du haut de gamme de précision
Pour se démarquer de ses concurrents, l'entreprise a misé sur un produit haut de gamme, dont la pile dure dix ans. Le détecteur peut être fourni avec une télécommande, être vissé ou collé au mur ou au plafond. Seuls les composants électroniques viennent des États-Unis, d'Allemagne et du Japon, car il n'y a plus de fabricant en France, ce qui vaut au détecteur le label "Origine France garantie". "C'est de l'horlogerie", assure le directeur de Nexelec, dont les détecteurs sont vendus entre 36 et 45 euros. Mis sur le marché en 2012, il s'en est déjà vendu 300 000 exemplaires. L'objectif en 2015 est d'en vendre plus d'un million via internet et la grande distribution principalement.
Une centaine de salariés
La PME fait travailler une centaine de personnes, réparties dans les deux usines bretonnes, et dix à son siège. Courant 2015, 50 personnes supplémentaires viendront rejoindre les usines bretonnes et 10 autres le siège. L'entreprise anticipe l'après "boom" français sur les détecteurs de fumée en travaillant à une extension à l'international, même si l'équipement des logements dans l'Hexagone devrait s'étaler dans le temps.
Il y a en tout 33 millions de foyers à équiper, précise le chef d'entreprise, pour un marché estimé au minimum entre 600 à 700 millions d'euros, dont 350 à 400 millions sur les deux premières années. L'entreprise espère s'emparer de 5% du marché, "peut-être 7%", et après un chiffre d'affaires de 2,5 millions d'euros en 2014 se fixe pour objectif 15 millions d'euros pour 2015.