Entre 50 et 80 % de pertes sur leurs exploitations de moules de bouchots. Les juvéniles mais aussi les moules prêtes à la vente sont la proie des araignées de mer qui dévorent tout ce qu'elles trouvent. Après les prédations faites par la daurade royale et la dorade grise, depuis deux ans, ce sont les attaques des araignées de mer qui mettent à mal les finances des mytiliculteurs de la baie de la Fresnaie et de Saint-Brieuc.
Depuis quatre ans, Cédric Serrandour vit un véritable cauchemar. Après les prédations faites notamment par les daurades sur ses parcs de moules de bouchots, depuis deux ans, c'est la prolifération hors de contrôle des araignées de mer, qui mettent à mal les exploitations dans les secteurs de la baie de la Fresnaye et de celle de Saint-Brieuc.
50 à 80% de pertes ces cinq dernières années
"On est en train de découper les filets pour préparer les ventes de moules de demain. Et on remarque qu'il y a plus de filets que de moules. Les araignées ont tout mangé" se désole Anthony Juin, mytiliculteur et président du Syndicat mytilicole de la baie de Saint-Brieuc.
En fonction des zones dans les deux baies, les crabes s'attaquent davantage aux naissains ou bien aux moules adultes. Pour Cédric Serrandour à la tête de l'entreprise "les merveilles du cap" dans la baie de la Fresnaye, la situation est devenue une véritable obsession. "Moi, je me lève araignées, la journée c'est araignées et je me couche araignées. C'est le fléau qui va mettre notre profession en péril."
Une alerte lancée il y a 4 ans par les professionnels
Malgré les appels à l'aide lancés depuis quatre ans par les professionnels, rien ne semble bouger du côté de l'Etat ou des collectivités locales.
Le 26 août 2024, Daniel Cueff, vice-président de la région Bretagne est venu à la rencontre des professionnels. Une venue pour connaître l'ampleur du phénomène et les conséquences économiques
Le 5 juillet dernier, pour montrer leur ras-le-bol, une cinquantaine de mytiliculteurs avaient monté une opération coup de poing. Ils avaient bloqué le passage du barrage de la Rance pendant plusieurs heures pour redire leur inquiétude.
À LIRE AUSSI : araignées de mer échouées sur les plages du littoral
Désormais, l'impatience des mytiliculteurs semble avoir cédé la place à la colère. Pour Cédric Serrandour, qui affirme avoir perdu 1 million d'euros en cinq ans à cause de ces proliférations de prédateurs des moules de bouchot, "le blocage du barrage était une entrée en matière. Quand on n'a plus rien à perdre, on a d'autres moyens pour se faire entendre."
Une étude scientifique sur les araignées de mer
IFREMER a prévu de débuter prochainement des recherches sur la population des araignées de mer. L'étude sera effectuée en collaboration avec le comité régional des pêches et celui de la conchyliculture. Ces travaux de recherches devraient durer 3 ans.
Pas le temps d'attendre pour les professionnels du secteur qui réclament un accompagnement. "Nous avons besoin d'aides financières directes pour renflouer les comptes et pour survivre" précise Anthony Juin "et dans un second temps nous demandons une classification des araignées en nuisibles sur la zone des bouchots".
Des producteurs de moules de bouchots qui craignent le pire pour les mois qui viennent.
En 2025, on part sur une année blanche.
Cédric Serrandourmytiliculteur en baie de la Fresnaye
Une menace d'autant plus sérieuse que les moules de bouchots des deux baies en question seront rares en 2025. Les naissains, c’est-à-dire les bébés moules, ont été dévorés en grande partie par les araignées de mer. Les mytiliculteurs se préparent à une année blanche.