C’est une expérience inoubliable que s’apprêtent à vivre les musiciens du bagad de Perros-Guirec. Le 17 mars, prochain, ils participeront à la grande parade de la Saint-Patrick à New York. D’autres bagadoù les ont déjà précédés dans cette aventure, mais ils seront les premiers costarmoricains à fouler la Cinquième avenue au son des bombardes et des binious.
Dans trois semaines, ils seront sur la scène du Quartz à Brest pour la première manche 2025 du championnat des bagadoù mais leur esprit sera sans doute déjà un peu ailleurs, de l’autre côté de l’Atlantique, à New York, où les sonneurs vont défiler dans les rues de la Grosse Pomme pour la Saint-Patrick.
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Un défilé après un coup de pub
Une présence en chair et en os cette fois-ci. Car le bagad de Perros Guirec s’est déjà offert voilà un an 15 secondes de gloire avec une vidéo diffusée sur un écran géant à Times Square. Un coup de pub qui avait fait le buzz à l'époque.
"C'est parti de l'idée de l'un d'entre nous qui avait vu que l'on pouvait acheter 10 ou 15 secondes de projection sur écran géant Time Square pour quelques dizaines de dollars. On l'a fait un peu pour plaisanter et on a partagé la vidéo sur les réseaux et ça a été reprise par la presse. C’est vrai que ça nous a un petit peu dépassé, car au début, c'était une blague et on s'est dit 'quitte à avoir lancé la chose, pourquoi pas aller jusqu'au bout'. Surtout qu'on savait que d'autres avaient déjà défilé à New York donc pourquoi pas voir si c'est possible" explique Sylvain Milbeo, joueur du bagad, caisse claire.
Les précédents de Landerneau, Lorient, etc
Le Bagad Sonerien Bro Dreger ne sera pas le premier à fouler l'asphalte de la Cinquième avenue. Le bagad de Landerneau avait ainsi défilé en 2015 devant plus de 2,5 millions de spectateurs répartis sur le parcours de cette grande parade, suivi deux ans plus tard en 2017 par celui de Lorient. Avant eux, les bagadoù de Quimper, Plougastel, Vannes et Saint-Nazaire avaient pu se distinguer outre atlantique.
Mais aucun groupe breton n'a fait le déplacement depuis 2017. Il faut rappeler que l'évènement fait son grand retour après une absence de quatre années depuis la pandémie de Covid-19.
Et l'expérience de ces premières prestations a permis au Bagad Sonerien Bro Dreger de peaufiner son voyage.
"C'est vraiment un esprit de cohésion et de grande famille qui est en train de se renforcer. C'est une belle aventure qui nous arrive. C’est le voyage d’une vie, d'un groupe et ça fait 40 ans que le bagad existe et on n'a jamais eu un voyage de ce type. On est déjà parti en Irlande mais là New York, c'est ..." se réjouit Lénaïck Le Jannou-Lebrun, la présidente du Bagad.
Pour Gwendal Le Bras, le penn-soner du bagad, "c'est une émulation et ça n'arrive pas par hasard. C'est à un moment où ça roule pour le groupe avec de bonnes prestations l'année dernière".
Un grand voyage qui se prépare
Mais avant de boucler les valises, il a fallu travailler d’arrache-pied pour que les 48 musiciens, et 12 accompagnants, soient de l’aventure. 76.000 euros de budget à trouver, avec notamment un appel aux dons via une cagnotte en ligne. Et tout le Trégor a répondu présent et s’est mobilisé.
J'ai découvert au travers de toute cette préparation, l'affection du territoire pour le bagad, le crowdfunding ayant marché incroyablement.
Gwendal Le Bras,Penn-soner du Bagad Sonerien Bro Dreger
Un engouement qui ravit Gwendal Le Bras : "Ce que j'ai découvert au travers de toute cette préparation, c'est l'affection du territoire pour son bagad, le crowfounding ayant marché incroyablement. On a plein de personnes autour qui nous témoignent leur affection, leur envie de voir le bagad du coin rayonner. C'est tous ces gens-là du Trégor que l'on va emmener avec nous, car c'est grâce à eux qu'on peut y aller".
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À deux mois de l’évènement et malgré des mois de préparation "quasi quotidienne" qui ont permis de boucler toute la logistique du voyage, de la présence sur place durant une semaine, l’excitation et l'appréhension commence à monter : "Tout n'est pas prêt. Il y a toujours ces petites incertitudes, mais on a le principal, car quand on a le transport, l'hôtel et les concerts sur place, le reste peut faire place à l'improvisation" livre François Le Gall, joueur de cornemuse.
Une répétition sur une piste d'atterrissage
Ce qui ne sera pas improvisé, c’est leur prestation. Un défilé devant deux millions de personnes sur la Cinquième avenue, ça s’anticipe, même si le groupe a l'habitude des prestations devant le public.
"On doit surtout apprendre à défiler sur une avenue aussi large. C'est pour cela que l'on a réservé l'aéroport de Lannion, du moins une piste d'atterrissage pour apprendre à défiler sur une très grande rue" relate Benjamin Rodriguez, joueur de cornemuse.
La répétition sur le tarmac est prévue pour le 1ᵉʳ mars, à peine deux semaines avant le décollage pour les USA.