Porc: malgré la crise, la Cooperl poursuit son développement

Malgré une année 2015 "très difficile", Cooperl Arc Atlantique, numéro un du porc en France, a accru son activité et créé près de 250 emplois, ont annoncé ses dirigeants vendredi, au siège du groupe coopératif à Lamballe (Côtes-d'Armor).

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"L'année 2015 a été très difficile mais nous avons malgré tout augmenté de 3,5% le nombre de porcs commercialisés (5,7 millions) et 244 personnes ont été embauchées en CDD et en CDI sur l'année", a expliqué Patrice Drillet, président du groupe, qui emploie au total 5 300 salariés, lors d'une conférence de presse avant une assemblée générale prévue le 17 juin.

Les effets de cette année difficile se retrouvent dans les résultats financiers: pour un chiffre d'affaires de 2 milliards d'euros, identique à 2014, le résultat est de 5 millions d'euros, contre 15 millions en 2014. Cependant, les investissements se sont élevés à 57 millions en 2015, contre 44 millions en 2014. Ils ont porté notamment sur la réhabilitation de l'usine Brocéliande, à Loudéac (Côtes-d'Armor).

Traverser une crise sans précédent

La production porcine a traversé une crise sans précédent en 2015, avec un cours du porc tiré vers le bas principalement par la concurrence européenne, Allemagne et Espagne en tête, et insuffisant pour couvrir les charges des éleveurs. Lors de la dernière cotation, jeudi, au marché du porc breton (MPB) qui sert de référence au plan national, le prix s'est établi à 1,31 euro le kilo, en hausse de 2,5 centimes par rapport à la précédente cotation, lundi. Depuis la mi-avril, le cours est en hausse modeste mais régulière, après avoir plongé autour de 1,07/kg en début et en fin d'année 2015. Durant cette longue crise, accentuée par l'embargo russe sur le porc européen, la Cooperl "a porté ses efforts vers ses adhérents (2.700 producteurs, ndlr) techniquement et financièrement pour les aider à passer le cap jusqu'à avril 2016", a souligné Patrice Drillet. La situation a été facilitée par la baisse du prix de l'aliment pour les porcs, consécutive à de très bonnes récoltes mondiales en céréales et protéines, "ce qui a permis aux éleveurs de retrouver un peu de marges, bien qu'il reste à combler le déficit de 2015", a-t-il insisté.

La bonne santé de l'export

Autre bonne nouvelle, "une croissance très forte de l'export" qui conforte pour la Cooperl sa place de "premier exportateur français", avec "35% de la production" à l'export. "Cette croissance nous a permis de gommer les effets de l'embargo russe", a précisé Patrice Drillet. "Nous sommes dans un marché mondial et le maître-mot reste la productivité dans tous les maillons de l'entreprise (...), ce qui implique d'investir et d'innover en permanence", a fait valoir le président.

Objectif : gagner de la marge

Le groupe coopératif compte ainsi accroître la production de porcs sans antibiotique - elle devrait atteindre les 20% en 2016 avec l'objectif à terme de concerner la totalité de la production -, poursuivre dans le porc non castré et le bien-être animal (90% de la production) mais aussi réfléchir aux "bâtiments modernes des années à venir" ou aux moyens de gagner de la marge, "de l'ordre de 20 euros par porc", afin d'anticiper une concurrence internationale accrue, en particulier en cas de signature d'un traité de libre-échange (Tafta) entre l'Union européenne et les Etats-Unis.

Parmi la "quarantaine de projets" en gestation, "un projet de méthanisation éco-compatible", évoqué par le directeur général, Emmanuel Commault. "Un projet très important pour combler une partie des distorsions de concurrence avec nos concurrents allemands", ont précisé les dirigeants du groupe.

Le mouvement de grève de mars 2016

Ces derniers ont abordé le mouvement de grève qu'a connu le groupe au printemps, le plus dur depuis sa création en 1966. "Nous avons signé 15 accords sociaux en 2015", a indiqué Emmanuel Commault, qui s'est félicité de la "victoire du dialogue social dans l'entreprise", où des négociations sont toujours en cours pour "une réforme économique" prévue avant la fin de l'été portant notamment sur un nouveau mode de calcul de primes des salariés.
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