Assises des maires à Saint-Brieuc : quelles sont les réponses apportées par Emmanuel Macron ?

Le président a échangé durant trois heures avec plus de 600 élus, réunis pour les "Premières Assises des maires de Bretagne", au centre des Congrès de Saint-Brieuc. Emmanuel Macron s'est dit "fier" de leur engagement et, au delà, de celui des "1,5 million" de Français ayant participé au grand débat.


En Bretagne, le président de la République Emmanuel Macron a fait un premier bilan du grand débat avant de le clore en Corse ce mercredi soir. Il a donc longuement répondu ce mercredi aux maires de Bretagne réunis à Saint-Brieuc, lors d'Assises régionales. Il a commencé par remercier tous les élus pour leur engagement, avec les quelque 1,5 millions de Français qui ont activement participé au grand débat, et qui à partir de l'expression d'une colère ont permis de faire émerger "une expérience démocratique complètement inédite". "Nous avons à redéfinir notre projet national et européen", a -t-il encore ajouté après avoir listé les évolutions de la famille et du travail, la révolution numérique, la transition démographique et la transition écologique, "pour qu'il y ait les bonnes réponses, la bonne organisation collective et aussi le sens qui permet de répondre à ces défis."
  

Décentralisation, droit à la différenciation et à l'expérimentation


Le chef de l'Etat a rappelé son discours de Quimper en juin 2018 où il prônait "la possibilité de bâtir avec la région et les territoires un projet d'adaptation, d'expérimentations, d'innovations publiques sur les sujets de mobilité de culture ou encore d'éducation..." Sur la mobilité et la RN164, "les engagements sont tenus" a-t-il insisté, précisant que maintenant il souhaite aller encore plus loin "en modifiant la constitution pour y introduire un droit à l'expérimentation et à la différenciation"

Pour ce qui est de la décentralisation, il a mis en avant un profond malentendu, pour les départements en particulier, en charge de compétences nouvelles mais pour lesquelles ils n'ont pas le financement. En matière social par exemple, les départements gèrent des dépenses, mais sans être décisionnaires et avec une fiscalité déconnectée de ces dépenses. "Aujourd'hui il y a un décalage démocratique parce qu'on a transféré des compétences, les financements ne sont pas cohérents avec ces compétences et nous n'avons pas toujours transféré les responsabilités qui vont avec !" Ce qui créé "une frustration des élus et qui nourrit un sentiment dangereux pour nous tous "anti-Etat". Il faut partager les responsabilités a alors déclaré Emmanuel Macron, "Ce temps de décentralisation doit être un temps de clarification des compétences, des responsabilités et des financements."
  

Sur la cohésion territoriale et la taxe d'habitation


Le Président de la République a abordé cette question de cohésion territoriale par le biais de la taxe d'habitation, qui selon lui était surtout pénalisante pour les villes moyennes qui supportent les charges de centralité de l'intercommunalité, tout en se battant pour maintenir leurs infrastructures. Balayant au passage l'argument de Pierre Méhaignerie sur un avantage comparatif de cette taxe d'habitationdes pour les Métropoles par rapport aux petites villes. Il a réaffirmé le caractère très injuste de cette taxe et de la nécessité d'un "lien de fiscalité entre chaque niveau de collectivité avec ses habitants". La taxe d'habitation étant pour lui "l'archétype de l'impôt anti-classe moyenne". Un impôt a confirmé le Président, "qu'il était bon de supprimer et qui ne sera pas remplacé par un autre impôt" pour les contribuables, mais qu'il faudra compenser pour les communes, avec plusieurs hypothèses possibles. Le transfert de la taxe foncière des départements vers les communes ou un "morceau d'impôt national transféré à la commune."
 

Sur la loi littorale


Les élus ont exprimé de façon récurrente les freins administratifs et le carcan des normes auxquels ils sont régulièrement confrontés, avec la loi littorale en particulier souvent pointée du doigt. Des sujets sur lesquels le chef de l'Etat a rappelé la réforme déjà engagée à l'initiative d'élus du Morbihan sur les effets pervers de la loi littoral sur les dents creuses notamment et modifié dans la loi Elan. Il s'est alors dit prêt à aller plus loin et à simplifier encore si possible et de façon très pragmatique.
 

Le discours d'Emmanuel Macron dans son intégralité

 

Synthèse présentée lundi au gouvernement


Deux mois et demi après avoir lancé le Grand débat et alors que l'opposition exprime fortement son impatience, le chef de l'Etat est désormais au pied du mur: il devra décider  des suites à donner, après une synthèse des souhaits des Français qui sera présentée lundi au gouvernement. Il devrait intervenir vers la mi-avril pour de premières  annonces mais pourrait aussi égrener des décisions jusqu'à l'été, selon son entourage. "J'ai l'immense responsabilité d'y répondre et de le faire avec la conviction que ce peut être ni un reniement de ce qui a été fait depuis deux ans ni un entêtement", a souligné Emmanuel Macron. 

En concluant son intervention, Emmanuel Macron s'est dit "surpris" de l'absence dans le grand débat des thèmes du chômage, de l'international et du terrorisme. "Je vois un risque, c'est l'individualisme", a-t-il ajouté, en précisant qu'il n'y aura pas "66 millions de réponses".
    

Les réactions des maires à l'intervention du Chef de l'État


Au coeur de ces premières Assises des maires de Bretagne, la restitution d'une enquête inédite menée auprès de 1208 maires, enquête sur le fonctionnement des institutions, le ressenti des maires, sur leurs difficultés et leurssolutions. Des élus venus à Saint-Brieuc avec dix propositions concrètes et qui maintenant attendent des actes au-delà des mots.


Le reportage à Saint-Brieuc de Stéphanie Labrousse, Delphine Ruaux et Anne-marie RouannèsInterviews : Yves Bleunven, maire (SE) de Grand-Champ (SE) et président de l'association des maires du Morbihan - Dominique Cap, maire (DVD) de Plougastel-Daoulas et président de l'association des maires de Bretagne - Marc Le Fur, député LR des Côtes-d'Armor et conseiller régional


Des élus qui demandent au chef de l'Etat de leur faire confiance et qui proposent notamment la généralisation des maisons de services aux publics, l'accompagnement financier des innovations rurales, la possibilité ainsi d'expérimenter à l'échelle bretonne, une Bretagne "laboratoire" en quelque sorte. La répartition des dotations de l'Etat sous l'autorité d'un comité régional des finances locales fait encore partie des propositions. Et puis, il a également été largement question de décentralisation, d'un interlocuteur unique de l'Etat sur le territoire. Certains élus, comme le député Marc Le Fur, regrettent qu'Emmanuel Macron n'ait pas abordé certains sujets comme le Brexit, la Bretagne à 5 ou la santé.
 
Interview de Marc Le Fur, député des Côtes d'Armor (LR), à l'issue des Assises des Maires de Bretagne à Saint-Brieuc recueillie par Stéphanie Labrousse et Sandrine Ruaux
L'interview de François Cuillandre, maire de Brest (PS) à l'issue des Assises des maires de Bretagne à St-Brieuc recueillie par Stéphanie Labrousse et Sandrine Ruaux
L'interview de Yann Jondot, maire de Langoëlan (56) à l'issue des Assises des Maires de Bretagne à St-Brieuc recueillie par Stéphanie Labrousse et Sandrine Ruaux


 
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