Concilier sport et école n'est pas toujours évident pour les enfants. Entre le transport et les entraînements, souvent en fin d'après-midi, le temps pour faire les devoirs se retrouve réduit. Pour faciliter la vie des jeunes licenciés, certains clubs ont mis en place une aide aux devoirs avant de jouer.
Lundi, 17h, à la sortie du collège Chateaubriand de Plancoët dans les Côtes d'Armor. Marie et Paco, deux référents du club de foot attendent patiemment. Au compte-goutte, des collégiens les rejoignent. Pas de car scolaire pour eux ce soir-là : "À la place de rentrer chez nous et de repartir direct, on va faire nos devoirs dans le foyer du foot" explique l'un d'eux, sac sur le dos et lunettes sur le nez.
Sur le chemin entre le collège et le stade, il est évidemment question de football, mais pas seulement : "Je dois réviser, j'ai évaluation de physique chimie et histoire-géo demain..." souffle l'un des footballeurs.

Alternative au manque de transports en commun
Depuis plus de dix ans, le Plancoët Arguenon Football Club propose ainsi de l'aide aux devoirs à ses jeunes licenciés, habitants dans une vingtaine de communes alentour.
"On a débuté ça entre dirigeants, parce qu'on s'est rendu compte qu'une fois rentrés chez eux, après le goûter, les enfants n'avaient pas toujours la possibilité de venir à l'entraînement" explique Eddy Bertin, président du Plancoët Argenon Football Club. "Comme on est en zone rurale, on n'a pas de transports en commun, on est obligés de trouver des solutions..."
La solution trouvée, a été de proposer aux enfants, et à leurs parents, un système d'aide aux devoirs. Les jeunes licenciés scolarisés aux collèges de Créhen et de Plancoët peuvent venir au foyer du club directement après les cours, une heure avant l'entraînement.
Trois adultes sont là pour les encadrer : Morgane, une maman à la fois dirigeante au club et psychologue scolaire à l'Education nationale, Paco qui encadre aussi une équipe de jeunes, et une enseignante à la retraite, qui vient offrir son expérience.
"Ça permet de faire les devoirs dans cette heure-là parce qu'après l'entraînement, le repas, la douche, il est vite 20h, 20h30, et c'est un peu tard pour se remettre dans le travail scolaire" explique Morgane Mouguenet.
Attentifs, les élèves plébiscitent la formule à l'image d'Ewen et Raphaël : "Par exemple, lui, il a des facilités dans des domaines que moi je n'ai pas, et inversement..." Même discours pour Zoé qui n'hésite pas à demander à sa voisine quand elle bloque sur un problème de mathématiques.
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Quantité et qualité augmentées
Résultat, depuis dix ans, la fréquentation des entraînements a augmenté de 30% ! Les footballeurs sont plus nombreux et visiblement plus concentrés : "Moi ce que je pense, c'est que ça libère l'esprit pour le gamin qui joue l'esprit tranquille", constate l'entraîneur responsable des U12-U13, Jonathan Leveque : "Il n'a pas à se dire 'il me reste ça à faire une fois arrivé à la maison le soir'..."
Théorie confirmée par ceux qui pratiquent, ballon au pied : "Si on pense à notre exercice de maths, qu'on est en plein match, les autres ils attaquent et nous en défense, on ne va pas forcément aller directement sur le ballon, on va attendre un peu qu'il arrive..." détaille Erwan.
Une formule - gratuite c'est important de le noter - qui compte de multiples effets positifs. Car outre la fréquentation des entraînements qui augmente et la concentration des footballeurs qui jouent de façon plus libérée, les enfants semblent plus solidaires, peut-être aussi plus ouverts : "On est d'abord un club de foot, et on reste un club de foot. Mais on a un rôle de citoyenneté et d'éducation. Dans notre club, il y a une centaine de filles sur les 450 licenciés, explique Eddy Bertin, président du Plancoët Argenon FC. Lorsqu'ils font de l'aide aux devoirs, il y a aussi de la mixité. Les élèves ne viennent pas tous du même collège, donc il y a des classes, des niveaux différents... La vie en société c'est ça !"
Une aide aux devoirs que valide aussi complètement la principale du collège Chateaubriand, Pascale Absire : "Moi je trouve ça très intéressant parce qu'il y a une liaison entre le collège et le football. Surtout de l'émulation entre les jeunes. Certains sont scolaires, d'autres moins scolaires donc forcément les scolaires montrent l'exemple (...) Ceux qui ont plus d'habitudes, de méthodologies peuvent montrer leurs méthodes de travail aux autres..."

Le club ne s'en cache pas : en proposant l'aide aux devoirs, il espère une chose : "Les lycées sont à une vingtaine de kilomètres, donc quand ils vont partir dans ces établissements, s'ils ont un attachement profond au club, cette cohésion qui a été créée, ça les incitera peut-être plus à rester chez nous que d'aller voir d'autres clubs..." explique Guillaume Thomas, coordinateur technique au sein du club PAFC.
Ces jeunes footballeurs resteront-ils fidèles à leur club formateur ? L'avenir nous le dira. En attendant, à la fin de l'entraînement, les parents sont ravis. Ils récupèrent à 19h30, des enfants qui ont fait leurs devoirs, qui se sont bien dépensés. Après une telle journée, ils ne devraient pas tarder à tomber dans les bras de Morphée.