L'inquiètude des producteurs d'œufs bretons grandit. Les oeufs en batterie n'ont plus la cote auprès des consommateurs. La grande distribution envisage de ne plus les commercialiser d'ici 2025. La filière qui a beaucoup investi pour mettre aux normes les cages est aujourd'hui désemparée.
La Bretagne avec 20 millions de poules produit 6 milliards d’œufs, soit environ 40% de la production française. Alors qu'en France en 2015, 68% des éleveurs élevaient les poules en cage, contre 32% en production alternative (production au sol, en plein air ou en bio), ce ratio était de 80% en batterie et de 20% en alternatif en Bretagne. Des éleveurs qui se sont endettés pour une mise aux normes européennes "bien-être animal" en 2012.
Un changement de consommation
Mais depuis plusieurs années, les consommateurs changent progressivement leurs habitudes d'achat, se tournant petit à petit vers les productions alternatives. A ce phénomène, s'est ajouté le lobbying des associations de défense de l'environnement avec leurs slogans chocs très visuels et leurs pétitions pour demander la fin des poules en cage. Ces campagnes médiatiques ont, semble-t-il, fait mouche auprès des consommateurs qui se tournent vers des productions plus respectueuses des animaux mais aussi auprès des industriels, des biscuiteries et de quelques grandes enseignes qui ont fait savoir qu'ils ne voulaient plus d'ici 2025 d'oeufs issus de ce type d'élevage dans la composition de leurs produits ou dans leurs rayons.Une difficile équation pour les éleveurs
En 2011, Nicolas Dréano, éleveur de poules pondeuses conventionnel à Ploermel (Morbihan) a construit un bâtiment répondant aux nouvelles normes européennes. Un investissement de près de 2 millions d'euros avec un crédit sur 15 ans. Loin d'avoir amorti son investissement sur ses 80 000 poules en cage, il devrait déjà penser à réinvestir pour adapter son exploitation à une production en plein air pour répondre aux nouvelles demandes. Une situation difficile pour cet éleveur qui a du mal à accepter ce revirement de production et les efforts financiers colossaux que cela représente.Réinvestir pour changer son mode de production, des cages au plein air, c'est pourtant ce que propose la filière avicole pour une partie des éleveurs. Elle demande 100 millions d'euros d'aide à la grande distribution pour faciliter cette reconversion. L'objectif serait de ramener à 50% la production d'œufs en batterie, contre 70% aujourd'hui.
L'inquiètude des producteurs d'oeufs bretons grandit. Notre région fournit 40% de la production française. Problème : les oeufs en batterie n'ont plus la cote. La grande distribution a décidé de ne plus les commercialiser d'ici 2025. La filière qui a beaucoup investi pour mettre aux normes les cages est aujourd'hui désemparée.
Intervenant : Nicolas Dréano, éleveur de poules pondeuses conventionnel