Démission administrative : la dernière arme des médecins hospitaliers

Ce mardi matin, des médecins ont donné une conférence de presse à Paris. Ils y ont rappelé les difficultés de l'hôpital public et menacé de ne plus assurer les tâches administratives si la ministre de la Santé ne leur apporte pas rapidement de réponses. Parmi eux, des représentants bretons.

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" Les médecins, les infirmières, les aides-soignantes, on a tous des surcharges de travail incroyables. Les médecins peuvent cumuler 80 heures de travail par semaine," s'insurge le docteur Antoinette Perlat, responsable de l'unité fonctionnelle de médecine interne au CHU de Rennes. La colère gronde depuis des mois et le personnel hospitalier se sent abandonné par leur ministre. Alors le Dr Perlat, membre du collectif interhospitalier (CIH) a rejoint des collègues de toute la France pour une conférence de presse ce mardi matin à l'hôpital de la Pitié Salpêtrière à Paris. Ils ont rappelé à la ministre, Agnès Buzyn, leur intention de démissionner des tâches administratives avant la fin du mois si aucune solution ne leur est proposée. A Rennes, 44 médecins hospitaliers ont approuvé cette initiative, parmi eux sept chefs de service. A l'hôpital de Saint-Brieuc, ce sont 120 médecins sur 180 qui y adhèrent. Pour autant les soins continueront d'être assurés.

Cette méthode de protestation a déjà été utilisée à l'hôpital de Saint-Brieuc en 2018 lors d'un précédent conflit. "C'est efficace car les médecins siègent dans les instances de décision de l'hôpital. Donc s'ils s'abstiennent, c'est tout le système qui bloque," explique le docteur Christian Brice,  délégué régional de l'AMUF ( association des médecins urgentistes de France ) et urgentiste à l'hôpital de Saint-Brieuc. "Symboliquement, cette démission montre que les médecins en ont marre de cautionner cette politique de soins en apposant leur signature au bas de décisions qui détruisent leur outil de travail," poursuit Christian Brice.


"On espère être entendus"


A Rennes comme à Saint-Brieuc, les deux médecins dénoncent les mêmes maux : les salariés mal payés dans le public préfèrent se tourner vers le privé, entraînant un déficit chronique de personnel. " On est le 24è pays sur les 27 de l'OCDE en terme de niveau de rémunération des soignants," précise Christian Brice. Les docteurs Perlat et Brice pointent également le système de tarification à l'acte, abandonnant les soins les moins lucratifs au secteur public.

"En 2014, 500 000 soignants accueillaient 7 millions de patients à l'hôpital public. Aujourd'hui, on arrive à 420 000  soignants pour 9 millions de malades," poursuit l'urgentiste. Selon le collectif, 600 millions d'euros sont nécessaires en 2020 pour maintenir l'activité. Le gouvernement en propose 200 millions. " On espère être entendus, conclut le docteur Perlat. Agnès Buzyn a longtemps travaillé à l'hôpital. Elle connaît bien le sujet. " 
 
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