"Mur de la honte". 10, 20 ou 30 heures d'attente, des syndicalistes dénoncent les conditions d'accueil aux urgences de Brest

Une centaine de patients âgés ont passé parfois plus d'une trentaine d'heures sur des brancards aux urgences du CHU de Brest fin juillet, faute de places dans les services hospitaliers. Des situations dénoncées par le syndicat CGT qui en a dressé l'inventaire sur un "mur de la honte" affiché à l'extérieur du CHU ce mardi 13 août.

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"27/07/2024, Mme K, 91 ans, a passé 29 h sur un brancard". Quelques chiffres sur une feuille A4 qui disent le clavaire enduré par une patiente âgée admise aux urgences du CHU de Brest il y a quelques jours.

Ces données ont été affichées par les membres du syndicat CGT du centre hospitalier sur le parking des urgences sur ce qu'ils ont nommé "le mur de la honte". Car Mme K ne serait pas un cas isolé. 

Plus de 23 h sur un brancard en moyenne pour 127 patients âgés

En tout, le syndicat a recensé 127 patients âgés de plus de 75 ans qui ont passé en moyenne plus de 23h sur un brancard aux urgences entre le 10 juillet et le 7 août dernier.

Des patients "stockés" dans l'ancien parking des ambulances reconverti en salle d'attente des urgences depuis la crise COVID et qui peut accueillir jusqu'à 22 brancards. "C'est un peu mieux que dans le couloir, mais ce n'est pas du tout adapté, tempête Thomas Bourhis, secrétaire général de la CGT du CHRU Brest-Carhaix. Il n'y a pas de point d'eau, pas de service de restauration et surtout pas assez de personnel."

Trois postes (un brancardier, un aide-soignant et un infirmier) sont venus renforcer le service des urgences, mais seulement pendant la durée de la régulation de celles de Landerneau.

Objets de négociations avec la direction, les élus syndicaux de la CGT n'ont pas réussi à obtenir leur maintien jusqu'à la fin de l'été. 

Les délais d'attente avant la réalisation d'examens complémentaires ou l'admission dans certains services sont catastrophiques. C'est la conséquence d'une saturation en aval des urgences.

Thomas Bourhis

Secrétaire général de la CGT du CHRU Brest-Carhaix

Mais au-delà des tensions aux urgences, ces interminables durées d'attente seraient liées à la saturation de l'ensemble des services hospitaliers, selon la CGT. 

"Le problème se situe après la prise en charge des patients, explique Thomas Bourhis. Les délais d'attente avant la réalisation d'examens complémentaires ou l'admission dans certains services sont catastrophiques. C'est la conséquence d'une saturation en aval des urgences."

Une quinzaine de postes vacants en imagerie médicale

Selon ce représentant syndical, l'ensemble des services hospitaliers sont concernés. En particulier ceux de médecine et d'imagerie médicale. 

"Il y a quelques jours, un prêtre âgé qui était arrivé dans un état très dégradé est décédé sur un brancard après avoir attendu un scanner pendant près de 11 h, dénonce encore Thomas Bourhis. Ce n'est pas acceptable !"

Dans le service d'imagerie, une quinzaine de poste de manipulateur d'électroradiologie médicale sont vacants selon Thomas Bourhis. Un chiffre que la direction du CHU ne confirme pas.

En 2024, on n'observe pas des temps d'attente plus longs qu'en 2023.

Laurence Jullien-Flageul

Coordinatrice des soins au CHU de Brest

Laurence Jullien-Flageul, coordinatrice des soins au CHU de Brest, rappelle son côté que "l'activité aux urgences est une préoccupation quotidienne de la direction générale, que le nombre de patients pris en charge est continuellement surveillé" et assure : "en 2024, on n'observe pas des temps d'attente plus longs qu'en 2023."

38 lits d'hospitalisation disponibles en moyenne

Selon la coordinatrice des soins, "en moyenne 38 lits d'hospitalisation restent disponibles chaque jour". Des lits, selon elle, insuffisants seulement lors des pics des passages aux urgences, comme ce lundi 12 août où 181 passages ont été enregistrés contre 132 en moyenne cet été. 

Laurence Jullien Flageul ne confirme pas non plus les chiffres affichés par le syndicat CGT et estime que les durées d'attente importantes peuvent s'expliquer par la multiplication des examens pour certains patients. Des patients pris en charge dès leur arrivée par une infirmière dédiée à la régulation puis par un médecin urgentiste, rappelle-t-elle. 

Reste à rappeler qu'à l'échelle nationale, près 6700 fermetures de lits ont été enregistrées en 2022 et près de 80 000 en 20 ans. 

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