Une naissance inédite sur l'île de Sein : un bébé phoque, un blanchon, a vu le jour, mais l'absence de sa mère lui a été fatale. Cet événement met en lumière la grande vulnérabilité des jeunes phoques et l'importance de mesures de préservation. Une spécialiste livre ses recommandations pour éviter de compromettre leur survie.
La mer d'Iroise, territoire sauvage et préservé au large de la pointe bretonne, a récemment été le théâtre d'un événement inédit. Pour la première fois, un blanchon, un bébé phoque gris, a vu le jour sur l'île de Sein, dans le Finistère. La naissance a eu lieu début décembre 2024.
Naissance d'un premier bébé phoque sur l'île de Sein
Une naissance qui marque une étape significative dans l'expansion de cette espèce protégée sur nos côtes bretonnes. Toutefois, cette naissance est marquée par une fin tragique : le petit phoque a été observé sans sa mère. Faible, sans possibilité d’être allaité, ce bébé a dû être transféré au centre Océanopolis de Brest, où il n'a malheureusement pas survécu.
Une présence grandissante des phoques gris en mer d'Iroise
Le Parc naturel marin d'Iroise observe une augmentation des naissances de phoques gris, avec 32 blanchons recensés cette année.
Si l'archipel de Molène reste leur principal sanctuaire, cette première naissance sur l'île de Sein est une belle surprise. “La chaussée de Sein, entre l'île de Sein et le phare d'Ar Men, est un site récemment colonisé par les phoques, depuis 2014 environ. Jusque-là, aucune naissance n'avait été confirmée”, explique Cécile Gicquel, chargée du patrimoine naturel au parc marin d'Iroise.
Un blanchon fragile face aux dangers
Les bébés phoques, reconnaissables à leur pelage blanc soyeux, sont particulièrement vulnérables durant leurs premières semaines de vie. Ils restent à terre, sur les grèves de galets, où ils doivent se reposer et être nourri par leur mère avant d'acquérir l'énergie nécessaire pour affronter la mer.
Les mères abandonnent les petits en général au bout de trois semaines après leur naissance. “Ensuite, ils doivent se nourrir par eux-mêmes. La mortalité au cours de la première année est élevée, de l'ordre de 50 à 60 %”, précise Cécile Gicquel.
Si un phoque est dérangé, il retourne à l'eau, ce qui entraîne une perte d'énergie préjudiciable à sa survie.
Cécile GicquelChargée de mission au parc marin d'Iroise - OFB
Les spécialistes rappellent l'importance de ne pas approcher ces animaux. "Un phoque sur la plage est un animal qui a besoin de repos. S'il est dérangé, il retourne à l'eau, ce qui entraîne une perte d'énergie préjudiciable à sa survie", souligne l'experte. Il est conseillé de maintenir une distance d'au moins 100 mètres et de tenir les chiens éloignés. Les interactions humaines peuvent non seulement causer du stress, mais aussi favoriser la transmission de maladies.
L'expansion des phoques venus d'Angleterre et d'Irlande
Le phoque gris n'est pas un inconnu sur les côtes bretonnes. Depuis plusieurs années, les populations des Îles Britanniques, en forte augmentation, cherchent de nouveaux territoires. "Les sites de reproduction en Angleterre et en Irlande sont saturés, et les animaux se dispersent vers le sud, atteignant les Glénan et la côte bretonne", explique Cécile Gicquel.
L'archipel des Sept-Îles, au large de Perros-Guirec, accueille déjà une colonie qui est celle où l’on dénombre le plus de naissances en Bretagne, près de 90 par an. Les effectifs continuent de croître dans l'archipel de Molène et la Chaussée de Sein, avec près de 380 individus recensés cet hiver et une trentaine de naissances.
Le petit phoque de Sein, un espoir pour l'avenir
Malgré la perte du jeune phoque de l'île de Sein, cette naissance inédite ouvre de nouvelles perspectives pour la présence de l'espèce dans la région. “C'est peut-être la première d'une série de naissances à venir sur l'île de Sein”, espère Cécile Gicquel. Avec des efforts de sensibilisation et une vigilance accrue, les blanchons pourraient trouver un nouveau refuge sur nos côtes.
Le Parc naturel marin d'Iroise rappelle l'importance d'une cohabitation respectueuse entre les hommes et ces mammifères marins, symboles d'un littoral riche et préservé. Une présence qui, si elle est respectée, pourrait devenir un atout supplémentaire pour la biodiversité de la mer d'Iroise.
Conseils pratiques pour les observateurs
Il arrive qu'un jeune phoque paraisse seul ou abandonné durant la saison de reproduction. Toutefois, cela ne signifie pas nécessairement qu'il est en danger. Dans la majorité des cas, il est simplement en train de se reposer en attendant le retour de sa mère.
Pour observer ces animaux sans compromettre leur bien-être, il est important de suivre quelques recommandations essentielles :
- Lorsqu’un phoque redresse la tête et vous observe, ne vous approchez plus de celui-ci.
- Lorsqu’un phoque s’éloigne de vous ou s’approche du chenal (certainement pour préparer une fuite à l’eau), éloignez-vous calmement et reculez doucement
- Lorsqu’un phoque dérangé se met à l’eau, il peut revenir au même endroit : laissez-lui la place.
- Regardez autour de vous. Si vous êtes entre un phoque et son groupe, reculez.
- Respectez une distance de 200 mètres entre vous et les phoques
- Observez sans bruit les phoques.
- Si un animal paraît blessé, vous pouvez contacter l'observatoire Pelagis.