La faculté dentaire de Brest a décidé de former 40% d'étudiants en plus l'an prochain. Objectif : palier à la pénurie de dentistes dans le secteur. Le manque est tel que beaucoup de patients vont à... l'université, pour se faire soigner.
À Brest, pour beaucoup de patients, c’est devenu le seul recours pour se faire soigner : patienter, des heures parfois, pour être pris en charge par un dentiste.
"Il y a tout le temps du monde, matin, midi, fin de journée", regrette une jeune femme dans la file d’attente, à l’extérieur des urgences dentaires.
À quelques pas de là, un jeune homme a fait une heure et demie de route pour venir au CHU de Brest. Impossible de trouver un rendez-vous plus proche de chez lui. Il doit pourtant soulager sa rage de dents. "Ça fait presque deux ans que je cherche un dentiste et que je n’en ai plus, nous confie-t-il. J’en ai retrouvé un il y a peu de temps, mais le rendez-vous n’est que dans deux mois et je ne peux pas attendre plus longtemps".
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5 000 patients en 2020, 13 000 en 2024, les urgences dentaires saturées
À l’intérieur, le hall est bondé. Le service d’urgences dentaires est saturé. La fréquentation est passée de 5 000 à 13 000 patients par an, entre 2020 et 2024.
Certains jours, c’est près de la moitié des personnes qui se présentent qu’on ne peut pas prendre en charge.
Dr Arthur SchmouchkovithFaculté dentaire de Brest
"Hélas on est obligés de récuser, regrette le Dr Arthur Schmouchkovith, selon la fréquence, selon l’affluence, un bon nombre de patients. Certains jours, c’est près de la moitié des personnes qui se présentent qu’on ne peut pas prendre en charge".
Et si la solution passait alors par la formation ?
Dès la rentrée prochaine, 50 élèves prendront place dans cette salle de travaux pratiques. Soit 14 de plus que cette année.
"Il y a plus de dentistes qui partent à la retraite que de dentistes qui sortent de la fac, relève le Dr Camille Bossard. Donc ça paraît logique de former plus d’étudiants. Mais il faut quand même bien les former donc, il faut que, en regard de cette augmentation, il y ait des moyens matériels et des moyens qui soient mis en place pour maintenir cette qualité de formation".
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Un projet coûteux
L’université de Brest va devoir trouver 800 000 euros pour adapter les locaux à ces nouveaux étudiants. Un investissement indispensable pour éviter qu’ils ne partent étudier dans d’autres pays européens.
Tout le monde n’est pas capable de financer le voyage vers des pays où l'entrée à l'Université se fait sur dossier ou de payer les frais sur place.
Matthieu Le Masson, étudiant en 4e année d’ondotologie
"En France, vu le nombre d’étudiants par rapport au nombre de places, il y a un concours, précise Matthieu Le Masson, étudiant en 4e année d’odontologie. A l’étranger, c’est sur dossier et il y a aussi une somme à apporter. Tout le monde n’est pas capable de financer le voyage vers ces pays-là ou de payer les frais sur place".
Pourtant, 52% des nouveaux chirurgiens-dentistes inscrits à l’ordre cette année ont fait leurs études à l’étranger.
En augmentant la capacité d’accueil des étudiants, la faculté espère les retenir pour qu’ils s’installent en Bretagne.
(Avec France 2)