Mona avait choisi de profiter de ses congés pour aller prêter main forte à Paris, en manque de personnels pour faire face au coronavirus. L'infirmière contractuelle du CHRU de Brest, qui avait appris que son contrat à Brest ne serait pas renouvelé, va finalement être réembauchée.
"Dans ce contexte particulier, un imbroglio administratif doit être malheureusement constaté." C'est en ces termes que le CHU de Brest a reconnu vendredi son erreur vis à vis de Mona Ghergout.
L'infirmière contractuelle au CHRU de Brest, en congés "imposés" pendant deux semaines, avait décidé d’aller prêter main forte à ses collègues parisiens débordés par l’afflux de malades atteints par le Covid-19. Une démarche solidaire qui lui a d'abord coûté cher : Au sortir d'une nuit de garde particulièrement éprouvante à l'hôpital Lariboisière à Paris, la jeune femme découvre que l'hôpital de Brest a décidé de mettre fin à sa prochaine collaboration.
Des excuses écrites et un nouveau contrat de 3 mois
"L'imbroglio administratif, dont parle finalement vendredi la direction brestoise, s’est traduit par des ordres et contre-ordres s’agissant de la relation contractuelle entre Madame Mona Amraoui et le CHRU de Brest. Nous le regrettons très vivement."
Le CHRU de Brest a contacté l’intéressée pour lui présenter ses excuses et... finalement renouveler son contrat ! "La DRH directement m'a d'abord appelé puis envoyé un mail, reconnaît l'infirmière. Mon contrat devait être renouvelé le 17 mars. Finalement, c'est lundi 6 avril que débute mon prochain contrat pour une durée de trois mois."
"Mon combat a aussi servi à tous les employés du CHU puisque la direction va clarifier la situation concernant les "congés imposés" ou "astreinte". C'est donc une victoire personnelle, mais aussi collective."
Finis les congés et repos "forcés"
En effet, en parallèle, la direction a aussi procédé à une requalification des repos de tous les agents paramédicaux, soit environ 5.500 personnes sur les sites de Brest et Carhaix.
Avec la réorganisation de l’hôpital pour lutter contre l’épidémie, beaucoup d'entre eux, comme Mona, s'étaient retrouvés contraints de rester chez eux, obligés de prendre des congés ou des jours de repos forcés, tout en restant à disposition de l'établissement et de rester à proximité. "Quand on est en congé, ou en repos, on n'est pas à disposition de l'employeur, il y avait incohérence !" explique Thomas Bourhis, de la CGT.
Vendredi matin, la direction de l’hôpital a finalement requalifié ces repos forcés en "autorisations spéciales d’absence" sans incidence sur les droits à congés et repos des agents. La situation est maintenant clarifiée : les agents en congés, ne seront pas mobilisables. Ceux en "autorisation spéciale d'absence" sont absents mais rémunérés, sans incidence sur leurs congés ou repos, mais à disposition si nécessaire...
"C'est un compromis tout à fait logique dans cette période, complète Thomas Bourhis. "Cette décision est légitime puisque les personnels hospitaliers, qui sont en première ligne de la lutte contre l'épidémie et prennent des risques pour leur propre santé, reste à disposition de l'employeur et en position d'être rappelés à tout moment, même quand il ne sont pas en travail effectif.
"Dommage, finit Mona, qu'il ait fallu tant de bruit, pour en arriver là."