Le Parti socialiste et La France insoumise sont parvenus à un accord politique, ce mercredi, en vue des prochaines législatives. Dans les fédérations PS du Finistère et des Côtes-d'Armor, les réactions à cette coalition divergent.
Après deux jours et deux nuits de négociations, un accord a été conclu entre le Parti socialiste (PS) et La France insoumise (LFI) ce mercredi, sur la répartition des circonscriptions en vue des prochaines législatives.
"On parle de 70 circonscriptions, précise Tristan Foveau, secrétaire fédéral du PS dans le Finistère et vice-président de Brest-Métropole. Ce qui est déjà mieux que ce qui était proposé à l'origine, à savoir 34 circonscriptions à la proportionnelle du résultat de la présidentielle".
"S'unir, ce n'est pas se dissoudre"
Le plus dur semble donc fait. En théorie. "Je suis à l'aise avec cette idée d'une coalition de la gauche, explique Tristan Foveau. S'unir, cela ne veut pas dire se dissoudre dans LFI. Dire le contraire, c'est avoir le même niveau d'argument que les chars russes aux portes de Paris lors de l'élection de Mitterrand en 1981".
Entre Richard Ferrand et Jean-Luc Mélenchon, j'ai choisi mon camp
Tristan Foveau, secrétaire fédéral PS du Finistère
Le secrétaire fédéral du PS finistérien, qui a pris sa carte en 2017, ne cache pas sa lassitude face aux sorties médiatiques des ténors du parti. "Ces gens-là, qui n'ont pas ou très peu participé aux travaux collectifs du PS depuis cinq ans, qu'ont-ils fait pour redresser la barre sur le fond ? Rien ! Alors, leurs états d'âme, qu'ils les gardent pour eux. Entre Richard Ferrand et Jean-Luc Mélenchon, j'ai choisi mon camp".
Avec ce ralliement du PS à la Nouvelle union populaire écologique et sociale (NUPES), la fédération du Finistère doit se préparer aux grincements de dents de ceux et celles qu'elle a déjà mis aux avant-postes des 1ère, 2e 4e 5e et 8e circonscriptions. Il n'y aura pas de place pour tout le monde. En particulier dans la 2e circonscription à Brest où la candidature NUPES sera défendue par Pierre-Yves Cadalen, présent au second tour des législatives 2017.
"Consulter la base avant de signer"
Reste que l'accord politique avec LFI, déjà paraphé par Europe-Ecologie-Les Verts (EELV) et le Parti communiste (PC), doit être validé par le Conseil national (CN) du PS qui se réunira ce jeudi à 19h, au siège du parti à Ivry et en visio. "Je respecterai la décision du CN" indique Tristan Foveau qui ira défendre la position de la fédération du Finistère.
On ne sacrifie pas les siens sur l'autel d'un accord parisien
Vincent Le Meaux, secrétaire fédéral du PS des Côtes-d'Armor
Le timing est toutefois serré pour prendre le pouls de l'ensemble des adhérents. "Et c'est bien ce qui est problématique, relève Vincent Le Meaux, secrétaire fédéral du PS des Côtes-d'Armor et maire de Plouëc-du-Trieux. Consulter la base avant le CN, c'est la base. Je refuserai de donner un quitus sans avoir l'avis des militants costarmoricains. On ne sacrifie pas les siens sur l'autel d'un accord parisien".
Le président de l'agglomération de Guingamp-Paimpol sait qu'il n'est pas sur "la même ligne" que ses homologues des autres fédérations socialistes bretonnes. "S'unir avec les Verts et le PC, d'accord. Je m'interroge sur une union avec LFI qui, depuis dix ans, considère le PS comme l'ennemi politique numéro un. Le PS, c'est 117 ans d'histoire et des valeurs que l'on ne peut pas brader en trois jours". Et de lâcher en breton " re zo re !" ("trop, c'est trop").
Vincent Le Meaux, qui s'est positionné pour les législatives sur Lannion-Paimpol, envisage de réunir un conseil fédéral en urgence. "Je veux entendre la voix des socialistes de tous les territoires des Côtes-d'Armor, dit-il. Si les militants estiment que cet accord est bon, je saurai en tirer les conclusions". Partir ou rester ? "Ça, c'est moi qui le déciderai, affirme-t-il. Personne ne me mettra à la porte. C'est à moi seul de me poser la question de ma place au PS".
6 circonscriptions en Bretagne ?
"S'adapter sans se renier", voilà ce que dit en substance la secrétaire de la section socialiste de Châteaulin. Clarisse Réalé estime que "les divergences ne sont pas impossibles à surmonter. S'unir, on n'a pas le choix, constate-t-elle. Notre identité socialiste est là et le sera toujours".
A Morlaix, Yvon Laurans est plus réservé. "Je suis au PS car je suis profondément européen, indique le secrétaire de la section socialiste morlaisienne et adjoint au maire de Morlaix. J'attends d'avoir l'accord global entre les mains pour me prononcer. L'aspect des législatives, c'est une chose, mais il y a le reste aussi".
Il reconnaît que "l'union à gauche est indispensable, c'est d'ailleurs ce que nous avons fait aux municipales pour prendre la mairie, note-t-il, mais je ne serai jamais LFI".
Cette coalition ne fera pas de moi une insoumise
Florence Crom, élue PS à Douanenez
Du côté de Douarnenez, Florence Crom, conseillère municipale socialiste, regarde d'un oeil plutôt "favorable" le ralliement à la Nouvelle union populaire écologique et sociale. "Cette coalition ne fera pas de moi une insoumise, prévient l'élue douarneniste, mais on ne peut qu'entendre le message du premier tour de la présidentielle. Ça va être douloureux car cela rebat un certain nombre de candidatures PS aux législatives, mais si on veut infléchir les choses et cesser avec cette gouvernance Macron, l'union s'impose".
70 circonscriptions législatives pour le PS sur 577, "ça veut dire quoi ?, demande Vincent Le Meaux. Deux voire trois pour le PS en Bretagne ? Et lesquelles surtout".
Selon une information donnée par RMC, le PS breton obtiendrait 6 circonscriptions : les 3e et 8e en Ille-et-Vilaine, les 5e et 6e dans le Finistère, la 2e dans les Côtes-d'Armor et la 1ère dans le Morbihan.