Le jeune homme est décédé ce jeudi après avoir été violemment agressé par des skinheads mercredi soir. Il était originaire de Brest et étudiait en première année à Sciences-Po à Paris.
Mercredi soir, le jeune homme a été agressé par un groupe de skinheads près de la gare Saint-Lazare.Il a été frappé puis il a "valsé contre un poteau" en fonte selon un témoin. Clément Méric était depuis en état de "mort cérébrale". Il est décédé jeudi dans la journée.
Qui était Clément Méric ?
Le jeune homme âgé de 18 ans était arrivé en septembre à Paris. Fils de deux professeurs de droit de la faculté de Brest, il avait obtenu un bac S avec mention très bien après avoir passé sa scolarité au lycée de L'Harteloire à Brest. Le jeune homme y était déjà connu pour son engagement à gauche. Selon nos confrères de France Inter, "il avait commencé à militer dès la seconde. Il a laissé à ses professeurs le souvenir d'un jeune brillant intelligent, sérieux, très engagé notamment au moment de la réforme des lycées". Jean-Jacques Hillion, proviseur du lycée brestois, décrit un "élève qui a marqué un petit peu son passage dans l'établissement, par ses résultats et l'engagement qu'il avait avec ses camarades. C'est quelqu'un qui était impliqué dans l'établissement, un élève respectueux du règlement avec lequel nous n'avions eu aucun problème.""J'ai le souvenir d'un gamin que j'ai eu plusieurs fois dans mon bureau", se souvient encore le proviseur qui évoque un lycéen "capable de mobiliser ses camarades". Clément militait aussi à Brest à la Confédération nationale du Travail (CNT), mouvement anarcho-syndicaliste.
Vous pouvez écouter le reportage à partir de 9.39
L'Association Antifasciste Paris-Banlieue a également révélé que le jeune homme se relevait d'une leucémie.
#aapb "Clement se relevait d'une leucémie, c'était pas un monstre de guerre" #clementmeric
— Nicolas Chapuis (@nicolaschapuis) 6 juin 2013
Il était élève en 1ère année à l'IEP de Paris où il militait au sein du syndicat Solidaires Etudiant-e-s (anciennement Sud Etudiants). "Il portait tout le temps son badge antifasciste", précise un étudiant de première année comme lui. "C'était un militant qui était tout le temps là. Il tractait contre les fascistes, pour le droit des étrangers, pour l'égalité hommes-femmes", ajoute Adrien de 5e année qui le connaissait. "Il avait des engagements très divers" antifasciste, anticapitaliste, antihomophobie avec Act-Up au cours des derniers mois, a précisé Claire Cosquer, militante Solidaires Sc-Po.Il avait notamment participé ces derniers mois à plusieurs actions pour dénoncer la recrudescence de propos homophobes. Le 17 avril, en marge d'une manifestation de la Manif pour tous, il faisait parti d'un petit groupe d'étudiants brandissant une banderole "L'homophobie tue" et criant "Pas de fachos dans nos quartiers, pas de quartier pour les fachos". "C'était quelqu'un de ferme dans ses convictions mais il n'était pas agressif. On pouvait s'engueuler en Assemblée générale et le lendemain il disait bonjour normalement", explique Raphaëlle Remy-Lele, une étudiante qui milite à l'Unef et qui l'a fréquenté.
Selon une source policière, il était connu des services spécialisés comme appartenant à un groupe de militants d'extrême gauche qui recherchaient la confrontation avec des militants d'extrême droite, notamment la vingtaine de skins constituant le noyau dur des JNR (Jeunesses nationalistes révolutionnaires, groupuscule radical), avec qui ils "jouaient à cache-cache et se cherchent depuis quelque temps".
Outre ses engagements syndicaux et antifascistes, Clément Méric était, d'après ses proches, un amateur de musique, végétalien et anti-spéciste (qui s'oppose à l'exploitation et à la consommation des animaux par les êtres humains). Il était également un fervent supporter de l'équipe de foot du Red Star à Saint-Ouen et un habitué des tribunes du Stade Bauer: le collectif Red Star Bauer, qui rassemble des indépendants très actifs, lui a d'ailleurs rendu hommage jeudi.