Parlez-vous breton sans le savoir ? Dans le cadre de la semaine des langues régionales, petit tour d'horizon de ces mots français que l'on doit au breton. Selon le linguiste Nicolas Buanic, il y en aurait au moins 170. Certains sonnent très breton comme "biniou", mais d'autres beaucoup moins. Avec parmi les perles, "le bijou".
On peut n’avoir jamais mis les pieds en Bretagne et baragouiner breton de son plein gré. Il suffit de prononcer "dolmen" ou "menhir" et l’on fait déjà le voyage. Mais dans le vocabulaire de Mr et Mme Tout- le-monde, on croise aussi tous les jours des mots qui a priori ne sonnent pas très breton, mais qui pourtant le sont. Et ça se bouscule, une véritable "cohue".
Pour ce linguiste, 170 mots minimum
Pour s’en convaincre, et la Semaine des langues régionales était l’occasion toute trouvée, il suffit de pousser la porte du linguiste Nicolas Buanic, auteur avec son frère Serge, des "Mots bretons dans la langue française".
"Un jour, explique l’auteur, mon frère m’a demandé combien il y avait de mots français tirés du breton ? Je ne savais pas, je savais juste ce qu’en disait la réputée "Grammaire française" de Grévisse, qui en recense une quinzaine. Ça ne nous paraissait pas beaucoup, alors on s’est mis à chercher. Et l’on est arrivé à 170. Et l’on s’est dit que ça valait bien un livre".
Alors bien sûr, il y a des mots français qui qualifient des singularités bretonnes, comme le "biniou" par exemple. "Mais d’après notre calcul, explique Nicolas Buanic, c’est une minorité. Un terme sur sept seulement désigne une réalité propre à la Bretagne".
Le goémon, la cohue, le balai
Les autres se rapportent à des notions universelles. Et l'auteur de citer notamment le "goémon", qui vient de "gwemon", le "goéland" de "gwelan", qui signifie aussi pleurer, rapport au cri de l’oiseau marin.
Mais d’autres sont encore plus inattendus. Comme la "cohue", qui vient de "koc’hu", à prononcer "coru", et "qui en breton veut dire la halle, là où se fait le commerce. Et comme on y trouve beaucoup de monde, en français, c’est devenu la bousculade"
"À ranger aussi parmi les termes français venus du breton, le balai. Qui vient de "balan", qui désigne le genêt, avec lequel au Moyen-Âge, on fabriquait les balais."
Et pour finir, un bijou
Pour finir en beauté, sans doute l’une des plus jolies perles du catalogue : le "bijou", de "bizoù" en breton, la bague que l’on passe à son doigt."
"Si en tout, on en a recensé 170, souligne encore Nicolas Buannic, la liste n’est sans doute pas exhaustive. Il en manque certainement".
Le breton n’a jamais dit son dernier mot.
(Avec Julien Le Bot)