Face aux assauts de l'océan et aux risques de submersion, la commune de Treffiagat dans le Finistère sud, soutenue par l'État, a décidé le rachat des habitations les plus exposées. La Préfecture fait le point pour ce partenariat inédit, visant à anticiper et à prévenir les conséquences du dérèglement climatique et de l'élévation du niveau de la mer.
C'est une première ! La petite commune de Tréffiagat, avec la communauté de communes du Pays bigouden sud et l'État, ont décidé d'agir ensemble pour anticiper l'érosion du littoral et l'augmentation du niveau de la mer. Après de nombreux travaux de protection engagés ces dernières années et qui se sont avérés assez inefficaces, c'est une solution "douce", la "stratégie du repli", qui a finalement été choisie. Une solution envisagée dès 2019 et qui, selon la Préfecture, "s’est révélée comme la plus pertinente sur le long terme."
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Rachat de sept habitations pour destruction
Treffiagat prévoit, en effet, de racheter de façon préventive sept habitations du quartier de Lehan, particulièrement exposées, situées directement sur le littoral et de les détruire. Leur protection à court terme n'étant plus assurée, c'est ce que font valoir les collectivités. L'espace redevenu libre sera alors "rendu à la nature".
Une opération, précise la Préfecture, en accord avec les propriétaires de ces maisons, qui, pour deux d'entre elles, sont des résidences secondaires et dont l'une est inoccupée. Ces propriétaires seront indemnisés et accompagnés pour leur relogement. Selon les collectivités, ce projet est "une réponse opérationnelle et immédiate aux particuliers inquiets face aux évènements dont l’intensité et la fréquence augmentent du fait du dérèglement climatique".
Le budget de l'opération se chiffre à trois millions d'euros. Un projet financé par le Fonds de Prévention des Risques Naturels Majeurs (FPRNM) à hauteur de 50%, par le Fonds Vert (pour le climat), dispositif de l'État pour accélérer la transition écologique dans les territoires, pour 30% et enfin par la communauté de communes, à hauteur de 20 % (avec le budget Gemapi : gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations).
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"Un système de trois digues en arrière du littoral"
La commune a, en parallèle de cette acquisition, décidé de détruire l'ancienne digue défaillante qui protégeait ces habitations. L'objectif est d'en construire trois nouvelles, dans l'espace laissé libre par la destruction des habitations. Des constructions, en recul du littoral, pour mieux protéger les zones urbanisées de la submersion marine. Le projet prévoit ainsi "l'aménagement d’un système d’endiguement "doux", en terre, d'une hauteur raisonnable, avec un impact paysager étudié et une implantation optimisée en fonction du milieu naturel." Coût prévu de ces aménagements à venir, 4,7 millions d'euros.
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Cordon dunaire fragilisé et travaux de protection inefficaces
Le littoral, à cet endroit, fait partie d'un cordon dunaire, avec à l'arrière d'anciens marais asséchés et aujourd'hui en partie urbanisés. Un site fréquemment et depuis longtemps assailli par les vagues. Des ouvrages de protection ont donc été construits très tôt, surélévation de la dune, aménagement de digues, d'enrochements, des plantations d'oyats ou des installations de pieux.
Ces dix dernières années, les travaux n'ont ainsi pas cessé, pour un coût de plus d'un million d'euros au total, en partie financés par l'État. Des travaux, qui face à la fréquence et à la violence des tempêtes désormais, se sont avérés inefficaces.